Africa Defense Forum

L’équipe Team Lioness combat les braconniers et les stéréotypes

PERSONNEL D’ADF

Ruth Sikeita, dans son uniforme couleur olive qui se fond dans les épaisses broussailles verdoyantes, relève ses jumelles pour observer un troupeau de zèbres lors de sa patrouille quotidienne des animaux sauvages.

Pour elle, en tant que l’une des 8 gardes forestières de l’unité de patrouille Team Lioness (Équipe lionne) du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), ce travail est trois fois gagnant.

« Je prends soin des animaux sauvages, en fournissant une sécurité à la faune sauvage, en m’assurant qu’ils sont en sécurité, déclare-t-elle à IFAW.org. C’est important parce que les animaux sont comme nous. Ils doivent être en sécurité comme nous. Nous en bénéficions ; les touristes viennent ici à cause des animaux sauvages et nous avons du travail. »

Team Lioness est innovatrice.

Créée en 2017, c’est l’une des premières unités de gardes forestiers entièrement composées de femmes au Kenya. Team Lioness protège plus de 60.700 hectares de terres communautaires partagés entre la tribu des Maasaï et la faune sauvage. Elle est active près du parc national d’Amboseli dans l’ombre du Kilimandjaro, situé de l’autre côté de la frontière en Tanzanie.

Les femmes risquent leur vie pour protéger les animaux contre les braconniers armés et pour se protéger elles-mêmes des animaux. Elles ont aussi fait face aux stéréotypes de longue durée de certains gardes forestiers masculins.

Instaurer la diversité chez les gardes forestiers était l’un des buts de l’IFAW avec Team Lioness.

« Avec cette initiative, nous souhaitons non seulement responsabiliser les femmes maasaï pour qu’elles participent activement à la sécurisation des habitats et la surveillance de la faune sauvage, mais aussi combler l’écart entre les sexes dans le secteur de la conservation », déclare Azzedine Downes, président-directeur général de l’IFAW, au journal People Daily de Nairobi (Kenya).

La route était cahoteuse au début.

« Initialement, les hommes nous regardaient de haut », déclare Purity Amselet Lakara, leader de Lioness, à People Daily. « Ils pensaient que nous ne serions pas capables d’effectuer ce travail. Mais après avoir réalisé que nous pouvons travailler de façon compétente, ils nous respectent maintenant. »

Les femmes de Team Lioness font mieux que ça.

Mme Sikeita, âgée de 27 ans et mère de deux enfants, déclare que voir une Maasaï réconforte les femmes du village qu’elles visitent régulièrement. Les informations sont transmises librement, sans avoir peur.

C’est un avantage qui aide Team Lioness à devancer les braconniers et les habitants du village qui veulent se venger des éléphants, des lions, des girafes et des guépards qui tuent leur bétail.

« Imaginez que vous rencontrez un groupe de braconniers armés lorsque vous vous trouvez sans arme dans de hautes broussailles. Ensuite, vous vous cachez dans un trou ou sous un rocher où vous courez un grand risque de rencontrer des serpents venimeux, déclare Mme Lakara à People Daily. Très souvent, nous affrontons des membres de la communauté qui sont furieux parce que leur bétail est attaqué par des animaux sauvages. »

« Il faut beaucoup d’habileté pour les calmer, et se rappeler que certains sont armés et pourraient facilement nous faire du mal. »

En plus de donner à ces femmes un sentiment d’accomplissement et de renforcer leur confiance en soi, Team Lioness a donné à beaucoup la distinction d’être la première femme de leur famille à avoir un emploi régulier.

« Le recrutement de l’unité des gardes forestières aide à abaisser les barrières culturelles en donnant aux femmes l’opportunité d’avoir un emploi et d’être économiquement responsabilisées », déclare Patrick Papatiti, chef des gardes forestiers, à People Daily.

« Team Lioness a défié la notion qu’une jeune femme ne peut pas faire certains travaux, comme le travail de garde forestier. »

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