Les mines dangereuses provoquent des troubles en Centrafrique
PERSONNEL D’ADF
Les opérations minières chinoises endommagent l’environnement en République centrafricaine (CAR), en ravageant les ressources naturelles dont dépendent les communautés locales.
De temps à autre, le conflit fait éruption lorsque les villageois affrontent les ressortissants chinois et les forces de sécurité qu’ils ont engagées pour les protéger.
C’est ce qui s’est passé pendant plusieurs jours à la fin août et en début septembre, ce qui incita la journaliste locale Alexis Marcelin Yanga à utiliser le mot « soulèvement » dans ses reportages.
« Depuis plusieurs mois la révolte gronde », écrit-elle pour Corbeaunews Centrafrique.
Un conflit environnemental s’est transformé en violence le 30 août près du village minier de Gaga au Nord-Ouest de la préfecture Ombella-Mpoko.
Des résidents locaux en colère ont détruit et pillé le bâtiment administratif d’une mine chinoise après qu’un membre du personnel de sécurité de la société minière ait apparemment tiré sur un villageois et l’ait tué. Le villageois se trouvait dans une fosse de la mine pour chercher les paillettes d’or restantes.
Le conflit s’est amplifié lorsque des miliciens lourdement armés ont soutenu les résidents qui affrontaient les forces de sécurité, constituées de membres des Forces armées de la République centrafricaine (FACA). Un soldat des FACA s’est noyé et un autre a été grièvement blessé lorsque la milice a pris le contrôle de la municipalité.
« Les installations chinoises dans la ville ont été pillées et saccagées, leurs coffres-forts emportés pendant que certains employés, particulièrement des Chinois, ont été déshabillés et dépouillés par les miliciens », selon le reportage de Mme Yanga.
Le 2 septembre, des renforts des FACA ont été déployés et Léopold Mboli Fatrane, ministre des Mines de la Centrafrique, est arrivé sur les lieux, ce qui a apporté le calme, selon Mme Yanga.
Les tensions concernant les mines de la Centrafrique s’enveniment depuis des années.
« La quasi-totalité des chantiers miniers en République centrafricaine est attribuée systématiquement aux entreprises chinoises ou russes sans aucune contrainte environnementale », selon le reportage du journaliste CNC Igor Passi Zatoua en mars 2019. « Ce qui cause souvent des conflits entre les exploitants étrangers et les riverains qui utilisent souvent ces ressources naturelles pour leur survie. »
La Centrafrique est tourmentée par l’instabilité causée par de nombreux groupes armés qui se disputent le pouvoir et leur part de la richesse minière du pays.
Les responsables régionaux du gouvernement se sont rendus dans la municipalité de Bozoum en 2019 et ont signalé que 4 sociétés de mines d’or : Tian Xiang, Tian Run, Meng et SMC Mao, ont provoqué des dommages environnementaux considérables dans la rivière Ouham, en affectant les stocks de poissons et aggravant énormément la pollution et la qualité de l’eau.
« Les mines d’or de Bozoum exploitées par les sociétés chinoises ne sont pas rentables pour l’état et nuisent à la population et l’environnement », selon le rapport d’une commission parlementaire centrafricaine en juillet 2019. « La nature de la catastrophe écologique découverte sur les lieux justifie l’arrêt immédiat et inconditionnel de ces activités. »
Toutefois, le ministère des Mines et de la Géologie a permis à l’exploitation de continuer.
En avril 2020, l’organisation des droits humains Amnesty International a exhorté la Centrafrique à suspendre les opérations de ces 4 sociétés minières chinoises, en les accusant de mettre en danger des milliers de personnes.
Le missionnaire catholique Aurelio Gazerra est un témoin clé du rapport d’Amnesty International, en affichant des photos et des vidéos et en signalant les dommages subis par l’environnement et la communauté sur sa page de Facebook et plusieurs autres organes médiatiques.
« La rivière est ruinée », a-t-il dit au réseau de télévision France 24 en avril 2019. « Les berges ne sont rien d’autres que des montagnes de graviers et des trous remplis d’eau. L’eau est maintenant terriblement sale mais les résidents doivent toujours l’utiliser pour se laver et parfois pour boire. »
Le père Gazerra a discuté des sites miniers près de Bozoum le 29 août, en notant que les sociétés chinoises étaient parties sans restaurer l’environnement.
« Un an et demi de travail et d’exploitation sauvage, et aucun effort de réparation », écrit-il sur Facebook. C’est « un grand danger pour la population et pour l’environnement ».
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