PERSONNEL D’ADF
Au cours des dix dernières années, la Chine a prêté plus de 17 milliards de dollars au Ghana pour une série de projets d’infrastructure, depuis les projets hydroélectriques jusqu’aux systèmes Internet à large bande.
L’endettement du Ghana a augmenté en même temps que les prêts chinois, ce qui place ce pays d’Afrique de l’Ouest au premier rang d’une liste de pays récemment sujets au risque de manquer à leurs obligations de paiement.
L’analyse du Classement de vulnérabilité de dette souveraine de Bloomberg sur visualcapitalist.com énumère 25 pays selon leur fardeau d’endettement et leur risque de non-paiement. Treize pays de la liste sont situés en Afrique, sur l’ensemble du continent.
Le Ghana est en tête des pays africains sur la liste pour deux raisons : l’endettement du gouvernement ghanéen est égal à près de 85 % du produit national brut du pays, et l’intérêt sur cette dette est égal à 7.2 % de son PNB.
Pour huit des treize pays de la liste, l’endettement de l’état est égal à 70 % ou plus de leur PNB. Un rapport dette/PNB élevé fait courir aux pays un risque de non-paiement et peut limiter leur capacité d’emprunter davantage.
« Les pays n’ont plus la possibilité de s’endetter davantage », déclare Brad Parks, directeur exécutif d’AidData. Ce groupe de recherche au Collège de William & Mary assure le suivi des prêts chinois en Afrique et ailleurs. M. Parks a parlé récemment au Peterson Institute for International Economics.
Environ 90 % des prêts chinois en Afrique sont des prêts « non concessionnels » par l’intermédiaire d’une banque commerciale chinoise d’état telle que la Banque de développement de Chine ou la Banque chinoise d’importation et d’exportation. Ces emprunts sont en général accordés à un taux d’intérêt de 4 % et une période de remboursement de dix ans. Ces conditions sont beaucoup plus strictes que les prêts accordés par l’intermédiaire de l’Organisation de coopération et de développement économiques, qui ont un taux d’intérêt de 1 % et une période de remboursement de 28 ans.
Une petite quantité de prêts accordés directement par le gouvernement ont été utilisés pour construire des immeubles gouvernementaux et des projets sans rendement commercial. La Chine a récemment annoncé des plans pour radier certains de ces prêts sans intérêt accordés à 17 pays africains. Par contre, les prêts commerciaux doivent être renégociés individuellement parce que la Chine a refusé de fournir un allègement généralisé des dettes.
Alors que les pays vacillent au bord du manquement à leurs obligations de paiement, les observateurs avertissent que la Chine pourrait saisir le contrôle des ports, voies ferrées et autres projets cruciaux d’infrastructure qui servent de collatéral pour les prêts.
Le Sri Lanka offre un avertissement de ce qui pourrait se passer. Ce pays était le bénéficiaire précoce d’un prêt chinois dans le cadre de l’Initiative de la Nouvelle route de la soie. L’argent chinois a financé la construction du port de Hambantota, qui a commencé ses activités en 2010. En 2016, le port a eu des difficultés pour rembourser ses dettes et il a finalement été loué à China Merchants Port pour une période de 99 ans et une participation de 70 % dans son exploitation.
En mai, le Sri Lanka a manqué un paiement sur ses dettes internationales de 50 milliards de dollars.
Il existe un projet africain qui suit un chemin similaire : le Standard Gauge Railway du Kenya, financé par la Chine, entre Mombasa et Nairobi a toujours des difficultés pour faire des bénéfices. Le chemin de fer a signalé des revenus de 13 millions de dollars en 2021. Pendant la même année, son paiement annuel sur l’emprunt a doublé à 806 millions de dollars.
La Zambie, autre emprunteur auprès de la Chine, lui doit 5,78 milliards de dollars. Elle a annoncé récemment qu’elle annulerait de nouveaux projets à hauteur de 2 milliards de dollars pour éviter d’assumer des dettes commerciales additionnelles. La Zambie a manqué un paiement sur une partie de sa dette en 2020.
Avec un grand nombre de ses emprunteurs de longue date atteignant les limites de leurs capacités financières, la Chine change de tactique mais, selon M. Parks, elle ne change pas de philosophie.
« Elle s’est éloignée des prêts concernant les projets pour offrir des prêts sur le règlement du solde », selon lui. Autrement dit, la Chine prête maintenant à ses clients l’argent leur permettant de rembourser la dette qui leur donne déjà des difficultés.
« 60 % des prêts chinois internationaux soutiennent les emprunteurs en détresse. »
Les nouveaux prêts ont des taux d’intérêt encore plus hauts et des périodes de remboursement encore plus courtes, parfois de quelques mois seulement.
Au lieu des entreprises commerciales telles que la Banque chinoise d’importation et d’exportation, les nouveaux prêts sont émis par la Banque populaire de Chine (banque centrale du pays), dont les prêts ont beaucoup augmenté, selon M. Parks.
Mais ceci n’est même pas une garantie que les pays seront capables de restaurer leurs finances. Le Sri Lanka a accepté cinq prêts à court terme à hauteur de 4 milliards de dollars et il a tout de même manqué ses paiements.
Pour les pays qui ont des difficultés à continuer leurs paiements, un endettement additionnel est une mauvaise solution, selon M. Parks.
« S’il existe un problème de solvabilité, et non pas de liquidité, vous ne faites qu’empirer les choses parce que cet endettement coûte cher. »
Un commentaire
Une situation très grave pour le développement de l’Afrique. Les prêts ont ils été obtenus avec l’aval des Parlements respectifs.