Africa Defense Forum

Les attaques soutenues par l’Iran forcent les navires à éviter de toute urgence la mer Rouge

PERSONNEL D’ADF

Le Zim Europe battant pavillon libérien a été le premier cargo à changer de direction.

Ce navire de la société ZIM en route pour la Malaisie a changé de cap après avoir pénétré en mer Méditerranée sur une longue distance ; il a retracé sa route pour franchir à nouveau le détroit de Gibraltar et entrer dans l’Atlantique, en se dirigeant vers le cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud.

Avec l’appui de l’Iran, les militants houthistes du Yémen terrorisent le Sud de la mer Rouge et le golfe d’Aden depuis la fin novembre 2023. Ils ont lancé une série d’attaques et de raids par missiles et par drones contre les cargos et autres navires. De ce fait, un nombre croissant de vaisseaux évitent la région en contournant le continent africain.

ZIM a confirmé qu’elle évitait les zones de risque en changeant de route pour contourner le Cap.

« Étant donné la menace pesant sur la sécurité du transit du commerce mondial en mer d’Arabie et en mer Rouge, ZIM prend  temporairement des mesures proactives pour assurer la sécurité de ses équipages, ses navires et les cargaisons de ses clients en réacheminant certains de ses navires », a déclaré la société de transports maritimes.

« À cause de ces mesures, nous anticipons des temps de transit plus longs liés aux services associés de ZIM, bien que nous nous efforcions de minimiser les perturbations. »

Environ 17.000 navires et 12 % du commerce mondial traversent le canal de Suez en Égypte et le  Bab-el-Mandeb, détroit de 32 km de large qui sépare l’Érythrée et Djibouti du Yémen.

Lorsqu’un missile houthiste frappa l’un de ses navires le 15 décembre, la géante société danoise de conteneurs d’expédition Maersk annonça qu’elle effectuerait le réacheminement autour du cap de Bonne-Espérance. Le 18 décembre, la société de pétrole et de gaz naturel BP a rejoint la liste des entreprises qui suspendent leur expéditions maritimes en mer Rouge.

Quatre des cinq sociétés de conteneurs maritimes les plus grosses du monde ont suspendu ou réacheminé la navigation de leurs navires en mer Rouge. Maersk, MSC, le groupe CMA CGM et Hapag-Lloyd sont les chefs de file des alliances qui transportent presque tous les biens de consommation entre l’Asie et l’Europe.

Simon Heaney, gestionnaire de haut rang de la recherche sur les conteneurs pour la société de consulting maritime Drewry, a déclaré que le réacheminement autour du cap de Bonne-Espérance accroît le temps de voyage entre l’Europe et l’Asie de près de 40 %, jusqu’à deux semaines.

« Pratiquement tous les services devront effectuer ce réacheminement, a-t-il dit au Public Broadcasting Service. L’impact se traduira par des temps de transit plus longs, des dépenses en carburant plus élevées, un plus grand nombre de navires requis, et des perturbations et des retards potentiels. »

Dans une circulaire hebdomadaire, l’analyste du transport maritime Alphaliner écrit que le réacheminement autour du cap de Bonne-Espérance sera probablement avantageux pour les ravitailleurs maritimes d’Afrique du Sud et de Maurice, car les navires se ravitailleront pour des périples plus longs.

Mais M. Heaney pense que les attaques houthistes provoqueront des problèmes financiers majeurs pour l’Égypte, puisque les millions de dollars versés par les sociétés de transport maritime lors de la traversée du canal de Suez représentent une grande source de revenu pour un pays qui est déjà aux prises à une inflation élevée et une monnaie qui s’affaiblit.

Malheureusement, le Bab-el-Mandeb se conforme à son surnom : la porte des lamentations.

Sal Mercogliano, ex-marin marchand et historien des expéditions maritimes, déclare à Vox Media : « C’est un goulet d’étranglement sur la route commerciale la plus fréquentée de la planète. Toute perturbation va affecter la totalité de la chaîne logistique. »

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