PERSONNEL D’ADF
Alors que la violence s’intensifie en République démocratique du Congo (RDC), plusieurs forces africaines pénètrent dans le pays en promettant de rétablir la paix.
La plus récente est la Communauté de développement d’Afrique australe (CDAA), qui a convenu le 8 mai de déployer une force régionale. Parmi les nombreuses incertitudes qui l’accompagnent, on se demande comment cette force pourra coexister avec la Force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (FRCAE), qui est pleinement déployée.
Les experts tels que l’analyste politique congolais José Nawej déclarent que des opérations militaires trop nombreuses pourraient provoquer des problèmes liés à la structure du commandement.
« Ça va être une tour de Babel », dit-il au journal kényan The East African.
Félix Tshisekedi, président de la RDC, a déclaré le 8 mai que la force de la CDAA aurait « un mandat d’offensive ».
Il a critiqué à maintes reprises la FRCAE au sujet de sa mission et son refus d’être engagée dans des combats contre les rebelles du M23, qui ont saisi et occupé de vastes territoires en 2022.
La FRCAE déclare que son mandat, qui a expiré en mars dernier, concerne le maintien de la paix et la protection des civils, tout en soutenant aussi le dialogue politique.
Peter Mathuki, secrétaire général de la CAE qui a accueilli la RDC dans le bloc régional seulement en 2022, a demandé une extension du mandat de six mois. M. Tshisekedi a verbalement accepté trois mois de plus et déclaré que la RDC évaluerait les résultats de la FRCAE à la fin juin.
« Si à cette date nous évaluons que le mandat n’a pas été satisfait, nous renverrons ces contingents chez eux avec honneur et les remercierons d’avoir essayé de contribuer à la paix en RDC », a-t-il dit.
« Ce contingent qui est venu secourir la RDC devra quitter le territoire pour de bon. »
Tshisekedi attend avec impatience une offensive militaire contre les M23, qui sont dirigés principalement par des membres de l’ethnie tutsi qu’il accuse d’être soutenus par le Rwanda. Malgré la confirmation des experts indépendants des Nation unies, le Rwanda continue à nier sa participation.
Voici une liste de certains acteurs dans l’Est de la RDC :
L’Angola : Le président João Lourenço est un chef influent de la CDAA et, en tant que président de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs, il est chargé par l’Union africaine de servir de médiateur entre la RDC, le Rwanda et le M23. Il a déclaré le 8 mai qu’il pensait toujours que « les M23 respectent le cessez-le-feu » et que tout sera fait « pour éviter une confrontation dans la région ». Il a critiqué les retards du processus de réintégration des rebelles M23 dans la société. Dans un accord bilatéral, l’Angola a promis de déployer 500 soldats dans l’Est de la RDC, mais elle n’a envoyé que des observateurs. Le président déclare que « des conditions doivent être satisfaites avant le déploiement ».
Le Burundi : Un accord bilatéral signé en 2021 a permis à environ 1.000 soldats burundais de conduire des opérations conjointes avec les forces congolaises (FARDC) contre les groupes rebelles burundais, en particulier les Forces nationales de libération et la milice des RED-Tabara, selon des reportages publiés.
La FRCAE : Son déploiement a commencé en novembre dernier avec l’arrivée des soldats kényans. La force régionale a déclaré seulement en avril 2023 que son déploiement était achevé, lorsque les soldats du Burundi, de l’Ouganda et du Soudan de Sud l’ont rejointe. Le major-général kényan Jeff Nyagah, commandant de la force, a démissionné le 28 avril lors de tensions avec les responsables du gouvernement de la RDC. Il a été remplacé par le major-général Alphaxard Kiugu, qui a assumé son poste à Goma le 19 mai. Le Kenya a déployé environ 900 soldats et l’Ouganda environ 1.000 soldats au sein de la FRCAE. Le Soudan du Sud a plus de 400 soldats et le Burundi a plus de 500 soldats.
Les FARDC : La multitude de groupes armés engagés dans la violence à l’Est de la RDC est un défi continuel pour les forces armées du pays, qui sont remaniées régulièrement par le gouvernement depuis les guerres congolaises. Une mauvaise formation et des allégations d’abus des droits de l’homme ont érodé la confiance des civils dans certaines des régions parmi les plus vulnérables du pays. La corruption, les bas salaires et un manque de contrôle structurel ont forcé les FARDC à travailler avec des acteurs non étatiques.
La MONUSCO : La mission onusienne de maintien de la paix en RDC est l’une des plus vastes du monde, avec 12.379 soldats déployés en date de février 2023. Ses premières priorités sont la protection des civils et le soutien du gouvernement congolais dans ses efforts de paix et de stabilisation. Les principaux contributeurs de soldats sont l’Afrique du Sud, le Malawi, le Maroc et la Tanzanie. Au sein de la MONUSCO, une brigade d’intervention onusienne plus réduite met l’accent sur la mise en application de la paix et a affronté les rebelles du M23 et d’autres groupes de militants.
La CDAA : Lors du mandat de son déploiement, la CDAA a approuvé « une approche plus coordonnée, étant donné les nombreux déploiements dans le cadre d’accords multilatéraux et bilatéraux dans l’Est de la RDC », et a déclaré que la RDC devait établir « les conditions et mesures nécessaires pour une coordination efficace entre les forces sous-régionales et les partenaires bilatéraux actifs en RDC ». On ne sait pas quels sont les pays, parmi les seize membres de la CDAA, qui enverront des soldats, combien de soldats seront déployés et quand ils arriveront.
L’Ouganda : Comme le Burundi, l’Ouganda est engagé dans des opérations conjointes dans le cadre d’un accord bilatéral. L’opération Shujaa lancée en novembre 2021 vise à démanteler les Forces démocratiques alliées, un groupe affilié à l’État islamique. Toutefois, la quatrième phase de cette opération menée en septembre 2022 « a conduit à une hausse des attaques de représailles contre les civils » et a suscité des recrutements, selon un panel d’experts de l’ONU.
Malgré la multiplicité d’acteurs, beaucoup espèrent que la RDC pourra enregistrer les succès d’une intervention menée par l’Afrique qui offrira la paix dans une région troublée.
Lors d’une conférence au sommet régionale à Bujumbura (Burundi) le 5 mai, Musalia Mudavadi, premier secrétaire de cabinet du Kenya, a averti contre « l’externalisation » du conflit au-delà de la région.
« Nous devons être capable de soutenir nos propres processus, car c’est seulement nous qui pourrons établir une paix durable dans l’Est de la RDC », a-t-il dit.