PERSONNEL D’ADF
L’an dernier, le Panel indépendant sur la préparation et la réponse à la pandémie a fait appel à l’action de toute urgence pour mettre fin à la pandémie de Covid-19 et empêcher les épidémies futures.
En mai, ce panel établi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au début de la pandémie a publié un rapport de 50 pages qui a mis en question la volonté des gouvernements mondiaux et locaux à atteindre ces objectifs.
Le panel indépendant est co-présidé par Helen Clark, ancienne Première ministre de Nouvelle-Zélande, et Ellen Johnson Sirleaf, ancienne présidente du Liberia. Elles écrivent dans le rapport : « Un an plus tard, le focus politique pour se préparer à d’autres vagues [de Covid] diminue. Les travaux ont commencé pour empêcher la prochaine pandémie mais, à la vitesse actuelle, le changement transformateur requis nécessitera des années pour se produire. »
Les perturbations de la vie normale provoquées par le coronavirus continuent à retarder la reprise des économies et des systèmes de santé d’Afrique, écrit dans The Conversation Francisca Mutapi, professeur zimbabwéen en infection et immunité de la santé mondiale à l’université d’Edinburgh. Elle a aidé à écrire le rapport du panel du mois de mai.
Selon elle, il n’est pas trop tard pour se préparer aux pandémies futures. Le rapport du professeur Mutapi dans The Conversation a souligné cinq actions que le panel a recommandées pour la préparation aux épidémies futures.
L’égalité de l’accès aux fournitures médicales
L’Access to COVID-19 Tools Accelerator de l’OMS, fruit d’une collaboration mondiale, visait à accélérer le développement, la production et l’accès équitable des tests et des traitements de Covid, mais il n’a pas satisfait aux attentes.
Le panel fait appel à une évaluation complète et indépendante pour améliorer le Tools Accelerator.
« Les gouvernements africains devraient demander des politiques mondiales de renonciation à la propriété intellectuelle pour les tests [et] les traitements de Covid… et les utiliser pour développer les capacités pharmaceutiques nationales, écrit le professeur Mutapi. Ils devraient aussi recommander une plateforme pré-négociée afin de faciliter l’accès équitable et opportun aux produits médicaux sur le marché mondial pendant les urgences. »
Un financement pour chaque pays
L’argent « mis de côté » pour la préparation et la réponse à la pandémie, principalement par les pays du G20, était insuffisant pour faire face à Covid, écrit-elle. La distribution était lente et le peu d’argent disponible a conduit à l’augmentation de la dette des pays aux revenus plus faibles. À l’avenir, le financement international pour les pandémies devrait être basé sur la solvabilité d’un pays, et aussi sur la façon dont il est affecté par la maladie.
L’augmentation des cotisations perçues par l’OMS
L’augmentation des cotisations des états membres pourrait renforcer la capacité de surveillance de l’OMS en l’aidant à détecter plus rapidement les nouvelles menaces. Puisque l’épidémiologie africaine est unique, les politiques de santé du continent devraient être éclairées par les événements et les données locaux, et non pas par les tendances mondiales.
« L’organisme régional de l’OMS a donc besoin d’un soutien additionnel pour répondre d’une façon qui soit pertinente dans le contexte africain », selon elle.
Établir un Conseil des Nations unies
Le panel a noté un manque de coordination entre les États-Unis, les gouvernements nationaux et les organismes régionaux. Il a recommandé la création d’un Conseil de l’ONU pour la préparation aux pandémies, dans lequel les pays africains seraient représentés.
L’accroissement de l’autorité de la région Afrique de l’OMS et de l’Union africaine pour leur permettre de signaler rapidement les menaces pandémiques possibles, de les investiguer et de recommander des interventions, sans l’interférence des pays individuels, améliorerait les réponses aux épidémies, a conclu le panel.
Renforcer les systèmes de santé
Les pandémies du passé ont aidé à préparer les pays africains à riposter contre Covid. Le panneau suggère que les pays africains examinent aussi leurs réponses à la pandémie en cours pour se préparer aux futures.
L’expérience avec les épidémies de VIH et de Covid a révélé que les pays africains ne peuvent pas se fier aux autres pays pour qu’ils envoient leurs innovations sur le continent en temps opportun, selon le panel. De nombreux systèmes de santé africains manquaient de financement avant que Covid n’arrive et la pandémie les a rendus plus faibles.
« Donc, en plus de la santé publique, les plans de préparation africains doivent se focaliser sur le renforcement et la résilience des systèmes de santé », écrit le professeur.
La capacité de produire des fournitures médicales sur le continent est cruciale pour renforcer les systèmes de santé africains, selon le panel.
« De nouvelles menaces de pandémie émergeront, écrivent Mesdames Clark et Sirleaf. Les risques de ne pas être mieux préparés pour elles sont grands et l’inaction difficile à imaginer. »