Un an après le renouvellement de la volonté du Bénin, du Ghana et du Togo d’œuvrer ensemble pour réduire la pêche illégale, certains pêcheurs de la région déclarent que les stocks de poissons très fortement exploités présentent des signes d’amélioration.
En plus des patrouilles en mer, les pays partagent les informations du Centre régional de surveillance, contrôle et vigilance du Ghana, créé par le Comité des pêches du Centre-Ouest du golfe de Guinée (CPCO) en 2021.
Mais les plus vulnérables insistent qu’il faut faire davantage d’efforts. De nombreux habitants de la région restent mal nourris alors que les navires de pêche étrangers pillent leurs eaux.
Le pêcheur béninois Geoffroy Gbedevi déclare qu’il a des difficultés pour nourrir sa famille.
Il a dit à Voice of America (VOA) : « En ce moment, nous souffrons beaucoup. Le nombre de poissons que nous réussissons à pêcher maintenant est bien inférieur à ce que nous pêchions. »
La plupart des navires de pêche illégaux dans la région sont chinois. La Chine régit la flotte de pêche en eaux distantes la plus grande du monde, et elle est le premier contrevenant mondial pour la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN), selon l’Indice de pêche INN.
Les analystes déclarent que 40 à 60 % de tous les poissons d’Afrique de l’Ouest sont pêchés illégalement. Selon un nouveau rapport de la Financial Transparency Coalition, plus de 40 % de la pêche INN dans le monde se produit en Afrique de l’Ouest. La région perd entre 2,3 et 9,4 milliards de dollars par an à cause de la pêche illégale.
Au Ghana, 90 % des bateaux de pêche illégaux appartiennent aux Chinois, bien que beaucoup d’entre eux battent pavillon ghanéen, selon l’Environmental Justice Foundation (EJF).
C’est un processus connu sous le nom d’un « emprunt de pavillon », ce qui veut dire que les sociétés étrangères emploient les règles locales et les abusent pour enregistrer les vaisseaux de pêche qu’elles possèdent et exploitent dans un registre africain et pour pêcher dans les eaux locales. Ceci aide les propriétaires du vaisseau à éviter les fardeaux financiers et autre réglementation. Ces registres en ligne sont ouverts et peu supervisés.
Steve Trent, PDG de l’EJF, a déclaré à VOA qu’il pense que des mesures de transparence de base telles l’affectation de numéros « identificateurs » aux navires aideront les autorités à mieux traquer les vaisseaux de pêche.
Susan Steele, directrice exécutive de l’Agence européenne de contrôle des pêcheries, déclare que les pays nécessitent non seulement la coopération mais aussi une amélioration de leur législation, leurs opérations et leur formation pour combattre la pêche illégale.
Duncan Copeland, directeur exécutif de Trygg Mat Tracking, a dit à ADF dans un e-mail que le Bénin, le Ghana et le Togo, ainsi que la Côte d’Ivoire, le Liberia et le Nigeria, se sont efforcés d’actualiser leur législation au cours des dernières années. Ceci inclut la ratification de l’accord international relatif aux mesures du ressort de l’état du port.
Trygg Matt Tracking aide les pays à améliorer leurs efforts de surveillance, contrôle et vigilance.
« Une autre initiative du CPCO est maintenant en cours de développement. Elle consiste à créer une saison de fermeture de pêche coordonnée entre les états membres, en ajoutant ainsi aux mesures prises par le Ghana une coordination avec le Bénin, le Togo et la Côte d’Ivoire, et peut-être avec d’autres membres à une période ultérieure, a déclaré M. Copeland. La capacité opérationnelle constitue toujours un grand défi, en particulier la capacité de patrouille, et elle nécessite un focus et des ressources. »
Toutefois, il dit que tous les six pays ont amélioré leur capacité d’interdire aux chalutiers de pénétrer dans les zones réservées aux pêcheurs artisanaux.
« Les pays de la région et le CPCO ont été des leaders mondiaux pour développer des partenariats efficaces, en particulier des partenariats avec des acteurs étatiques et non étatiques ; ceci est une composante importante de la stratégie régionale anti-IUU », déclare-t-il.