L’Afrique au carrefour du trafic illicite
PERSONNEL D’ADF
PHOTOS PAR REUTERS
Les échanges commerciaux ont enregistré une expansion rapide en Afrique au cours des dernières années. Un grand nombre de pays signalent une croissance de leur produit national brut de deux chiffres, propulsée par la mondialisation, les nouvelles technologies et une classe moyenne nationale en pleine expansion. Les ports, les aéroports et les routes sont construits à une cadence record sur une grande partie du continent.
Toutefois, cette croissance a un côté négatif. Les syndicats du crime, les terroristes et les trafiquants bénéficient des filières commerciales légitimes. Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le crime transnational organisé produit des bénéfices annuels de 1,5 billion de dollars dans le monde. De nombreuses routes de trafic parmi les plus profitables passent par l’Afrique.
Les organisations criminelles affluent vers les lieux possédant des institutions faibles et exacerbent la corruption en offrant des pots-de-vin aux officiels. Au point le plus bas, un pays peut devenir ce qu’on appelle un « état capturé », où les trafiquants ou d’autres intérêts privés détiennent le pouvoir, au lieu des élus.
L’éventail des activités transnationales illicites sur le continent va du trafic des stupéfiants à la traite humaine. Les articles de contrebande peuvent inclure les véhicules volés, les médicaments contrefaits et les parties d’animaux sauvages braconnés. Tout cela joue un rôle pour déstabiliser un état et détourner la richesse du continent vers les poches des criminels dans d’autres parties du monde.
Selon le groupe ENACT qui est financé par l’Union européenne et qui combat le crime organisé, le trafic africain a trois aspects principaux, qui sont distincts mais interconnectés. Chacun d’eux est aggravé par la corruption et le manque de capacité des forces de maintien de l’ordre.
Le trafic des stupéfiants
L’Afrique est un centre de transit et une destination pour les drogues illégales. La cocaïne, l’héroïne et la méthamphétamine sont introduites par contrebande dans les ports africains, pour être en général acheminées vers les consommateurs d’Europe et du Moyen-Orient. En outre, ces drogues sont aussi de plus en plus vendues aux consommateurs africains, ce qui entraîne une augmentation des taux de dépendance.
Trafic de personnes
D’énormes quantités de gens migrent pour chercher des opportunités économiques et fuir les régimes oppresseurs. Bien que ce voyage se termine souvent en tragédie, les syndicats du crime y voient une opportunité commerciale lucrative et cherchent à profiter du désespoir des gens. Parfois, les trafiquants demandent simplement une somme d’argent en échange d’un passage sûr. Dans d’autres cas, ils trompent les migrants en leur promettant des emplois, seulement pour les pousser vers le travail forcé ou l’esclavage sexuel.
Les routes du trafic changent sans cesse mais beaucoup de routes parmi les plus utilisées sont prises en charge par les syndicats du crime organisé et par les groupes extrémistes. Lorsque ces groupes n’exploitent pas les routes, ils peuvent tout de même imposer une charge de protection. Par exemple, des milliers de migrants traversent la ville d’Agadez (Niger) pour se rendre en Libye, puis en Europe. Ils paient en chemin des pots-de-vin et des charges s’élevant entre 800 et 1.000 dollars par personne. Un grand pourcentage de cette somme est destiné aux groupes extrémistes et aux criminels internationaux. Une étude de l’ONUDC a découvert que 2,5 millions de migrants ont voyagé clandestinement en 2016, en produisant des revenus de 7 milliards de dollars pour les trafiquants.
Il existe trois routes principales, selon l’ONUDC :
- La route d’Afrique de l’Ouest depuis le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc vers les îles Canaries espagnoles.
- La route de la Méditerranée de l’Ouest depuis le Maroc ou l’Algérie vers l’Espagne.
- La route de la Méditerranée centrale, surtout entre la Libye et l’Italie.