PERSONNEL D’ADF
On sait qu’au moins 26 pays côtiers africains ont récemment utilisé des registres de navire ouverts ou permis aux navires de pêche appartenant à des sociétés étrangères d’employer divers montages pour battre un pavillon leur permettant de pêcher dans leurs eaux territoriales.
Cette politique permet aux chalutiers étrangers de prendre une grande quantité de poissons sans supervision notable ni conséquence en cas d’infraction. Les défenseurs demandent que les pays réforment et renforcent leurs règles concernant les pavillons et les registres.
Un rapport de Trygg Mat Tracking (TMT) et I.R. Consilium publié en avril révèle que les vaisseaux engagés dans la pêche illégale battent fréquemment des « pavillons de complaisance » qui leur permettent d’utiliser les registres de navire ouverts pour pêcher en haute mer, là où les pays côtiers n’ont pas d’autorité. En outre, les bateaux de pêche « insèrent » souvent un pavillon, c’est-à-dire qu’ils emploient les règles locales et les abusent pour inclure le pavillon d’un vaisseau de pêche appartenant à et exploité par une société étrangère dans un registre africain et pêcher dans les eaux locales.
Les registres ouverts sont en ligne et sujets à peu de supervision. Cela veut dire qu’une société de pêche chinoise peut s’enregistrer pour pêcher au Nigeria et payer électroniquement les droits d’enregistrement.
Ian Ralby, expert en sécurité maritime et président-directeur général d’I.R. Consilium, a déclaré à ADF dans un e-mail : « En pratique, il est moins probable d’être ciblé et interdit de pratiquer la pêche sans licence ou la pêche avec un matériel incorrect au Nigeria si le pavillon est nigérian. De même, il est moins probable d’être ciblé et interdit de pratiquer la pêche sans licence ou la pêche avec un matériel incorrect dans un autre état de la région si le pavillon est nigérian, par déférence pour les états régionaux. »
Puisque les sociétés situées hors de l’Afrique gèrent et maintiennent un grand nombre de registres de navire des états africains offrant un pavillon, il est possible qu’aucune autorité africaine (ou peu d’entre elles) ne participe à cette gestion. Ainsi, un grand nombre de pays qui emploient des registres de navire ouverts « n’exercent pas leurs responsabilités concernant le contrôle des vaisseaux de pêche qui battent leur pavillon », selon le rapport.
Ces problèmes permettent aux sociétés de pêche étrangères, en majorité chinoises, d’exploiter les pavillons pour pêcher de façon non durable et illégale sans impunité, si elles ne sont pas prises en flagrant délit. La Chine est le pire contrevenant mondial de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN), selon l’Indice de pêche INN.
Les vaisseaux chinois ciblent les eaux africaines depuis des décennies, en provoquant une diminution grave des stocks de poissons, une augmentation de l’insécurité alimentaire et une perte de revenu pour les pêcheurs artisanaux locaux et d’autres qui vivent de la pêche.
On sait aussi que les vaisseaux qui exploitent le pavillon d’un pays changent fréquemment leur nom, ce qui les rend plus difficiles à traquer. Par exemple, le Labiko 2 a été accusé par la Commission des pêches de l’Atlantique du Nord-Est d’infraction aux lois de la pêche INN lorsqu’il s’appelait le Maine et battait pavillon guinéen.
Il a été détenu au Liberia en 2017 pour avoir utilisé un équipement interdit et avoir ciblé les requins démersaux, ce qui violait les conditions de sa licence. Selon des rapports, le chalutier a été vendu et il bat actuellement pavillon libérien, bien que son propriétaire bénéficiaire demeure inconnu, selon le rapport.
Le rapport de TMT-I.R. Consilium offre plusieurs suggestions pour renforcer les processus d’enregistrement des vaisseaux, notamment : fermer les registres de navire ouverts ; assurer qu’une approche inter-agences soit suivie pour toutes les décisions concernant les pavillons des vaisseaux de pêche ; assurer la vérification pour superviser toutes les demandes de pavillon ; confisquer les pavillons des contrevenants de la pêche INN ; renforcer la supervision des sociétés privées qui emploient les registres de navire ouverts.
« S’assurer que les exploitants et les navires de pêche à haut risque ne puissent pas accéder à un registre de pavillon ou à des zones de pêche est l’une des étapes les plus simples et les plus économiques qu’une nation quelconque puisse suivre pour réduire les risques de pêche illégale, les pratiques de pêche non durable et les atteintes à sa réputation », a déclaré Duncan Copeland, directeur exécutif de TMT, dans une annonce de presse.