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Sec, chaud et souvent en proie aux tempêtes de sable, le Niger compte 17,2 millions d’habitants. L’insécurité, la sécheresse et la criminalité transfrontalière contribuent à fragiliser ce pays d’Afrique de l’Ouest, où seulement 50 pour cent des habitants ont accès aux services de santé.
Au Niger, les chefs traditionnels ont une très grande influence – même les chefs d’État et les présidents leur demandent conseil avant de prendre des décisions importantes. S’appuyant sur ce rôle des chefs, le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) a créé un partenariat pour promouvoir la santé et le droit des femmes. Le pays affiche le taux de natalité le plus élevé du monde et un taux élevé de mortalité infantile. En 2012, les chefs traditionnels du Niger ont signé un accord avec le FNUAP, par lequel ils s’engageaient à améliorer les conditions sanitaires des femmes.
Créée en 2011, l’école des maris compte plus de 130 établissements dans la région de Zinder, au sud du Niger. Les membres sont des hommes mariés de 25 à 50 ans, mais de jeunes garçons sont maintenant aussi recrutés pour participer aux réunions et apprendre de leurs aînés.
Le chef de Bandé, Yahya Louché, croit en l’importance d’impliquer les hommes dans les accouchements. « À l’école des maris, il n’y a pas de maître et il n’y pas d’élèves. Ils ne sont pas payés, ils œuvrent au bien-être de la population », a dit Yahya Louché de l’institution informelle qui réunit des hommes mariés pour discuter des bénéfices de la santé génésique et de la planification familiale.
L’école est un bon exemple de ce qui peut arriver lorsque les hommes et les femmes se retrouvent côte à côte pour promouvoir des accouchements sans risques. « Avant l’école des maris, les femmes ne voulaient pas aller accoucher dans des centres médicaux ; elles restaient à la maison et y donnaient naissance à leur bébé » a expliqué Yahya Louché.
Les écoles commencent prudemment à introduire l’utilisation de contraceptifs – une pratique controversée dans un pays où une famille nombreuse est considérée comme un signe extérieur de réussite. L’école enseigne qu’il est difficile de nourrir une grande famille quand les temps sont difficiles et les chefs tâchent de convaincre les couples d’avoir moins d’enfants. Ils découragent aussi la pratique du mariage d’enfants.