PHOTO ET HISTOIRE PAR BUSANI BAFANA/INTER PRESS SERVICE
Les boîtes aux couleurs vives, les sacs d’engrais et les paquets contenant tous types de graines attirent l’œil lorsqu’on entre dans le magasin de vente agricole de Nancy Khorommbi, au coin d’une station-service au bord de la route, en Afrique du Sud.
Ses graines et ses engrais ne se sont néanmoins pas vendus comme des petits pains depuis que Mme Khorommbi a ouvert son magasin en 2010. Ses clients sont de petits agriculteurs de la ville de Sibasa au Limpopo, l’une des provinces d’Afrique du Sud très affectées par la sécheresse en 2016.
La lenteur du commerce est en partie liée au fait que les petits agriculteurs manquent de formation sur l’utilisation d’engrais nourrissants pour améliorer leur productivité.
« Certains agriculteurs qui entrent au magasin n’ont jamais entendu parler d’engrais ; et ceux qui en ont entendu parler ne savent pas comment les utiliser efficacement », déclare Mme Khorommbi.
Mme Khorommbi explique que les nouveaux commerçants agricoles représentent un maillon crucial dans la chaîne de production alimentaire. Les commerçants agricoles qui travaillent au niveau des villages comprennent mieux les petits agriculteurs et sont plus accessibles pour leur fournir des informations sur l’amélioration des rendements que le service d’extension du gouvernement, lequel manque de ressources.
Au vu de ce manque de connaissances concernant les engrais, le Partenariat africain pour les engrais et l’agro-industrie a lancé en 2015 un projet de soutien à l’agro-industrie dans la province du Limpopo. Il a permis de former plus de 100 commerçants agricoles dans la province. Le projet encourage le développement du modèle des pôles agricoles, où les commerçants agricoles à plus grande échelle servent les petits revendeurs et les agents des zones rurales. À leur tour, ces commerçants offrent de meilleurs services aux petits agriculteurs en rendant les fournitures et les informations nécessaires accessibles à un coût raisonnable.
Les petits agriculteurs détiennent la clé pour nourrir l’Afrique, y compris l’Afrique du Sud, mais leur rendement est entravé par les difficultés d’accès à l’information et par le manque de débouchés efficaces pour leurs produits.
En 2006, les chefs d’état et de gouvernement africains ont signé la Déclaration d’Abuja lors du Sommet sur les engrais au Nigeria, dans laquelle ils s’engageaient à augmenter l’utilisation des engrais en Afrique de 8 kilogrammes/hectare, la valeur moyenne à l’époque, à 50 kilogrammes/hectare en 2015. Dix ans plus tard, on constate que seuls quelques pays ont atteint cet objectif.
Les recherches ont démontré que pour chaque kilo de nutriments apporté au terrain, les petits agriculteurs peuvent obtenir jusqu’à 30 kilos d’augmentation de leur rendement. Ces recherches ont également montré que les petits agriculteurs sud-africains n’utilisent généralement pas la quantité optimale d’engrais en raison du coût que cela représente, du manque d’accès ou de la faible sensibilisation aux avantages offerts par les nutriments du sol.