PERSONNEL D’ADF
La pêche illégale en Afrique de l’Ouest a décimé la faune aquatique, menacé la sécurité alimentaire et réduit les pêcheurs artisanaux à la pauvreté.
La Confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale (CAOPA) s’efforce de changer cela.
Ce groupe basé au Sénégal, créé en 2010, est constitué de 26 organisations de la région et du reste du continent, notamment celles de l’Afrique du Sud, de Madagascar, du Maroc, du Tchad et de la Tunisie. L’association encourage des politiques qui combattent la pêche illicite, non déclarée ou non réglementée, soutiennent les pêcheries durables et suscitent une plus grande transparence dans le secteur de la pêche.
En janvier, le président de la CAOPA Gaoussou Guèye a renouvelé son appel pour la création au Sénégal d’un secteur de la pêche au thon.
Les autorités sénégalaises et l’Union européenne (UE) ont établi un accord de pêche concernant le thon qui, selon certains, n’est pas transparent et ne protège pas suffisamment cette espèce de poisson. Dans le cadre de cet accord de 2014, l’UE verse au Sénégal chaque année 1,7 million d’euros (un peu plus de 2 millions de dollars) pour le droit de pêcher dans ses eaux territoriales, mais elle ne verse rien pour les thons pêchés.
M. Guèye a maintes fois questionné pourquoi les autorités sénégalaises n’ont pas envoyé de plan à la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique dans le but de développer une flotte de pêche thonière sénégalaise.
« Ne serait-il pas plus judicieux que le Sénégal se concentre sur le développement de la pêche au thon durable, y compris la pêche artisanale, dans ses propres eaux, plutôt que de laisser la pêche au thon essentiellement entre les mains des exploitants étrangers, avec peu d’avantages pour les pêcheries locales ? » a déclaré M. Guèye dans un rapport publié par la Coalition pour la gestion équitable des pêcheries.
La CAOPA est axée sur la promotion du rôle des femmes dans les pêcheries et l’adoption d’un plan pour mettre en œuvre la stratégie pour la réforme des pêcheries et de l’aquaculture en Afrique, visant à augmenter la productivité, améliorer la rentabilité et accroître la durabilité et la sécurité alimentaire.
L’organisation soutient aussi l’initiative de transparence des pêcheries, effort mondial qui encourage une gouvernance responsable des pêcheries, et elle conduit des séminaires sur les questions auxquelles font face les pêcheries des états membres.
Steve Trent, directeur exécutif de l’Environmental Justice Foundation (Fondation pour la justice environnementale), a applaudi les efforts de la CAOPA. L’an dernier, les deux organisations ont eu des succès pour faire pression sur le ministère des Pêcheries du Sénégal afin de l’empêcher d’accorder plus de 50 nouvelles licences de pêche aux chalutiers industriels.
M. Trent déclare à ADF dans un e-mail : « Les organisations telles que la CAOPA sont très importantes parce qu’elles représentent et donnent une voix aux organisations professionnelles du secteur de la pêche artisanale dans la région.Puisque le secteur de la pêche industrielle a le pouvoir, les fonds et les connexions nécessaires pour influencer les politiques des pêcheries, il est très important que le secteur artisanal ait aussi une voix pour défendre ses intérêts. »
Toutefois, les accords de pêche industrielle dans la région sont souvent conclus « dans l’ombre », selon M. Trent, ce qui veut dire que les organisations telles que la CAOPA pourraient ne pas en prendre connaissance avant leur signature.
Malgré ces défis, l’influence de la CAOPA semble augmenter. À la mi-mars, l’organisation s’est associée avec l’Association des communicateurs en pêche des radios communautaires et généralistes.
Omar Diaw, président de l’association, a déclaré que son groupe souhaitait contribuer à une pêche responsable et durable qui bénéficie tout le monde, selon un reportage de l’Agence de presse sénégalaise.
« La CAOPA est notre partenaire traditionnel, et nous allons œuvrer inlassablement pour que ce compagnonnage reste durable pour être un modèle dans ce domaine », a déclaré M. Diaw.