PERSONNEL D’ADF
On estime que les pays africains perdent annuellement 10 milliards de dollars à cause de la pêche illégale. Celle-ci provoque aussi l’insécurité alimentaire sur le continent.
Pour combattre ce problème, les experts de la sécurité maritime font depuis longtemps appel à une plus grande transparence dans la gestion des pêches.
Une nouvelle collaboration entre le Partenariat des pêches durables (SFP) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (ONUAA) projette d’améliorer la transparence en créant des codes ID uniques et normalisés pour les pêches en Afrique et dans le monde.
Ces codes ID universels seront obtenus par l’intermédiaire de FishSource, ressource en ligne établie par le SFP qui offre un profil pour des milliers de zones de pêche dans le monde. Les informations recueillies à partir des codes seront mises à la disposition du public. Ceci pourra fournir aux pêcheurs de petite échelle des informations en consultant les politiques de pêche. Elles pourront aussi être utilisées pour aider les pays à évaluer la durabilité de leur secteur de la pêche.
Braddock Spear, directeur de politique mondiale pour SFP, a déclaré dans un reportage de SeafoodSource : « Les nouveaux codes ID de l’ONUAA transformeront fondamentalement l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement des fruits de mer et changeront l’industrie des fruits de mer à jamais. Les informations seront diffusées plus librement dans l’industrie, la transparence de l’approvisionnement sera renforcée, les systèmes de collecte de données des gouvernements seront améliorés et la pêche de petite échelle obtiendra une identité tout comme les grandes zones de pêche industrielles. »
Les codes ID aideront aussi les administrations des pêches à suivre les pavillons des navires, déterminer le type d’équipement utilisé et évaluer la durabilité des stocks de poissons.
Le suivi des pavillons est important parce que les chalutiers étrangers « empruntent » couramment un pavillon des pays africains, ce qui veut dire qu’ils utilisent et abusent des règles locales pour enregistrer le pavillon d’un navire de pêche appartenant à et exploité par des sociétés étrangères en Afrique et pour pêcher dans les eaux locales. Les registres sont en ligne et ils sont peu supervisés.
Les vaisseaux étrangers utilisent aussi couramment un équipement illégal qui leur permet de ramasser des quantités d’animaux aquatiques sans discrimination et de décimer les écosystèmes.
M. Spear a déclaré à ADF que les codes sont soumis à des essais et devraient être disponibles pour leur emploi généralisé dans les six prochains mois. L’efficacité des codes nécessitera la participation des pêcheurs industriels et des pêcheurs de petite échelle, ce qui pourrait être mis en application par des mandats gouvernementaux, selon lui.
Il a dit à ADF : L’emploi des codes « pourrait être aussi simple qu’une appli de téléphone. Elle sera capable de suivre l’emplacement d’un navire. Lorsqu’il amène sa prise au port, ces informations sur [le vaisseau] suivront le vaisseau où qu’il aille. »
Ian Ralby, avocat et expert en sécurité maritime qui a longuement écrit sur les questions de pêche en Afrique, a déclaré à ADF dans un e-mail que les nouveaux codes pourraient être utiles dans la lutte contre la pêche illégale.
« On pense que [les codes] exerceront une pression pour inclure seulement les zones de pêche légales et pourraient aider à exclure de l’approvisionnement mondial les zones illégales [tout en limitant] les opportunités d’injection du poisson attrapé illégalement sur le marché mondial », a dit M. Ralby, qui est PDG d’I.R. Consilium.
La pêche illégale est aussi liée à d’autres crimes maritimes tels que la piraterie, la traite humaine et la contrebande des stupéfiants.
Bien qu’il pense que les codes ID universels pourraient améliorer la transparence des pêches, M. Ralby craint que certains pays africains n’aient pas la capacité institutionnelle pour utiliser les données correctement.
« C’est là que l’on va affronter de nombreux défis, pour s’assurer qu’il n’existe aucune opportunité d’interférence qui réduirait en fait la transparence que ce type de programme offre, à cause de pratiques corrompues ou d’une insuffisance institutionnelle de l’expertise, la compétente et la capacité. »