Les règles de la charte du Manden résonnent aujourd’hui
PERSONNEL D’ADF
Lorsque le guerrier Soundiata Keïta apprit que sa tribu natale avait été conquise par un roi voisin, il partit en guerre, en empruntant une armée et formant une coalition de royaumes voisins dans ce qu’on appelle aujourd’hui le Mali. Il annihila les forces de son ennemi en unifiant ce qui devint l’empire du Mali.
Il ne faisait que commencer. Vers 1235, il réunit un groupe de sages, y compris le roi qu’il avait vaincu. Avec eux, il composa la charte de Kouroukan Fouga, ou charte du Manden, l’une des premières constitutions de l’histoire humaine. Un expert l’appela les « déclarations des droits de l’homme ».
Les historiens pensent que, parmi les constitutions et les articles de droits connus, seule la Magna Carta la précède, d’environ 20 ans. La charte du Manden a établi les clans de la tribu mandingue sous un gouvernement unique, a expliqué comment il fonctionnerait et a promulgué des lois régissant la conduite des gens.
La charte n’était pas écrite. Elle a plutôt été transmise d’une génération à l’autre par les griots, conteurs chevronnés qui ont été responsables pour recueillir et conter une grande partie de l’histoire de l’Afrique de l’Ouest.
À beaucoup d’égards, la charte est étonnamment moderne. Elle parle de la paix, du caractère sacré de la vie humaine, du droit à l’éducation, des droits des femmes, de l’aide aux pauvres et du droit à la nourriture. Certaines règles de la charte sont aussi fraîches que si elles avaient été écrites hier :
L’éducation des enfants est la responsabilité de toute la société. L’autorité paternelle appartient donc à tous.
N’offensez jamais les femmes ; elles sont nos mères.
La vanité est le signe de la faiblesse et l’humilité est le signe de la noblesse.
Ne vous trahissez jamais les uns les autres. Respectez votre parole d’honneur.
La charte a divisé le nouvel empire en 26 clans. Certains étaient chargés des questions concernant le droit islamique. D’autres étaient chargés de défendre et de diriger l’empire. Certains ont reçu des monopoles pour des activités particulières, telles que la fusion ou la menuiserie. Quatre clans étaient chargés de documenter l’histoire de l’empire par des chansons.
Certaines règles concernent des pratiques et des coutumes qui ne sont pas pertinentes pour une société moderne. Par exemple :
Ne maltraitez pas les esclaves. Vous devez leur permettre de se reposer un jour par semaine et de finir leur journée de travail à une heure raisonnable. Vous êtes le maître de vos esclaves mais pas celui des sacs qu’ils transportent.
Les mensonges qui ont duré pendant 40 ans devraient être considérés comme des vérités.
Mais d’autres principes ont résisté à l’épreuve tu temps :
Nous devrions aider les gens dans le besoin.
Vous pouvez tuer l’ennemi mais vous ne devez pas l’humilier.
L’un des articles définit le sinankunya, type particulier de comportement amical dans certaines relations, telles que celle entre un homme et sa belle-mère. Ce comportement inclut des plaisanteries et des insultes qui sont conçues comme des signes d’un rapport affectueux.
En 1998, les historiens de Guinée ont commencé à reconstruire la charte dans le but de la publier et de la préserver. Des lettrés ont transcrit et traduit les lois et les règles préservées dans différentes régions de ce qui était l’empire. Même sans les griots, la charte restera historique.