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LES LUTTEURS SOUDANAIS S’ENTRAINENT POUR LES JEUX OLYMPIQUES

AGENCE FRANCE-PRESSE

Dans une salle de sports délabrée de Khartoum, une dizaine de Noubas en débardeurs délavés par la sueur pratiquaient des prises de lutte sous le regard critique de leur entraîneur japonais, Kosuke Sunagawa, âgé de 23 ans.

Depuis des millénaires, la lutte est partie intégrante de la région située autour des monts Nouba, marquée par la diversité religieuse et ethnique, et de nombreux jeunes athlètes aux muscles élancés sont entrés sur le tapis dès l’âge de leurs premiers pas.

Mais c’est l’entraîneur, connu sous le nom de Suna, un jeune champion de lutte japonais, qui a été chargé par l’ambassade de son pays à Khartoum d’accomplir une première dans l’histoire des Noubas, à savoir bâtir une équipe olympique à temps pour viser le podium aux Jeux de Tokyo en 2020.

Les lutteurs « sont réellement excellents sur le plan de la force physique », affirme l’entraîneur.

La lutte olympique est bien établie au Japon, qui a remporté plusieurs médailles lors de récents Jeux olympiques. Mais c’est en 2013 que Tokyo a commencé à s’intéresser à la lutte pratiquée par les athlètes noubas, lorsqu’un diplomate de son ambassade a lancé un défi à certains des champions locaux.

Yasuhiro Murotatsu a perdu la totalité de ses six combats, mais les rencontres se sont avérées populaires, attirant des centaines de spectateurs. Le Japon a profité de l’intérêt qu’il a suscité pour essayer de créer des liens avec le Soudan. L’ambassade a investi 50.000 dollars dans le programme, dans un pays où le gouvernement se méfie des influences étrangères.

La tâche de Suna n’est pas une mince affaire. Le Soudan n’a remporté qu’une seule médaille olympique depuis 1960, et bien que les membres de l’équipe de Suna aient pratiqué la lutte depuis l’âge de leurs premiers pas, les règles olympiques sont une nouveauté pour eux. Dans la lutte nouba, un compétiteur gagne simplement en projetant au sol son adversaire. La version olympique de ce sport attribue des points pour des prises différentes, et un lutteur gagne automatiquement en immobilisant son adversaire sur le tapis.

« Je m’efforce de mon mieux de libérer leur potentiel au maximum en créant des programmes sur mesure », a déclaré Suna lors de la séance, la dernière de sa visite d’un mois à Khartoum. Six des meilleurs lutteurs se sont ultérieurement rendus au Japon pour poursuivre leur entraînement, mais il reste beaucoup à faire pour favoriser le développement optimal d’une équipe.

Les Noubas de Khartoum sont venus à l’origine du Sud-Kordofan, une région du Soudan ravagée par la guerre. Il a été difficile de trouver du temps pour l’entraînement, parce que les lutteurs doivent travailler pour subvenir à leurs besoins.

« Il y a un manque d’entraînement adéquat ; il y a un manque d’installations », a déclaré Ahmed Hashim, le secrétaire général du Comité olympique du Soudan.

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