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Une variété prisée de papier commercial artisanal a pourtant des débuts inconvenants.
La Nampath Paper, de John Matano, est l’une des 17 entreprises kényanes qui traitent la bouse d’éléphant pour produire du papier de haute qualité. Le papier de John Matano est, d’après la BBC, d’aussi bonne qualité que le papier fabriqué à partir de sources traditionnelles.
Les éléphants digèrent seulement en moyenne 45 pour cent de leur régime herbivore à haute teneur en fibres. La fibre non digérée est directement évacuée après ingestion, produisant des déjections qui peuvent être facilement traitées pour en faire du papier. Ou encore, comme l’a expliqué John Matano, « un éléphant de taille moyenne consomme 250 kilos de nourriture par jour. Cette quantité produit environ 50 kilos de bouse, et on peut fabriquer 125 feuilles de papier A4 à partir de 50 kilos ».
Ce produit gratuit et renouvelable a entraîné l’apparition d’une nouvelle industrie en Afrique de l’Est. Kafe Mwarimo, directeur du sanctuaire pour éléphants Mwaluganje, a expliqué que l’industrie du papier de bouse d’éléphant aide à ce jour plus de 500 habitants locaux à s’extraire de la pauvreté.
John Matano a fait valoir que leur méthode pour fabriquer du papier permet d’éviter la destruction des forêts à proximité. « Cette activité est très fiable et a un avenir prometteur. L’objectif de réduire le braconnage et l’abattage illégal des arbres au taux de zéro pour cent est primordial ».
Le Kenya Wildlife Service, un organisme public, ne tarit pas d’éloges sur les initiatives de cette nouvelle industrie du papier. Le porte-parole Paul Gathitu a déclaré que cette industrie contribue à protéger les 7.000 éléphants restants du pays et à réduire l’abattage illégal des arbres.
« C’est une bonne initiative, qui aide l’homme à coexister avec les éléphants. De nombreux produits de papier dérivés de la bouse d’éléphant nous ont été fournis ici ».
La création commence avec l’herbe de savane que mangent les éléphants. C’est cette pulpe de fibre mastiquée qui est l’ingrédient clé du papier de la Nampath. John Matano a expliqué le processus : « Après le lavage restent les fibres propres. Ensuite, la fibre est bouillie pendant quatre heures dans une cuve pour s’assurer de sa complète propreté. Après cela, la plus grande partie du processus est similaire à celui de la fabrication du papier standard ».
Jane Muihia, de l’entreprise Transpaper Kenya, un fabricant de papier, affirme que le papier n’émet pas de mauvaises odeurs. « Il passe par toutes les étapes standard de la fabrication. Et en termes de prix, cela revient pratiquement au même ».