Les pharaons de l’Égypte ancienne étaient fascinés par un lieu éloigné appelé le Pays de Pount ou, simplement, Pount. Il était considéré comme une terre d’abondance, riche de ressources. Certains l’appelaient Ta Nétjer ou le Pays du dieu.
Mais c’était plus qu’un partenaire commercial. Les Égyptiens révéraient sa culture et le considérait comme leur demeure ancestrale. Sa taille et son lieu exacts ont été perdus dans la nuit des temps, mais il est presque certain qu’il se trouvait dans des régions qui font partie aujourd’hui de Djibouti, de l’Érythrée, de l’Éthiopie et de la Somalie.
La reine Hatchepsout devint pharaonne d’Égypte vers 1470 av. J.-C. à la suite d’une manœuvre politique très controversée. Considérant son sexe comme un handicap, elle ordonna pendant quelque temps qu’elle soit dépeinte comme un homme, avec une barbe et de gros muscles, sur ses statues et ses peintures.
À l’époque la route de Pount avait été perdue depuis des décennies. Hatchepsout déclara à ses sujets que les dieux lui avaient ordonné de trouver la route en envoyant une mission commerciale. L’expédition commença vers sa neuvième année de règne, lorsqu’elle envoya 5 navires, chacun de 21 mètres de long. Les 210 hommes envoyés dans ce voyage incluaient des marins et des rameurs.
Les Égyptiens remontèrent le Nil, puis après avoir démonté leurs navires, ils les portèrent sur la terre vers la Mer rouge, où ils furent réassemblés. Puisque les navires étaient intentionnellement légers, ils durent longer les côtes pendant le voyage en Mer rouge et éviter les eaux profondes dangereuses. Le voyage prit environ 23 jours, soit en moyenne 50 kilomètres par jour.
Le peuple de Pount fut étonné du courage des Égyptiens qui avaient entrepris ce voyage. Ils pensaient que leur terre était essentiellement inconnue du reste du monde. Ils étaient désireux d’acquérir les outils, les bijoux et les armes des Égyptiens.
La délégation commerciale repartit de Pount avec de grandes richesses, notamment de l’ivoire, de l’ébène, de l’or, des animaux sauvages, des défenses d’éléphant, des peaux de léopard et de l’encens. Les 31 arbres à myrrhe vivants, chacun avec ses racines dans un panier, étaient encore plus remarquables. Hatchepsout planta les arbres dans les cours de son complexe de temple funéraire, et ils y ont prospéré : c’était la première fois dans l’histoire documentée que quelqu’un avait réussi à transplanter des arbres d’une terre étrangère. Les racines de ces arbres sont toujours visibles aujourd’hui.
Le règne d’Hatchepsout fut parmi les plus prospères de l’histoire de l’Égypte et les sculptures des énormes temples commémoratifs de Deir el-Bahari montrent bien qu’elle considérait que l’expédition de Pount était l’un de ses plus grand succès.
Lorsqu’Hatchepsout est décédée au milieu de la quarantaine, son neveu Thoutmôsis III lui succéda. Il était tellement jaloux de ses succès qu’il ordonna l’élimination de presque toutes les preuves de son règne, y compris ses images de pharaon mâle sur les temples et les monuments qu’elle avait construits. C’est pourquoi les experts ne connaissaient presque rien d’elle jusqu’en 1822, lorsqu’ils apprirent à déchiffrer les hiéroglyphes sur les murs de Deir el-Bahari.
Une équipe d’archéologues découvrit ses restes momifiés en 2007 : ils sont maintenant situés dans le Musée égyptien du Caire. Ces découvertes ont permis de restaurer sa place légitime parmi les plus grands pharaons d’Égypte.