Africa Defense Forum

Les mouvements extrémistes militants deviennent plus ponctuels

PERSONNEL D’ADF

Le terrorisme s’intensifie en Afrique subsaharienne et les experts déclarent que la région centrale du Sahel s’est substituée au Moyen-Orient pour devenir son épicentre mondial.

Les décès mondiaux dus au terrorisme ont augmenté de 22 % en 2023 pour atteindre 8.352 : c’est le chiffre le plus élevé depuis 2017 selon l’Index mondial du terrorisme (GTI) 2024 publié le 29 février.

Le rapport du GTI déclare : « L’Afrique subsaharienne représente un peu moins de 59 % de tous les décès. Le Sahel est responsable pour près de la moitié de tous les décès dus au terrorisme dans le monde. »

Bien que le terrorisme en Afrique subsaharienne ait considérablement empiré en 2023, certains experts notent que les organisations extrémistes violentes deviennent plus fragmentées et présentent des signes de résilience grâce à leur autonomie.

Les groupes terroristes évitent le plus souvent les conflits existants et adoptent des doléances locales plutôt que d’offrir un programme cohérent quelconque, selon l’enquête sur les conflits armés 2023 de l’Institut international pour les études stratégiques (IISS).

« Les groupes djihadistes dans la région évoluent, ils deviennent plus ponctuels et imbriqués avec la communauté et les conflits ethniques », a écrit Irene Mia, la rédactrice de l’enquête, sur le site web de l’institut au moment de la publication de l’enquête en décembre dernier. « Leurs liens internationaux avec l’État islamique (Daech) et Al-Qaïda se sont affaiblis et les connexions entre les groupes d’insurgés semblent maintenant être limitées à des collaborations intrarégionales. »

Elle déclare qu’il existe de nombreux groupes armés qui se font concurrence en Afrique subsaharienne mais « les mouvements d’insurgés centralisés ont en grande mesure disparu ou perdu de l’importance ».

Le Sahel illustre la nature fragmentée des insurrections extrémistes. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) est le groupe terroriste principal dans la sous-région du Sahel central, mais c’est une association de cinq organisations majeures et de factions plus petites. Le chef du GSIM s’est rangé aux côtés d’Al-Qaïda en 2017. Le nom d’origine du groupe est le « Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn » (JNIM).

L’une des factions du GSIM s’appelle le Front de libération du Macina (FLM). Il est considéré comme le plus actif dans le centre du Mali et responsable pour des incursions dans le pays voisin du Burkina Faso. Mais l’insurrection au Faso est principalement entre les mains d’Ansarul Islam, groupe que l’on sait être proche du FLM.

L’État islamique dans le Grand Sahara est aussi devenu plus actif dans la sous-région et lutte contre le GSIM pour contrôler le territoire et les ressources.

Des groupes individuels s’avèrent avoir des objectifs et des stratégies différents.

« Les affirmations de loyauté envers Al-Qaïda ou Daech masquent le fait que les groupes d’insurgés d’Afrique subsaharienne sont essentiellement des insurrections locales qui reçoivent peu de soutien externe, ou n’en reçoivent pas », déclare l’enquête sur les conflits armés.

« Il existe très peu de preuves selon lesquelles Al-Qaïda ou Daech serait capable de fournir un soutien matériel quelconque à ces franchises auto-proclamées. Ces groupes djihadistes sont plutôt essentiellement autofinancés. »

En date de juin 2023, il y avait 459 groupes armés actifs dans le monde, avec près de 200 millions de personnes vivant sous leur contrôle, selon le Comité international de la Croix-Rouge. Un total de 295 de ces groupes étaient actifs en Afrique subsaharienne, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

La plupart de ces groupes ont plus de pouvoir que les états où ils sont situés, car ils assurent la sécurité, les soins de santé, l’éducation et l’assistance sociale.

Avec tant de groupes d’insurgés en activité, le Sahel est devenu un chaudron de violence et de misère pour les civils.

Benjamin Petrini, associé de recherche de l’IISS pour les conflits, la sécurité et le développement, a déclaré lors du lancement de l’enquête : « Sur le continent, il n’existe pratiquement pas d’insurrection centralisée avec un programme cohérent. Il y a une énorme quantité de groupes armés non étatiques qui se battent les uns contre les autres ou contre l’état, et qui poursuivent des intérêts économiques différents. »

« Mais en grande mesure, ils ne sont pas intéressés par le pouvoir formel. »

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