Africa Defense Forum

Un chercheur sud-africain propose un plan pour aider à protéger les intérêts maritimes du pays

PERSONNEL D’ADF

Avec l’énergie, les transports, le tourisme et la pêche, les océans jouent un rôle majeur dans l’économie sud-africaine.

Mais alors que le pays espère développer ce secteur, un chercheur de l’université de Stellenbosch déclare que le moment est venu de concevoir une meilleure stratégie pour le protéger.

François Vrey, professeur émérite de science militaire à l’université, a écrit dans un article d’opinion publié par The Conversation qu’un processus de trois étapes pourrait aider le pays à protéger ses eaux et renforcer son économie des océans.

La première étape consiste à créer un processus dirigé par le gouvernement et incluant un « organisme de hauts fonctionnaires » et des parties prenantes clés. Deuxièmement, le professeur Vrey affirme que le pays pourrait répertorier ses ressources maritimes et les menaces auxquelles elles font face. La troisième étape consisterait à créer une stratégie maritime nationale intégrée.

Il écrit qu’il pense que les documents nationaux en cours de révision intitulés « Document-cadre sur les intérêts nationaux d’Afrique du Sud et son avancée dans un environnement global » et « Plan de développement national » sont trop vagues sur les questions maritimes. Un plan, divulgué en 2014 et appelé opération Phakisa, avait pour but la croissance de l’économie des océans de 250 à 350 %. Mais il pense qu’il faudrait faire plus en ce qui concerne la sécurité.

« Je doute qu’il existe actuellement une volonté politique quelconque pour promouvoir la question de la sécurité maritime le programme des intérêts et de la sécurité », a-t-il dit à ADF dans un e-mail.

La pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) est un fléau en Afrique du Sud, comme dans beaucoup d’autres régions côtières du continent. En Afrique du Sud, la pêche illégale décime les stocks jadis abondants d’ormeaux, de langoustes et autres espèces marines du pays.

Comme dans d’autres pays côtiers, les navires engagés dans la pêche INN en Afrique du Sud naviguent couramment dans des eaux interdites, attrapent d’énormes quantités de poisson, souvent avec un matériel illicite, puis transfèrent leur prise à bord de gros navires de taille industrielle plus loin en mer.

La pêche INN fait perdre au pays des milliards de rands, nuit aux écosystèmes cruciaux pour la survie des animaux marins et laisse les pêcheurs artisanaux avec des filets vides. Les poissons pêchés illégalement en Afrique du Sud sont souvent exportés vers Hong Kong.

Le professeur Vrey ne pense pas que l’Afrique du Sud soit menacée par la pêche illégale à un niveau comparable à l’Afrique de l’Ouest, qui est ciblée depuis des dizaines d’années par les gros navires industriels, surtout ceux de Chine.

« Mais encore une fois, nos territoires océaniques sont très mal patrouillés, a-t-il déclaré à ADF. De façon fondamentale, notre situation géographique joue un rôle ; il en est de même pour les conditions dans l’océan austral, mais l’Afrique du Sud a une capacité limitée pour patrouiller ses eaux afin d’empêcher la pêche illégale [et] d’autres crimes maritimes. »

Les Seychelles ont adopté une approche proactive à la sécurité maritime. Cette nation insulaire montre la voie pour intenter des poursuites et incarcérer les pirates d’Afrique de l’Est. Elle a renforcé sa Garde côtière de petite taille, elle a conclu des accords et des alliances avec les puissances étrangères et elle a collaboré avec d’autres pays africains pour combattre la criminalité.

En 2019 par exemple, le Centre des opérations de coordination régionale (RCOC) des Seychelles, qui conduit principalement des actions conjointes de mise en application des lois en mer, travaillait sans relâche avec le Centre régional de fusion des informations maritimes basé à Madagascar, qui partage les informations et donne l’alerte au RCOC sur les activités suspectes en mer.

Le professeur Vrey soutient aussi que l’Afrique du Sud serait bénéficiaire si elle créait un département des Affaires maritimes, comme l’a fait le Ghana, bien que la création d’un comité directeur qui dépende du président soit sans doute une approche initiale plus viable.

« Le domaine maritime est devenu essentiellement trop important pour l’abandonner à une série vague et générique de déclarations comme le document-cadre d’Afrique du Sud, écrit-il dans The Conversation. Une stratégie nationale intégrée de sécurité maritime devrait être éclairée par des intérêts nationaux clairement articulés avec une base maritime. »

Il a dit à ADF qu’il doute que les problèmes de sécurité maritime d’Afrique du Sud soient bientôt résolus.

« Mais l’intransigeance politique, la négligence et le refus de s’engager à long terme ne signifient pas que les plans réglementaires et stratégiques et les dispositifs et les programmes doivent être ignorés sans être actualisés, ou qu’ils ne doivent pas être créés s’ils n’existent pas. »

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