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Les chalutiers nécessitent de nouveaux permis pour utiliser leurs filets au large des côtes du Ghana

PERSONNEL D’ADF

Les sociétés de l’industrie ghanéenne de la pêche au chalut doivent renouveler leurs demandes de permis de pêche pour continuer à travailler dans les eaux territoriales du pays.

La Commission des pêcheries du Ghana a annoncé cette notification après réception par le pays d’une deuxième carte jaune émise par l’Union européenne (UE), laquelle a déterminé que le niveau de développement et d’engagement du pays contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (IUU) était insuffisant.

Les vaisseaux qui doivent faire une nouvelle demande de permis de pêche au Ghana incluent les chalutiers de pêche, qui sont largement responsables pour avoir décimé les petites espèces de poisson pélagiques du Ghana telles que la sardinelle, dont le nombre a baissé de 80 % au cours des vingt dernières années, selon l’Environmental Justice Foundation (EJF, Fondation pour la justice environnementale).

Une étude de l’EJF montre que, bien que tous les chalutiers industriels du pays soient officiellement ghanéens, au moins 90 % de la flotte est lié à la Chine, pire contrevenant IUU mondial, selon la Global Initiative Against Transnational Crime (Initiative mondiale contre la criminalité organisée). Les sociétés étrangères ne peuvent pas légalement pêcher dans les eaux ghanéennes.

Dans une déclaration au mois de mai, la Commission européenne a déclaré qu’elle avait « identifié de sérieuses lacunes dans les mécanismes que le Ghana a mis en œuvre pour assurer conformité avec ses obligations internationales telles que le pavillon, les ports, les obligations côtières ou l’état du marché. »

La Commission a déclaré qu’elle avait observé des vides juridiques dans le système d’inspection, de contrôle et de surveillance des vaisseaux battant pavillon ghanéen. Elle a spécifié que le « saiko », transbordement illégal de grandes quantités d’espèces pélagiques sous-dimensionnées et juvéniles entre les chalutiers industriels et les grosses pirogues, continuait à poser un problème dans les eaux ghanéennes.

En 2017, le processus du saiko a été utilisé pour pêcher 100.000 tonnes de poisson dans les eaux ghanéennes, en faisant perdre au pays des millions de dollars et en menaçant la sécurité alimentaire et les emplois, selon l’EJF.

Un mois après l’émission de la carte jaune, Mavis Hawa Koomson, ministre des Pêcheries et du Développement de l’aquaculture, a déclaré que les autorités essayaient aussi de se procurer quatre bateaux patrouilleurs pour l’inspection, le contrôle et la surveillance maritime.

« Il est important que les mesures nécessaires soient mises en place pour réduire la pression excessive sur la pêche et pour le rétablissement des poissons surexploités afin de restaurer les stocks de poissons épuisés », a déclaré Mme Koomson dans un reportage du journal ghanéen Daily Graphic.

Puisque l’emploi des produits chimiques et des explosifs est aussi illégal pour pêcher au Ghana, les autorités commenceront à utiliser un appareil de mesure de fraîcheur Torry pour tester les poissons sur diverses plages.

« Avec cet appareil, nous saurons si vous avez utilisé du savon en poudre, de la dynamite ou un explosif quelconque pour pêcher », déclare Michael Arthur-Dadzie, directeur exécutif de la Commission des pêcheries du Ghana, dans le reportage du Daily Graphic.

La première carte jaune du Ghana avait été émise en 2013 mais révoquée deux ans plus tard lorsque le pays avait établi son plan de gestion des pêcheries de 2015 à 2019.

La carte jaune est le point de départ d’un dialogue officiel dans lequel l’UE et le Ghana collaborent pour résoudre les problèmes préoccupants. Si ces problèmes ne sont pas résolus, le Ghana pourrait recevoir une carte rouge, signifiant que ses produits de pêche seraient interdits sur le marché de l’UE, où la plupart des poissons du Ghana sont vendus.

Virginijus Sinkevičius, commissaire européen à l’Environnement, aux Océans et à la Pêche, a déclaré : « La Commission a une tolérance zéro pour la pêche IUU. Le Ghana joue un rôle important dans la gouvernance des pêcheries en Afrique de l’Ouest. Par conséquent, nous sommes prêts à travailler avec le Ghana pour répondre aux menaces que la pêche IUU pose sur la durabilité des stocks de poissons, les communautés côtières, la sécurité alimentaire et les revenus des pêcheurs et des pêcheuses qui suivent les règles. La pêche durable est la clé d’une meilleure gouvernance des océans. »

Les pêcheries marines du Ghana soutiennent les moyens de subsistance de plus de 2,7 millions de personnes, soit près de 10 % de la population. Plus de 100.000 pêcheurs et 11.000 pirogues sont actifs dans le pays mais une chute de revenus annuels pouvant atteindre 40 % par pirogue artisanale a été constatée au cours des quinze dernières années environ, selon l’EJF.

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