Africa Defense Forum

Le Nigeria montre que la technologie émergente peut aider à protéger ses eaux

PERSONNEL D’ADF

Neuf membres de l’équipage d’un chimiquier naviguant entre la Côte d’Ivoire et le Cameroun ont été enlevés par des pirates en janvier, alors que le navire se trouvait près du littoral de la Guinée équatoriale.

La piraterie est l’un des nombreux crimes maritimes qui prédominent dans le golfe de Guinée et les observateurs déclarent que les technologies émergentes peuvent être utiles aux pays s’efforçant de protéger leurs eaux.

Un exemple en est le Nigeria : jadis désigné comme un point sensible de la piraterie par le Bureau maritime international (BMI), le pays a investi dans une infrastructure basée sur la technologie qui l’a aidé à affronter la piraterie, la pêche illégale, le vol du pétrole, le trafic des stupéfiants et des armes, et d’autres crimes.

« La Marine nigériane a constamment acquis de nouvelles ressources et a amélioré encore plus ses capacités pour maintenir une flotte vaste et active, très loin de ses eaux territoriales », a déclaré le contre-amiral Awwal Gambo, à l’époque chef d’état-major de la Marine, selon un reportage de 2022 dans The Guardian.

Au cours des trois dernières années, le Nigeria a déployé le système RMAC (Capacité de sensibilisation maritime régionale) et le système Falcon Eye de sensibilisation au domaine maritime.

Le RMAC reçoit, intègre et distribue les données des capteurs et des systèmes, notamment les radars de surveillance maritime et aérienne, les assistants de navigation GPS, le système d’identification automatique (SIA), les caméras et la technologie Automatic Dependent Surveillance-Broadcast. D’autres outils pourraient inclure les données de drone et celles du suivi satellitaire.

Falcon Eye utilise un certain nombre de radars, de systèmes électro-optiques et de caméras gérés à partir d’un centre de commandement pour surveiller les eaux du pays et tracer les mouvements des navires dans la région. L’ancien vice-président nigérian Yemi Osinbajo a mis en service Falcon Eye en 2021.

Le système « permettra à la Marine nigériane [de] générer une image de renseignement exhaustive des activités au sein de notre environnement maritime pour une analyse plus approfondie avant d’envoyer un navire de la Marine nigériane, si cela s’avère approprié, pour des opérations d’interdiction, d’investigation et/ou d’arrestation ultérieure des vaisseaux errants », a déclaré le vice-président dans un reportage de defenceWeb. « Il permettra aussi à la Marine nigériane de combattre efficacement tout crime maritime qui perturberait la conduite du commerce maritime. »

Ifesinachi Okafor-Yarwood, maître de conférences à l’université de St Andrews au Royaume-Uni, note dans The Conversation que le Nigeria a lancé en 2022 le projet Deep Blue, approche pluridimensionnelle pour confronter la piraterie. Le projet de 195 millions de dollars réunit une combinaison de navires, aéronefs et drones pour patrouiller les voies navigables bien fréquentées au large du littoral du Nigeria.

Parmi les autres technologies employées pour contrer les crimes en mer, on compte :

* Le système Yaris (système d’information régional de l’architecture de Yaoundé), outil de surveillance numérique sécurisé, développé grâce à des partenariats avec le réseau inter-régional du golfe de Guinée de l’Union européenne, qui améliore la capacité des échanges d’information transparents.

* SeaVision, outil de sensibilisation au domaine maritime qui aide les professionnels d’un centre des opérations à traquer les navires en mer. Cet outil créé en 2012 par les États-Unis est utilisé par 25 pays africains environ.

* Skylight, outil de surveillance maritime qui traque les navires de pêche en temps réel et alerte les autorités en cas de comportement suspect.

* Global Fishing Watch, plateforme qui présente les données des SIA et des systèmes de surveillance de navire (VMS) sur ses outils de portail de navires transporteurs et de visualiseur de navires pour aider les autorités à identifier et analyser les opérations de pêche dans leurs eaux.

Dans beaucoup de zones, il est interdit aux navires d’éteindre leur SIA, lequel transmet les données d’identification du navire plusieurs fois par minute, ou leur VMS, qui traque les vaisseaux des industries de transport maritime et de pêche. Mais beaucoup de navires engagés dans des activités suspectes éteignent ces systèmes pour éviter leur détection. Ceci s’appelle « l’obscurcissement ».

Des innovations technologiques récentes, telles que le radar à synthèse d’ouverture (RSO) et la suite de radiomètre à imagerie infrarouge de vaisseau (VIIRS), peuvent aider à éclairer les activités d’un vaisseau obscurci, comme le notent le Dr Okafor-Yarwood et d’autres experts dans Marine Policy, un journal qui étudie les politiques des océans.

Le RSO est une version plus avancée des radars traditionnels et peut observer des zones dans toutes les conditions météo à tout moment. Il peut être utilisé dans les zones où les navires mettent leur système de localisation hors service.

La VIIRS recueille des images visibles et infrarouges et des observations globales de la terre, de l’atmosphère et des océans. Elle peut aider à identifier les navires qui utilisent illégalement des feux pour pêcher pendant la nuit.

Le Dr Okafor-Yarwood déclare que les pays du golfe de Guinée peuvent tirer profit d’une coopération et d’une collaboration pour affronter les défis de la sécurité maritime.

« La technologie peut jouer un rôle crucial pour cela, écrit-il dans The Conversation. Mais il est vital que les pays améliorent leur savoir-faire technologique et assurent que les partenaires externes et les entreprises emploient les services technologiques disponibles. Ceci serait un pas de géant vers un environnement maritime sécurisé et collaboratif. »

Comments are closed.