Africa Defense Forum

Les responsables africains de la sécurité cherchent des moyens d’arrêter le flot illicite des armes légères et de petit calibre

PERSONNEL D’ADF

Les responsables africains de la sécurité se joignent à l’effort mondial visant à mettre fin au flot illicite des armes légères et de petit calibre qui incitent tant de violence et tourmentent les pays du continent.

Pendant des réunions à Nairobi (Kenya) et Lomé (Togo), les chefs de la sécurité ont aidé à établir la fondation d’une stratégie internationale pour contrôler les mouvements des armes légères et de petit calibre (ALPC) afin de réduire leur disponibilité.

« Le commerce illicite des petites armes ne connaît aucune frontière et ne respecte aucune loi, ce qui exige que nous renforcions nos efforts collaboratifs au niveau régional aussi bien qu’international », a déclaré Raymond Omollo, principal secrétaire de l’Intérieur du Kenya, à une réunion régionale organisée en avance de la quatrième Conférence d’examen des Nations unies, prévue en juin et visant le développement d’un système pour identifier et tracer les ALPC.

La quatrième Conférence d’examen se concentrera sur la mise en œuvre de l’instrument de traçage international de 2005 des Nations unies qui demande que chaque arme ALPC porte des détails d’identification uniques et que les pays maintiennent des relevés des armes à l’intérieur de leurs frontières.

L’expérience du Kenya montre la gravité du problème des ALPC en Afrique, et offre aussi une solution potentielle.

Selon le gouvernement kényan, la plupart des armes qui entrent sur le marché illégal du Kenya proviennent en faible volume des pays voisins par l’intermédiaire des petits marchands. Grâce à la mise en commun des renseignements et à la coopération multi-agences, les agences de la sécurité nationale du Kenya ont fait diminuer la menace des ALPC et devancent souvent les criminels, selon un rapport gouvernemental présenté à l’Office des Nations unies sur les drogues et le crime.

La prochaine conférence internationale sera la toute dernière tentative d’atténuer l’influence des ALPC en Afrique. Les leaders continentaux ont conçu au moins six protocoles régionaux ou continentaux, conventions ou cartes routières visant à freiner les ALPC, en commençant par la Déclaration de Bamako de l’Union africaine sur une position commune africaine concernant la prolifération, la circulation et le trafic illicites des armes légères et de petit calibre en 2000.

L’effort le plus récent, adopté à Lusaka (Zambie) en 2016, déclarait l’intention « de réduire au silence les fusils d’Afrique » en date de 2020. Christopher Kayoshe, chef intérimaire de la division de la réforme du secteur de la sécurité/désarmement, démobilisation et réintégration de l’UA, a déclaré à la conférence de Nairobi que le but « de réduire les fusils au silence » avait été reporté jusqu’en 2030.

Les Nations unies déclarent que les pays africains sont inondés par plus de 40 millions d’armes illicites légères et de petit calibre, la plupart importées. Près de 80 % ne sont ni enregistrées ni marquées, ce qui rend difficile leur traçage par les enquêteurs, selon la Commission de l’UA et le Small Arms Survey.

Les armes de petit calibre sont, par définition, des armes telles que les fusils ou les pistolets qui peuvent être transportées et utilisées par une seule personne. Les armes légères incluent les mortiers, les canons antiaériens et armes similaires, portables par les humains et qui nécessitent une équipe de deux opérateurs ou plus.

Les experts déclarent que les armes ALPC sont utilisées dans de nombreux conflits africains, depuis les insurrections au Sahel, jusqu’à plus de 100 groupes luttant pour le même territoire dans l’Est de la République démocratique du Congo, au banditisme et aux disputes territoriales du Kenya, du Nigeria et au-delà.

« Dans ce panorama géopolitique plein de risques multi-niveaux, la prolifération illicite, le détournement et l’abus des armes légères et de petit calibre sont des facteurs majeurs qui contribuent à la permanence d’une grande partie de la souffrance humaine que nous constatons dans le monde », a déclaré Izumi Nakamitsu, chef onusien du désarmement, à la conférence de Nairobi.

Les frontières poreuses et l’application laxiste des lois facilitent le flux des armes d’un pays à un autre et d’un groupe à un autre, selon les responsables de la sécurité. C’est pourquoi les experts disent qu’un contrôle plus serré des frontières et une meilleure coopération transfrontalière doivent faire partie du plan visant à freiner le flot des ALPC.

Les responsables de l’UA engagent des débats au sujet d’une politique pour assurer que le continent adopte une approche unifiée à la prolifération des ALPC. Selon eux, le programme nécessite de l’argent et de nouvelles technologies pour le traçage des armes, de la source aux utilisateurs finaux.

Les chefs de la sécurité examinent à la conférence de Nairobi des offres de technologie qui peuvent améliorer le processus de traçage des armes vers leur source, et celui de la séparation entre les armes illicites et celles qui sont légitimes.

« Les armes légères et de petit calibre continuent à causer un carnage dans les communautés, à alimenter les conflits, à saper la paix et la stabilité, et à entraver le développement socio-économique sur le continent africain », ajoute M. Omollo.

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