Le Nigeria cherche à accroître le rôle des femmes dans le secteur de la sécurité

PERSONNEL D’ADF

Le directeur général de l’Institut national du Nigeria pour les études législatives et démocratiques a fait appel à des amendements législatifs pour accroître la participation des femmes dans le secteur de la défense et la sécurité.

Abubakar Sulaiman, directeur général, a déclaré dans une conférence de presse au début avril que les aptitudes des femmes étaient ignorées dans la lutte contre les problèmes tels que le terrorisme, le banditisme, les enlèvements et les troubles civils, selon le Premium Times du Nigeria. Il a dit que son institut travaillait avec les Nations unies pour persuader l’Assemblée nationale et les agences de sécurité pertinentes sur le besoin de faire participer les femmes.

« Bien que ces institutions du secteur de la sécurité s’efforcent d’exécuter leur mandat au cours des années, d’énormes vides liés au genre sont visibles dans leurs politiques et leurs procédures opérationnelles à tous les niveaux », a-t-il déclaré.

Avec une population de 224 millions, le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique, ainsi que sa plus grande économie. Le climat politique a commencé à changer dans le pays en 2014 lorsque le groupe extrémiste Boko Haram a commencé à employer des femmes kamikazes et à mobiliser davantage de jeunes filles et de femmes dans ses stratégies terroristes. Cette augmentation de l’utilisation des femmes dans les actions contre le gouvernement nigérian s’est accompagnée d’un focus renouvelé sur la nécessité pour le gouvernement de donner aux femmes un rôle plus grand à jouer pour contrer les tactiques des extrémistes.

Le Nigeria a fait des progrès concernant la participation des femmes dans les processus de sécurité et de maintien de la paix. En novembre 2023, les officiels nigérians ont dit que près de 28 % des gardiens de la paix des Forces armées nigérianes étaient des femmes, ce qui excède la norme de 17 % recommandée par les Nations unies. À l’époque, les responsables nigérians ont dit que les réalités de la guerre asymétrique nécessitaient l’adoption d’une « stratégie de parité hommes-femmes plus réaliste ».

L’équipe nigériane de l’organisme sans but lucratif Mercy Corps œuvre avec les communautés, les organisations locales et les gouvernements pour trouver des solutions durables aux problèmes nationaux, y compris la sous-représentation des femmes dans le gouvernement. Les programmes du groupe incluent l’éducation des jeunes filles, l’inclusion financière, le développement de la paix communautaire, les moyens de subsistance basés sur le marché et la réponse humanitaire. Mercy Corps a conduit une étude de recherche des méthodes mixtes en 2023 concentrée sur les Conseils féminins de développement de la paix. Les résultats de l’étude identifient trois manières distinctes selon lesquelles ces conseils peuvent travailler au niveau communautaire. Les découvertes incluent les points suivants :

Les groupes de femmes comblent des lacunes importantes que les autres acteurs de la paix et la sécurité ne peuvent pas combler.

Les efforts efficaces liés au genre, à la paix et à la sécurité priorisent les engagements par les jeunes.

La collaboration et le soutien d’autres acteurs de la paix et la sécurité, en particulier les acteurs masculins et les agences de sécurité, contribuent au succès des femmes.

Les Nations unies signalent que le programme WPS au Nigeria est conçu pour atteindre « le grand objectif » d’une paix soutenable et inclusive pour le genre. Les objectifs particuliers du programme incluent l’augmentation de la participation efficace des femmes dans les processus de paix et de sécurité, les négociations de paix, la prévention et la résolution des conflits. L’objectif inclut les communications pour améliorer la perception par le public du rôle des femmes dans la paix et la sécurité à tous les niveaux.

L’Institut français des relations internationales déclare que, bien que les Nigérianes soient correctement classifiées comme des victimes des conflits armés, elles ne doivent pas se voir refuser le droit aux programmes et aux récompenses de l’intervention critique après le conflit. L’institut dit que la résolution de l’insurrection de Boko Haram et la reconstruction du Nord-Est du Nigeria ravagé par le conflit « exigent une approche intégrant les genres ».

« Les femmes seront pertinentes dans la conception et la mise en œuvre d’une telle politique, signale l’institut dans une étude de 2024. Par conséquent, il est crucial que la capacité des femmes, en particulier dans le Nord du Nigeria, s’améliore pour entreprendre la tâche de résolution du conflit et de développement de la paix. »

Dans un Forum des femmes pour la paix à Abuja à la fin 2023, plus de 60 femmes ont dressé une liste de recommandations que leur pays devrait considérer pour mieux utiliser les femmes dans des rôles de gouvernement et de défense des droits. Elles ont recommandé que les femmes engagent les hommes en tant qu’alliés, « car les hommes encourageant la participation politique des femmes est un renforcement qui aidera à créer un environnement responsabilisant qui valorise l’égalité des genres et le leadership des femmes dans la sphère politique du Nigeria », selon le Centre pour le dialogue humanitaire basé à Genève.

Le groupe a aussi avalisé la déclaration d’un « état d’urgence » sur le besoin de soutenir l’éducation des femmes et des jeunes filles, de les préparer à jouer une variété de rôles dans la société, notamment à participer dans les négociations de haut niveau. Les autres recommandations comprennent la mise de côté d’une certaine somme d’argent du gouvernement spécifiquement dédiée aux réformes liées au genre et à la responsabilisation des femmes ; l’engagement avec les médias pour faire connaître leurs demandes et « récolter » les résultats ; et le travail avec des gens dans des « rôles traditionnels », notamment dirigeants, pastoraux et cultivateurs, pour trouver des alternatives d’approche au pastoralisme et à l’agriculture.

Le groupe a conclu sa conférence par une déclaration : « La poussée vers la paix et la sécurité dans toute société est plus durable lorsque les femmes sont des partenaires égales dans les efforts ciblant la prévention des conflits, les efforts humanitaires et les efforts de récupération pour forger le chemin d’une paix durable. »