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La poissonnière Mercy Allotey attend à Accra (Ghana) ses clients qui viennent acheter les poissons les plus frais. Mais elle déclare que les pêcheurs attrapent moins de poissons car les techniques illégales et les chalutiers peu scrupuleux ont dévasté les réserves.
« Cela ruinent la pêche, déclare-t-elle. Il arrive souvent qu’ils partent en mer mais qu’ils ne pêchent pas de poissons. »
Le secteur des pêches soutient plus de 2 millions de personnes et produit environ 60 % des protéines de l’alimentation des Ghanéens.
Les données des Nations unies montrent que la production est passée de près de 420.000 tonnes en 1999 à 202.000 tonnes en 2014. Ce sont les chalutiers, principalement exploités par les Chinois, et les pratiques destructrices employées par les pêcheurs artisanaux pour compenser leurs pertes, qui en sont responsables.
Selon une pratique appelée saiko, les chalutiers ciblent illégalement la pêche de base des pêcheurs locaux et la vendent aux communautés par des intermédiaires. Le Ghana souhaite réprimer le saiko et les autres pratiques illégales employées par les pêcheurs locaux, y compris l’utilisation de lumières vives, de poison et de dynamite.
L’état a interdit la pêche artisanale en mai et juin 2019 et a interdit les chalutiers en août et en septembre 2019.
« Les pêcheries [sont] liées à la sécurité alimentaire, la sécurité nationale et la survie du Ghana en tant que pays », déclare Kamal-Deen Ali, directeur du Centre pour le droit maritime et la sécurité en Afrique, basé à Accra.
Peu de personnes connaissent la menace aussi bien que Nii Quaye, ex-pêcheur qui est aujourd’hui porte-parole pour le commerce des poissons à Jamestown, un district d’Accra. Il déclare que les pêcheurs n’ont pas constaté d’augmentation dans les réserves de poissons après la suspension artisanale, et qu’un succès sera atteint si les lois sont mises en application.
Il craint que si rien de majeur n’est accompli, il n’y aura bientôt plus de poissons à attraper. « Tout le monde à Jamestown aura faim parce qu’il n’y aura pas de poissons, déclare-t-il. Nous leur supplions [de] s’arrêter. »