PERSONNEL D’ADF
Les leaders somaliens ont annoncé le 27 mai qu’ils organiseraient de nouvelles élections dans un délai de 60 jours, ce qui mettra fin à une impasse politique qui avait déséquilibré le pays pendant plusieurs mois.
L’annonce a été faite après plusieurs jours de négociations entre le Premier ministre Mohamed Hussein Roble et les représentants des cinq états fédéraux du pays.
Au début mai, la chambre basse du parlement avait révoqué un vote précédent qui avait accordé au président Mohamed Abdullahi Mohamed une extension de deux ans de son mandat, lequel avait expiré en février.
Le vote de mai a calmé les tensions qui se sont manifestées lorsque le mandat de quatre ans de M. Mohamed a expiré sans que des élections soient prévues. Le conflit résultant menaçait un grand nombre de gains que le pays avait acquis pour la création d’un gouvernement national stable.
L’analyste de sécurité Mohamed Mubarak basé à Mogadiscio déclare que les actions de M. Mohamed et de la Chambre des représentants sont cruciales pour réduire le conflit et soutenir l’effort en cours de la Somalie visant à créer un système fédéral et mettre fin une fois pour toutes à des décennies d’affrontements.
« Franchement, c’était un tournant majeur », déclare M. Mubarak à « The Horn », podcast de l’International Crisis Group.« C’est un nouveau chapitre. »
La Chambre des représentants avait voté en avril dernier de prolonger de deux ans le mandat de M. Mohamed. Cette mesure n’avait pas été adoptée par le Sénat mais M. Mohamed l’avait pourtant signée, ce qui avait suscité des condamnations à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Les législateurs de l’opposition avaient refusé de reconnaître l’autorité de M. Mohamed après l’expiration de son mandat.
Cette extension, qui était considérée généralement comme anticonstitutionnelle, a provoqué des clivages entre les clans au sein des forces armées nationales et a conduit à des batailles à Mogadiscio. Les affrontements entre les milices des clans ont forcé 100.000 Somaliens à s’enfuir de chez eux.
Pendant ces combats, les clans sont retournés aux lignes de bataille qu’ils avaient initialement tracées dans la ville lorsque la guerre civile avait éclaté en 1991. M. Mubarak déclare que ceci indique que la Somalie a toujours beaucoup de chemin à faire pour rassembler ses divers clans et former un pays unifié.
« Les clans ne se sont pas réconciliés, dit-il. Ils ont encore la mentalité selon laquelle “ceci est ma zone, elle m’appartient”. »
Les affrontements de Mogadiscio ont attiré les milices de clan dans les lieux éloignés où al-Shebab est actif. Les experts de la sécurité ont craint que les extrémistes d’al-Shebab ne profitent de la confusion pour accroître leur territoire.
Les leaders des états de Galmudug et de Hirshabelle ont demandé l’annulation de l’extension. Le Premier ministre Roble a aussi rejeté l’extension.
Après le vote de la Chambre des représentants pour révoquer l’extension, M. Roble a renvoyé les forces armées dans leurs casernes.
Dans un message affiché sur son compte de Twitter après le vote du mois de mai, M. Roble a remercié M. Mohamed pour avoir accepté des concessions qui ont permis à la Chambre des représentants de révoquer l’extension du mandat.
Mubarak décrit l’accord comme un développement positif tout en déclarant que davantage d’efforts seront nécessaires pour restaurer la confiance entre le président et l’opposition. Une façon de le faire consiste à créer un système fiable pour les élections, afin d’éviter le genre de confusion et de crise que la Somalie a éprouvé depuis que le mandat de M. Mohamed a pris fin en février dernier.
« L’impasse politique a montré que nous avons des problèmes que nous devons adresser pour démarquer le pouvoir du gouvernement fédéral et des états membres de la fédération, et déterminer qui contrôle les élections, quand et où, déclare M. Mubarak. Ceci ne peut pas durer. »