PERSONNEL D’ADF
John Momo a décroché en septième année d’école. Il a aujourd’hui 27 ans et lutte contre la toxicomanie dans le ghetto notoire de Zimbabwe à Paynesville (Liberia), où il vit depuis neuf ans.
Des centaines de jeunes, hommes et femmes, filles et garçons, vont et viennent entre les édifices détruits. Les ordures sont jetées sur le sol poussiéreux de terre battue, l’odeur du cannabis remplit l’air. Ces jeunes, qui vivent dans des conditions sordides, déclarent qu’ils n’ont pas grand-chose à faire.
Momo dit au journal libérien Front Page Africa : « La vie ici est pénible. Nous fumons de la drogue. Personne ne vient nous aider. Nous ne comprenons rien de notre vie ici. C’est difficile pour tout le monde dans cet immeuble. »
Dans un pays où la guerre civile a fait rage entre 1989 et 2003, et où la dépression et le trouble de stress post-traumatique restent souvent sans traitement, les drogues illégales sont un fléau depuis des années. Mais un certain nombre d’ex-enfants soldats sont déterminés à riposter en partageant leurs histoires de toxicomanie et de réhabilitation tout en aidant les jeunes à obtenir un traitement.
Le bureau du Liberia du Fonds des Nations unies pour la population estime qu’un jeune sur cinq utilise des stupéfiants. Beaucoup vivent dans des quartiers défavorisés de Monrovia, la capitale du Liberia, qui héberge aussi un organisme caritatif appelé le Réseau pour la responsabilisation et les initiatives progressives (NEPI). Ce dernier offre une thérapie de comportement cognitive et d’autres thérapies traumatiques aux jeunes gens vulnérables.
NEPI a recensé environ 500 ex-enfants soldats parmi ceux qui ont complété le programme. Aujourd’hui, certains d’entre eux sont des bénévoles qui aident les générations plus jeunes.
« Depuis la fin de la guerre civile, la question des drogues se pose dans le pays », déclare Thompson Borh, chef de programme de NEPI, à Voice of America. « Au début, c’était en fait les chefs de guerre qui le faisaient. Ils donnaient [des stupéfiants] aux combattants pour leur donner du courage en première ligne, parce qu’à ce niveau on ne peut pas faire preuve de raison. »
« Ensuite, après la guerre, c’est devenu une entreprise majeure aujourd’hui au Liberia. »
Dans son rapport situationnel de 2023, l’organisation de la société civile Global Action for Sustainable Development (GASD) estime qu’il y a 100.000 toxicomanes, à Monrovia seulement.
L’utilisation et le trafic des drogues illicites tourmentent l’Afrique de l’Ouest depuis la fin des années cinquante et le début des années soixante, lorsque les drogues se sont dramatiquement propagées.
Le rapport de 2023 du Bureau de l’ONU sur les drogues et le crime déclare que le Liberia est l’une de plusieurs plateformes de transit d’Afrique de l’Ouest pour la cocaïne, l’héroïne et le cannabis originaires des pays d’Amérique latine, d’Amérique du Sud et d’Asie à destination de l’Europe. Les saisies de cocaïne dans la région du Sahel ont grimpé de 13 kg par an en 2020 à 863 kg en 2022.
Les toxicomanes qui participent au programme de huit semaines de NEPI reçoivent un counseling individuel et suivent des sessions de groupe et une formation sur les compétences essentielles.
« Certains ont des armes. À cause de leur toxicomanie, ils veulent rester dans cette condition et sont devenus des voleurs à main armée, dit M. Bohr. Nous essayons de traiter ces personnes à haut risque qui vivent dans la communauté. »
NEPI déclare qu’il fournit un montant de 200 dollars pour la réintégration des participants qui achèvent le programme. Cela fait partie d’un effort concerté pour réintégrer les toxicomanes dans la société, dit Johannson Dahn, le formateur-chef de NEPI.
« S’ils n’ont pas de bon lieu sécurisé où aller, cela fait partie des choses que nous offrons, déclare-t-il à VOA. Nous trouvons un membre de la famille et lui parlons de l’importance de les accueillir de nouveau à la maison. »
NEPI a remis 314 diplômes à des participants au mois d’août.
L’usage et le trafic des drogues illicites font augmenter le taux de criminalité à Monrovia, selon la police locale et la Liberia Drug Enforcement Agency (LDEA).
Michael Jipply, directeur des communications de la LDEA, déclare que l’agence n’a pas les moyens de contrôler toutes les drogues qui entrent dans le pays, en notant les frontières poreuses.
« Il y a une capacité limitée d’agents de la sécurité à la LDEA, en ce qui concerne le matériel, l’équipement et les accessoires dont nous avons besoin pour améliorer nos opérations, et aussi la question des effectifs limités, dit-il à Front Page Africa. Le nombre d’agents de la LDEA ne correspond pas à notre population. »
La GASD souligne le manque de programmes durables de prévention des drogues et avertit des conséquences extrêmes si le gouvernement n’agit pas.
La GASD, basée à Monrovia et à Freeport (Sierra Leone), dit : « Le Liberia est en train de perdre toute une génération à cause des drogues. Si des mesures pratiques ne sont pas prises au-delà de la politique et des programmes menés par les donneurs, nous hériterons d’une situation encore plus difficile que tout ce que nous pouvons imaginer. »