HISTOIRE ET PHOTOS PAR L’AGENCE FRANCE-PRESSE
Pour de nombreux cultivateurs d’arachides dans la région de Paoua (République centrafricaine), la vie est une lutte quotidienne. Ils doivent relever les plantes du sol, récolter les noix et les décortiquer. Puis, ils doivent survivre aux vols, aux extorsions ou pire dans une région où les rebelles et les forces pro-gouvernementales se font la guerre.
Jean-Paul Ndopaye, gérant d’un magasin d’arachides, a déclaré à Africanews : « C’est l’insécurité qui nous empêche de développer davantage nos récoltes d’arachides à Paoua. Lorsque nous voulons envoyer nos produits à Bangui, à Berbérati ou même à Bouar, nous pourrions rencontrer des brigands sur la route. »
Célestine Inforo, âgée de 33 ans, décortique des arachides avec une douzaine d’autres personnes dans les faubourgs de Paoua, ville de 40.000 habitants. Elle déclare : « Il y a trop de menaces et de vols. Nous avons dû vendre notre production très rapidement et à bas prix. »
Ses collègues et elle remplissent chacune plusieurs sacs en quelques heures, puis ceux-ci sont acheminés avec un attelage de deux bœufs vers un entrepôt sécurisé prêté par l’organisation non gouvernementale Oxfam. Hors de l’entrepôt, chaque sac est pesé et enregistré avec un poids entre 35 et 45 kilos.
Dans la ville, un sac d’arachides décortiquées vaut environ 10.000 francs CFA (environ 17 dollars). Dans la capitale de Bangui, un sac se vend entre 20.000 et 30.000 francs CFA, déclare Jean-Paul Ndopaye, président de l’Union des riziculteurs de Paoua.
La production dépasse fortement la demande dans la région, ce qui fait baisser les prix, et 80 % de la population de la ville travaille dans l’industrie de l’arachide.
La RCA est en proie à une guerre civile depuis 2013. L’intensité du conflit a diminué au cours des récentes années, mais elle est remontée à nouveau pendant les dernières élections présidentielles de la fin 2020.
À l’ombre d’un manguier, les femmes transforment les arachides en huile, beurre et « kuli-kuli », bâtonnets à haute teneur nutritive. L’une d’elles fait rôtir les noix. Une autre malaxe le beurre d’arachide sur une planche en bois.
Mahoua Coulibaly, directrice locale du Programme alimentaire mondial, déclare : « C’est le traitement qui pose un problème. C’est là que des investissements doivent être faits pour le bien-être de la population, mais pour le moment il n’y a pas de fonds. »