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L’idée de consommateurs japonais mangeant des sushis exportés par un petit pays africain sans littoral peut sembler improbable. Pourtant, c’est l’exploit accompli par le Lesotho.
Élaboré par le conseil d’administration du groupe minier sud-africain Gold Fields, un projet nommé Highlands Trout permet d’exporter aujourd’hui 2.000 tonnes de truites arc-en-ciel par an, principalement à destination de la chaîne de supermarchés japonaise CGC.
Le « sushi made in Africa » marque un nouveau tournant dans les relations commerciales entre l’Afrique et l’Asie, offrant à un pays pauvre et enclavé la possibilité d’exploiter ses ressources naturelles pour produire et exporter un produit de haute qualité vers une clientèle avertie.
Toutefois, cela montre aussi les limites du commerce mondial. En effet, les emplois créés dans le Lesotho rural, même s’ils sont bienvenus, ne suffisent pas à compenser la perte d’emplois des travailleurs migrants dans les mines sud-africaines, qui ont longtemps constitué le pilier de l’économie du Lesotho.
Le Lesotho montagneux, entouré par l’Afrique du Sud, fournit de l’eau à son immense voisin.
Highlands Trout, qui exporte vers le Japon depuis 2012, espère augmenter sa production annuelle de 2.000 tonnes, alors que la capacité de traitement des truites au Lesotho atteint le nombre prévu de 10.000 tonnes par an.
Par comparaison, l’aquaculture en l’Afrique du Sud, avec son immense littoral bordant deux océans, produit entre 4.000 et 5.000 tonnes par an.
À Highlands Trout, les poissons sont élevés dans des cages flottantes et nourris de granulés spéciaux importés de France. Après avoir atteint le poids optimal de 2,5 à 2,8 kilogrammes, ils sont « congelés frais » dans un congélateur à air pulsé, dans l’heure qui suit leur capture et leur nettoyage. Ils entament ensuite un voyage d’un mois vers le Japon.
Autre tournure improbable de l’histoire, cette truite arc-en-ciel est originaire du pourtour pacifique de l’Amérique du Nord et de la Russie, beaucoup plus proche du Japon que le Lesotho.
La capacité d’adaptation de l’espèce en fait la truite d’élevage idéale. Celle-ci a été introduite dans au moins 45 pays et sur chaque continent, sauf l’Antarctique.