À mesure que les missions de maintien de la paix pèsent sur leurs ressources, les gouvernements tournent de plus en plus leur attention vers la formation de partenariats avec des sociétés privées pour assumer ce fardeau.
Les partisans des arrangements de partenariat public-privé (PPP) les considèrent comme un moyen de renforcer les capacités militaires sur le continent africain en exploitant les innovations du secteur privé.
« En encourageant la collaboration entre les entités gouvernementales et l’industrie privée, nous pouvons revitaliser les capacités existantes, intégrer des technologies d’avant-garde appropriées à ces fins, et assurer que nos forces de défense et notre secteur sécuritaire sont bien équipés pour relever les défis contemporains auxquels ils font face », a déclaré Daniel du Plessis à defenceWeb lors de la conférence des partenariats publics-privés 2025 pour la défense et la sécurité à Pretoria. Il est chef du développement commercial pour l’entreprise de défense sud-africaine Milkor.
L’intérêt de l’Afrique du Sud sans les PPP axés sur la défense se manifeste au moment où les problèmes financiers de Denel, le fabricant d’état, menacent de limiter la défense du pays, selon Malusi Gigaba, membre du comité conjoint permanent du Parlement sur la Défense.
Lors d’un briefing de presse récent, M. Gigaba a déclaré : « Denel reste l’ombre de ce qu’elle était autrefois. »
du Plessis dit que l’homologation du secteur privé par le gouvernement sud-africain aidera à renforcer la Force de défense nationale sud-africaine (SANDF). Au cours des dernières années, les coupes budgétaires de la force ont créé des retards de maintenance et ont privé de vol un grand nombre de ses aéronefs. Ces derniers incluent ceux utilisés pour soutenir les missions de maintien de la paix en République démocratique du Congo (RDC) conduites par les Nations unies et la Communauté de développement d’Afrique australe. La mission régionale prend fin et ses soldats vont commencer à partir à la fin avril.
Bien que Milkor soit une entreprise militaire sud-africaine, une grande partie de sa production est vendue à d’autres pays, déclare M. du Plessis.
« Toutes les technologies que nous avons développées sont toujours appropriées et utilisables et applicables par la SANDF, dit-il. Cela dépend du calendrier et des priorités qui permettront à ces technologies d’être utilisées par la SANDF dans son ensemble. »
Les conflits récents dans l’Est de la RDC et au Soudan démontrent que le maintien de la paix doit avancer du dialogue à la démarche plus active de « mise en application de la paix », selon Vasu Gounden, fondateur d’ACCORD (Centre africain pour la résolution constructive des conflits).
Gounden a déclaré à la conférence de Pretoria que les conflits de haut profil impliquant des groupes armés tels que le M23 dans l’Est de la RDC et les Forces de soutien rapide, un groupe paramilitaire soudanais, rendent difficile l’emploi des principes de maintien de la paix précisés par les Nations unies. Ces principes sont : le consentement des parties au conflit, l’impartialité et l’utilisation limitée de la force à des fins d’autodéfense ou pour protéger les civils. Les gouvernements et leurs partenaires du secteur privé devraient plutôt s’armer et s’entraîner pour des missions de maintien de la paix plus agressives dans le but de neutraliser les menaces et stabiliser les zones de conflit. Ceci exigera de plus grands investissements dans la défense et une plus grande coopération avec l’industrie de la défense pour améliorer le matériel.
Jusqu’à présent, les partenariats publics-privés de plus haut profil sur le continent ont été ceux entre les gouvernements, notamment au Sahel, et les entrepreneurs militaires privés de Russie, de Chine ou d’ailleurs, selon M. Gounden.
En augmentant son budget de la défense de 0,7 % à 1,5 % du produit national brut, l’Afrique du Sud prend des mesures importantes pour renforcer la capacité de la SANDF à répondre aux activités de maintien de la paix sur le continent, déclare M. du Plessis.
Selon les experts, les investissements dans les projets PPP locaux peuvent aider les pays africains à moins dépendre d’autres pays pour le matériel et l’expertise, ce qui renforcera la sécurité nationale et régionale.
Les situations sécuritaires compliquées de l’Afrique excèdent souvent les moyens de gestion des gouvernements à eux seuls, selon M. Gounden. Les PPP, qu’ils soient des sociétés ou des agences non gouvernementales, peuvent jouer un rôle vital pour aider les pays à relever ces défis, ajoute-t-il.
James Kerr, PDG d’Orion Consulting à Pretoria, déclare à defenceWeb : « L’industrie est prête. La gamme des produits existe. La preuve consistera à démontrer que le partenariat privé-public peut fonctionner. »