Africa Defense Forum

La réponse régionale améliore la perspective au Cabo Delgado

PERSONNEL D’ADF

Des signes de progrès incrémentiel durement gagné apparaissent dans la lutte du Mozambique contre l’insurrection extrémiste violente qui tourmente depuis 2017 la province du Cabo Delgado au Nord du pays.

Il y a deux ans, la bataille de Palma avait marqué un point d’inflexion dans l’approche du pays pour combattre les terroristes liés à l’État islamique.

Au moins 300 militants d’Ansar al-Sunna avaient saisi et terrorisé cette ville côtière de 75.000 résidents entre le 24 mars et le 5 avril 2021, en tuant des dizaines de civils et de soldats, déplaçant des dizaines de milliers d’autres personnes et détruisant plusieurs bâtiments.

L’attaque a aussi menacé un projet de gaz naturel liquéfié de 20 milliards de dollars crucial pour l’avenir économique du pays, à 4 km de Palma.

Pendant les combats, le chercheur principal Martin Ewi de l’Institut d’études de sécurité (ISS) a noté que les efforts antiterroristes en Afrique échouent habituellement dans l’absence d’une collaboration bilatérale ou régionale.

« Je ne pense pas que le Mozambique puisse vaincre l’insurrection parce qu’aucun gouvernement n’a réussi à le faire tout seul », a-t-il déclaré à Al Jazeera le 30 mars 2021. « Nous ne devrions pas imaginer que le Mozambique à lui seul puisse trouver une solution pour résoudre ce qui se passe au Cabo Delgado. »

C’était la première attaque revendiquée par l’État islamique au Mozambique, ce qui signalait son succès et donnait à l’insurrection locale une attention mondiale.

En conséquence, les autorités mozambicaines ont changé leur riposte.

Aujourd’hui, un pacte militaire bilatéral avec le Rwanda et ses 2.800 soldats a aidé à stabiliser Palma, alors que la mission de la Communauté de développement d’Afrique australe au Mozambique (SAMIM) et son effectif de 1.900 ont aidé à améliorer la situation sécuritaire dans d’autres zones de la province.

En avril, l’Afrique du Sud (le plus grand contributeur de troupes de la SAMIM) a prolongé le déploiement de 1.495 soldats jusqu’en avril 2024.

La province étant sécurisée par les soldats, les routes importantes ont été rouvertes. Certaines transactions commerciales et l’aide humanitaire ont commencé à retourner avec quelques services de base limités.

De façon plus importante, environ 350.000 déplacés internes sont rentrés chez eux en date de la fin mars 2023.

Toutefois, les rebelles affaiblis se sont avérés résilients en adoptant un style de guérilla avec des cellules mobiles plus petites.

Le chercheur en matière de sécurité Borges Nhamirre a écrit dans une analyse de l’ISS le 3 avril : « La stabilité au Nord-Est de la province se distingue de la situation volatile dans les districts du Nord, du centre et du Sud. »

« Les insurgés qui ont été chassés de Palma, Mocímboa da Praia et leurs bases sur le fleuve Messalo se sont divisés en cellules plus petites. Ils se sont adaptés à de nouvelles conditions en conduisant des attaques coordonnées dans plusieurs districts. »

Des problèmes de coordination et de communication continuent à perturber les forces conjointes. Des sources ont parlé à l’ISS de plusieurs incidents de tirs amis et d’un cas de drone de surveillance abattu par erreur.

Une grande partie de la population du Cabo Delgado, soit 850.000 environ, reste déplacée et les rebelles n’ont pas été vaincus.

Les experts insistent qu’une approche exclusivement militaire ne fera pas disparaître l’insurrection.

Liesl Louw-Vaudran de l’ISS a écrit en 2022 : « Jusqu’à présent, l’Union africaine et son Conseil de la paix et de la sécurité ont assumé un rôle de second plan. La coordination et une vision commune pour faire face aux causes fondamentales de l’extrémisme violent seront cruciales à l’avenir. »

Un rapport récent du Centre pour la démocratie et le développement au Mozambique a conclu que la coordination de plusieurs secteurs est cruciale pour faire face aux causes fondamentales de l’insurrection.

Selon le rapport, « les acteurs militaires dans le secteur de la paix n’ont pas coopéré efficacement pour partager les informations les uns avec les autres ou avec les acteurs non militaires. Entre-temps, dans le secteur humanitaire, les acteurs ont tendance à se faire concurrence pour accéder aux ressources plutôt que de coopérer dans la mise en œuvre de leurs programmes. »

« Le manque d’intégration entre les approches humanitaires, développementales et réconciliatrices est le défi principal affectant une riposte efficace à l’extrémisme violent au Cabo Delgado. »

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