Africa Defense Forum

Le trafic de stupéfiants est florissant le long des frontières intérieures et du littoral

PERSONNEL D’ADF

La porosité des frontières et la faiblesse de la police ont transformé certaines régions en autoroutes pour le trafic international de stupéfiants. Ceci alimente les insurrections et les conflits. L’Afrique de l’Ouest en particulier est devenue la plateforme de transit pour transporter les drogues entre les cartels d’Amérique latine et les consommateurs d’Europe.

Alors que les pays ont des difficultés pour réprimer les trafiquants de drogue, les experts déclarent qu’ils pourraient bénéficier de l’emploi d’une triple approche : renforcer les agences de police dans les régions frontalières ; mettre en commun les renseignements et les ressources pour bâtir un front unifié contre les organisations criminelles transnationales ; et engager les communautés frontalières comme partenaires dans leurs efforts contre le trafic.

« Nous devons penser de façon plus innovante si nous voulons vraiment gagner le combat contre les drogues », a déclaré John Pokoo, chef du programme de gestion des conflits au Centre international de formation de maintien de la paix Kofi Annan au Ghana, lors d’un webinaire récent parrainé par le Centre d’études stratégiques de l’Afrique.

Bien que certains pays africains aient commencé à relâcher les restrictions légales concernant le cannabis, les drogues plus puissantes telles que la cocaïne et l’héroïne restent largement illégales. En plus de celles-ci, les trafiquants ont commencé à faire passer des drogues telles que les psychotropes, la méthamphétamine et le fentanyl par l’Afrique, selon le Dr John Ndugutse, directeur du centre d’excellence antiterroriste de l’organisation de coordination des chefs de police d’Afrique de l’Est.

Le Dr Ndugutse a exhorté les gouvernements à œuvrer davantage pour la mise en application des lois qui protègent la société et l’économie contre l’impact négatif des drogues illégales.

« La question clé concerne l’application littérale des politiques, plutôt que de faire un gâchis, a-t-il déclaré. Les lois et les politiques sont suffisantes. C’est leur application qui est problématique. »

Les frontières intérieures ne sont pas les seules zones où les pays doivent renforcer l’application de la loi. Les régions côtières sont devenues des points d’entrée importants pour les stupéfiants, en particulier loin des ports officiels.

Alors que la pêche illégale nuit aux stocks de poissons du littoral, les pêcheurs artisanaux se tournent vers le trafic de drogue pour survivre. Ils peuvent rencontrer les trafiquants en mer, puis transporter les drogues à terre en traversant des eaux côtières peu patrouillées.

Les groupes criminels organisés transnationaux « se précipitent pour exploiter les zones frontalières inexistantes ou inefficaces, déclare John Pokoo. La pacification de tous ces secteurs n’est pas facile. Nous ne pouvons pas les surveiller efficacement. »

Cela rend crucial le partage des ressources et des preuves d’investigation du trafic de drogue à travers les frontières des pays africains, comme le conviennent ces deux experts. Les organisations telles que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et l’Union africaine peuvent porter assistance.

Cependant, les pays suivent trop souvent une approche différente.

« L’approche de la gouvernance des frontières axée sur le pouvoir considère tout ce qui est au-delà de la juridiction d’un pays comme un ennemi », déclare John Pokoo.

La coopération est nécessaire car souvent les gens vivent d’un côté d’une frontière nationale mais vont au travail ou à l’école de l’autre côté. Entre le Ghana et le Burkina Faso par exemple, il y a 44 passages frontaliers officiels et environ 190 qui ne sont pas officiels, mais empruntés par les gens pour aller d’un pays à l’autre afin de travailler, d’aller à l’école ou pour d’autres fins.

Les communautés frontalières elles-mêmes pourraient offrir aux pays les meilleures armes contre le trafic des stupéfiants.

En s’engageant avec les membres des communautés, en particulier les jeunes pris pour cible par les trafiquants, les responsables de la police peuvent mieux comprendre comment les trafiquants agissent dans les zones frontalières.

Mais la plus importante défense contre le trafic de drogue dans les zones frontalières pourrait bien être leur développement économique.

Les gouvernements nationaux négligent souvent les zones de frontière, ce qui crée du ressentiment parmi la population et pousse les gens à adopter le trafic des drogues et le terrorisme pour gagner leur vie.

« Je veux voir les régions frontalières plus clairement comme des centres d’emploi, pas des centres de chaos et de crime », déclare John Pokoo.

Il envisage des régions frontalières où un côté produit des matières premières et l’autre les transforme pour les vendre.

« Entre ce qui est noté sur papier et ce qui existe sur le terrain, nous sommes loin du développement des régions frontière », dit-il.

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