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Le Sénégal se sert de la transparence pour combattre la pêche illégale

Le Sénégal lance un programme pour promouvoir la transparence dans le secteur des pêches du pays pour réprimer la pêche illégale.

Financé par Oceans 5 (organisme philanthropique engagé dans la protection des océans du monde), ce projet de trois ans, d’un coût de près de 1,2 million de dollars, avec l’Environmental Justice Foundation (EJF) et Trygg Mat Tracking, vise à publier en ligne les listes de licences de pêche et les registres de vaisseaux actualisés. Il permettra aussi aux pêcheurs artisanaux de jouer un rôle dans les efforts de surveillance et de contrôle au port de Dakar, ainsi que dans les processus de prise de décision du gouvernement liés à la pêche.

Plus de 30 navires industriels ont été accusés de pêche illégale au Sénégal en 2020, selon la fondation. L’une des composantes du projet vise à permettre aux parties prenantes des communautés de pêche du pays à documenter les activités de pêche suspectes.

Steve Trent, président-directeur général et fondateur de l’EJF, a déclaré à ADF dans un e-mail : « Contrairement à certains autres pays côtiers de la région, le Sénégal possède une expérience en surveillance participative, et ses autorités reconnaissent son importance. Les petits pêcheurs et les unités locales de surveillance travaillent de concert pour empêcher, dissuader et éliminer la pêche INN [illégale, non déclarée et non réglementée]. Ces efforts font face à des limitations opérationnelles, techniques et financières que le projet aidera à surmonter. »

L’industrie de la pêche emploie plus de 600.000 personnes dans le pays et près de 75 % des protéines d’origine animale consommées au Sénégal proviennent des poissons. Mais 90 % des pêches du pays sont pleinement exploitées ou affrontent l’effondrement, selon des données recueillies par la fondation et les Nations unies.

Comme dans d’autres régions d’Afrique de l’Ouest, les poissons du Sénégal sont pour la plupart exportés vers l’Asie et l’Europe, ordinairement sous forme de farine de poisson ou d’huile de poisson produite dans des usines chinoises qui polluent l’environnement. La Chine est le pire contrevenant au monde concernant la pêche INN, selon la Global Initiative Against Transnational Organized Crime (Initiative mondiale contre la criminalité organisée transnationale).

Le gouvernement du Sénégal comprend l’importance de l’élimination de la pêche INN grâce à une transparence améliorée et des mesures de mise en application, et accueille le nouveau projet, déclare Mactar Diallo, secrétaire général du ministère des Pêches et de l’Économie maritime, dans un rapport de Sénégal Black Rainbow.

M. Diallo déclare que les propriétaires des vaisseaux étrangers pourraient devoir des amendes de près de 1,8 million de dollars liées aux activités de pêche illégales.

« En cas de récidive, nous pouvons aller jusqu’à la confiscation du navire », dit-il.

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