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Les combats réduisent en ruines les lieux emblématiques de Khartoum

PERSONNEL D’ADF

Les côtés coniques et la façade en verre de la Greater Nile Petroleum Company de Khartoum évoquent une flamme de gaz brûlant dans les champs de pétrole du Soudan. Son emplacement à la confluence du Nil Blanc et du Nil Bleu faisait de la tour un lieu emblématique attrayant et un symbole du pays.

« Depuis sa construction, il n’y avait pas de photo, de peinture ou de représentation graphique de Khartoum qui n’incluait pas ce bâtiment dans sa ligne d’horizon », a déclaré l’architecte Arwa Ahmed à The Conversation dans une interview récente.

La tour et le projet plus grand d’Al Sunut auquel elle appartenait présentaient « la vision d’un nouvel espoir pour le Soudan », déclare l’architecte.

En septembre, la tour de 18 étages est devenue un type différent de symbole pour le Soudan lorsqu’elle a pris feu au milieu des combats intenses entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF). Des vidéos affichées en ligne ont montré une fumée noire épaisse qui montait des fenêtres pulvérisées de l’immeuble.

Depuis le déclenchement de la guerre entre les SAF et les RSF à la mi-avril, le conflit a dévasté Khartoum et Omdourman, sa ville jumelle. La combinaison des combats de rue par les RSF et de l’emploi de l’artillerie lourde par les SAF a détruit de vastes zones de la région de la capitale.

« Il y a une destruction totale de l’infrastructure qui assurera que ce pays ne soit pas capable de voler de ses propres ailes à l’avenir », a déclaré Reem Abbas, résident de Khartoum et analyste, sur le podcast « The Horn » de l’International Crisis Group, en évoquant les actes des RSF dans la ville. « Ce qui se passe est difficile à comprendre. »

Ce qui avait commencé dans la zone autour de l’aéroport international de Khartoum et du quartier général des SAF au centre de Khartoum s’est maintenant propagé dans toute la région où vivent plus de 5 millions de personnes. Les combats ont détruit des usines, des bibliothèques, des écoles, des centrales électriques, des installations de pompage d’eau et des tours de télécommunication.

« Il semble que les services de base de la vie sont pris pour cible délibérément, ce qui force les gens à s’enfuir », a déclaré l’architecte Amira Osman dans une interview avec The Conversation.

C’est précisément ce qu’on fait des millions d’habitants de la région de la capitale, en rejoignant les millions d’autres Soudanais qui s’étaient enfuis dans les autres provinces ou hors du pays pour chercher la sécurité.

Dans un essai pour The Conversation, Mme Osman écrit : « Cette ville est désormais une ville-fantôme de maisons abandonnées, de francs-tireurs et de cadavres dans les rues. Les milices occupent la majeure partie, en transformant les résidents en boucliers humains alors que l’armée les attaque depuis les airs. »

En plus des sites de haut profil tels que la tour de la Greater Nile Petroleum et le Musée national du Soudan, des centaines de maisons privées et de blocs d’appartements ont aussi été détruits, souvent lorsque les SAF poursuivaient les RSF qui s’y cachaient.

« La destruction des grands immeubles expose la dimension de l’impact du conflit sur les civils et l’infrastructure du pays. Elle visualise le futur de la ville si la guerre continue », déclare l’architecte Akram Elkhalifa à The Conversation.

Le Sudan War Monitor a signalé la destruction d’une mosquée et de plusieurs milliers de maisons privées à Omdourman, lors des frappes aériennes des SAF contre des cibles RSF. Les attaques des SAF contre le marché Melga d’Omdourman en juillet ont tué des dizaines d’entrepreneurs et de chauffeurs de camion. En septembre, une attaque a détruit le marché de Qouro à Khartoum, en tuant 60 personnes.

Les experts déclarent que les combats entre les SAF, dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, et les RSF, dirigées par un général appelé couramment Hemeti, sont devenus une lutte dans laquelle le vainqueur emportera toute la mise, pour le contrôle du Soudan et de l’économie cleptocratique qui le soutient, héritage de l’ex-dictateur Omar el-Beshir.

C’est pourquoi il est improbable que les combats prendront fin dans un avenir proche, déclare l’analyste Samah Salman à ADF.

« Ils se voient tous les deux successeurs d’el-Beshir en tant que prochain autocrate auto-proclamé », dit-elle.

La destruction de Khartoum et d’Omdourman est plus qu’une simple perte d’immeubles. Pour les résidents de la région de la capitale, la destruction a éliminé les revenus, les opportunités éducatives et des dizaines d’années de ressources que les familles avaient accumulées.

« Donc, alors que la ville continue à être détruite, on doit aussi se poser des questions au sujet de tout ce que les gens avaient acquis pendant leur vie, et de ce que seront les conséquences, écrit Mme Osman. Cela veut dire une perte d’espoir dans un rêve de ce qui aurait pu être possible. »

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