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Le taxi-minibus de Zakes Hadebe a presque un demi-million de kilomètres au compteur. L’indicateur de vitesse est cassé et il lutte pour garder la jauge à essence juste au-dessus du dernier trait.
Pourtant, un matin à 8 heures, Zakes Hadebe et sa guimbarde ont déjà bravé la pluie, la circulation et le prix de l’essence, toujours en hausse, pour transporter 40 travailleurs du bidonville sud-africain de Soweto à Johannesburg tout proche.
L’industrie des taxis-minibus en Afrique du Sud, méprisés pour leur conduite imprudente et dont la réputation est entachée de violence, déplace 15 millions de personnes tous les jours, pour la plupart des travailleurs à bas revenus. Ressemblant plus à des bus qu’à des taxis de New York ou de Londres, les véhicules à 16 places bringuebalants font tourner l’une des plus vastes économies d’Afrique. Avec un revenu annuel estimé à 3,7 milliards de dollars, l’industrie attire aussi l’attention de sociétés de financement locales et de constructeurs de voitures dans le monde. Nissan a commencé à vendre des taxis en Afrique du Sud après une absence de 18 ans, défiant la suprématie de Toyota.
« Si l’industrie des taxis devait s’arrêter complètement, il n’y aurait pas de femmes de ménage chez vous, pas de café au bureau, pas de travailleurs à l’usine », a affirmé Nkululeko Buthelezi, directeur général du Conseil national des taxis sud-africains.
Depuis la fin de l’apartheid en 1994, l’exploitation de taxis est devenue le plus grand secteur d’Afrique du Sud appartenant à des Noirs, avec environ 250.000 véhicules qui emploient directement 600.000 personnes. Bien que le propriétaire moyen possède 2,5 véhicules et emploie des chauffeurs, certains comme Zakes Hadebe, conduisent eux-mêmes.
« L’essence est le plus gros problème », a expliqué le chauffeur de 33 ans, dont le revenu quotidien se situe au bas de l’échelle moyenne de l’industrie entre 1.000 et 2.500 rands (soit entre 93 et 230 dollars), et ce avant d’avoir payé l’essence. « Vous devez utiliser chaque centime que vous gagnez. »