Personnel de l’état-major unifié des États-Unis pour l’Afrique
Où qu’il se trouve, le maillon faible est susceptible d’entraîner des problèmes partout. C’est la leçon apprise en Libye. Depuis 2011, ce pays d’Afrique du Nord sert de refuge aux extrémistes, de route pour les stupéfiants et de point de départ pour les migrants.
Une portion des profits dégagés de ces activités criminelles finit entre les mains d’EIIL, qui prélève une « taxe » sur la contrebande et sur la traite des êtres humains. Les armes pillées dans les arsenaux libyens sont disséminées partout dans le Sahel, alimentant les conflits. L’exploitation des pauvres par les trafiquants d’êtres humains et par les organisations criminelles internationales contribue à l’instabilité, à la corruption et à l’illégalité.
Alors que la Libye tente de rétablir l’ordre, elle constitue un rappel important pour les professionnels de la sécurité partout dans le monde : travaillez avec vos voisins. Dans un monde interconnecté, l’état défaillant à côté de chez vous risque de vous entraîner rapidement dans la spirale.
Les experts de la sécurité africaine se rendent compte que le partage des ressources et des renseignements constitue la seule solution au crime transnational. En Afrique de l’Est et en Afrique australe, 22 pays se sont regroupés en 2016 pour l’opération Usalama qui a permis d’arrêter 4.500 criminels en 48 heures. En Afrique de l’Ouest, les pays mettent en place des unités spécialisées dans le crime transnational afin de coordonner l’application des lois, l’échange de renseignements, et la collecte de renseignements au niveau national et transfrontalier.
Ces partenariats aident les pays à construire des rapports de confiance et à reconnaître la valeur du partage de renseignements pour démanteler les réseaux criminels qui couvrent plusieurs continents. Les chefs de police africains continuent à mettre en place le nouvel « Afripol », organisme continental central, pour coordonner les actions contre les menaces criminelles transfrontalières.
La Libye représente peut-être le pire des scénarios, mais elle est loin d’être seule. Des zones d’illégalité existent un peu partout sur le continent, tant dans les grandes villes animées que dans les avant-postes du désert. Il incombe aux spécialistes de la sécurité de travailler dans l’union afin d’interdire aux criminels de profiter de ces zones de refuge. Le cas de la Libye montre que lorsqu’il s’agit de criminalité transnationale, le concept du « problème des autres » ne tient pas debout.