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Avec son envoyé, l’UA œuvre pour combattre le génocide et la haine

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PERSONNEL D’ADF

L’Union africaine a nommé Adama Dieng, expert sénégalais des droits de l’homme, à une position nouvellement créée : envoyé spécial pour la prévention du génocide et des atrocités massives. C’est une fonction intimidante, étant donné les conflits violents qui font rage sur le continent.

L’annonce a été faite le 7 avril, journée où les leaders du continent et du monde entier se réunissent pour réfléchir gravement et observer l’anniversaire du génocide rwandais de 1994.

Normalement, le président de l’Union africaine Moussa Faki commémore l’événement au siège social de l’UA à Addis-Abeba (Éthiopie). Mais cette année, il a participé à la cérémonie du 30ème anniversaire à Kigali, la capitale du Rwanda.

Il a reconnu le rôle de la communauté internationale dans le massacre de 100 jours qui a tué 800.000 personnes, pour la plupart des membres de l’ethnie minoritaire des Tutsis, mais aussi un grand nombre de Hutus modérés.

Il a déclaré que le non-intervention avait déclenché un sentiment de honte persistant et que « personne, même pas l’Union africaine, ne pouvait s’absoudre de son inaction ».

« Ayons le courage de le reconnaître et d’en assumer la responsabilité. »

L’UA a démontré son engagement à combattre le génocide, les discours haineux et autres crimes contre l’humanité en nommant M. Dieng comme premier envoyé spécial pour la prévention du génocide et des atrocités massives.

La position a été annoncée par le Dr Monique Nsanzabaganwa, présidente adjointe de l’UA, lors de la cérémonie du 7 avril à Addis-Abeba dans le cadre du programme de l’organisation pour combattre l’idéologie de la haine et le génocide sur le continent.

« Il sera l’ambassadeur de l’Union africaine aux fins de propager l’évangile de la paix et de la tolérance sur le continent, dans le but d’empêcher le génocide, les discours haineux et les autres crimes associés, dans tous les états membres de l’Union africaine », a-t-elle dit en lisant une déclaration de M. Faki.

Dieng, ex-greffier de la Cour suprême du Sénégal, a des liens profonds avec les conséquences du génocide rwandais. En janvier 2001, le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan a nommé M. Dieng comme greffier de la Cour pénale internationale pour le Rwanda. Il a aussi servi comme conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU sur la prévention du génocide de 2012 à 2020 et a fourni ses services d’expert des droits de l’homme au Soudan en 2021.

Les longs antécédents de M. Dieng seront bien utilisés, car plusieurs conflits africains se sont accompagnés d’atrocités, de crimes de guerre et d’abus des droits de l’homme. Des allégations de génocide continuent à être lancées dans la région soudanaise du Darfour, tourmentée par la guerre civile depuis un an.

Dans un éditorial du journal The Guardian, il écrit : « L’humanité est de nouveau soumise à l’épreuve. Nous abandonnons spectaculairement non seulement le peuple du Soudan mais aussi ceux qui œuvrent pour la paix. Étant donné ce qui se passe aujourd’hui au Soudan, il est évident que l’humanité n’a rien appris au Rwanda, au Kosovo ou ailleurs. »

La discrimination et des torrents de discours haineux ont alimenté les conflits ethniques imbriqués de l’Éthiopie, qui s’étendent de la violence sporadique à la guerre ouverte. Certains analystes estiment que le nombre de décès de la guerre du Tigré a atteint près d’un million en deux ans, et les accusations de nettoyage ethnique n’ont pas été entièrement investiguées.

La partie Est de la République démocratique du Congo (RDC) est un autre foyer de conflit violent qui se décline souvent selon les démarcations ethniques. En 2023, M. Dieng a fait appel au gouvernement pour aider à mettre fin à la persécution ciblée des ressortissants congolais d’origine tutsi.

« Dans l’Est de la RDC, il y a des antécédents de sentiments anti-tutsi dangereux et de rhétorique qui prennent pour cible les gens qui parlent le Kinyarwanda, perçus depuis longtemps comme des “étrangers” ou des “envahisseurs” en RDC », a-t-il écrit dans une lettre.

Au Rwanda voisin, il y a plus de 200 monuments qui commémorent le génocide, et de nouveaux charniers continuent à être découverts.

Lors de la cérémonie de Kigali le 7 avril, le président rwandais Paul Kagame a allumé une flamme de souvenir et déposé une couronne dans un site de commémoration où les dépouilles mortelles de 250.000 victimes du génocide sont enterrées.

« Notre parcours a été long et difficile, a-t-il dit. Les leçons que nous avons tirées sont gravées dans le sang. »

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