Les forces de sécurité du Pount découvrirent quelque chose de surprenant lorsqu’elles saisirent le contrôle de la localité éloignée de Shebaab. Les soldats trouvèrent un grand bunker abandonné, dissimulé sous une ferme maraîchère, qui était selon eux le centre opérationnel principal des dirigeants suprêmes du groupe État islamique-Somalie. Les Forces de défense du Pount (PDF) ont découvert des câbles électriques, des lampes, des tuyaux de ventilation, des produits alimentaires secs, des draps de lit, des fournitures médicales et des armes sous la ferme dans la localité éloignée de Shebaab le 24 février. Elles ont aussi découvert deux charniers dans le village « où les terroristes avaient enterré certains membres de haut rang », ont affiché les PDF sur les réseaux sociaux.
Depuis le lancement de leur campagne appelée opération Hilaac en novembre 2024, les PDF ont enregistré des gains réguliers contre le groupe terroriste, appelé aussi EI-Somalie. Said Abdullahi Dani, président du Pount, a annoncé que la troisième et dernière phase de l’offensive avait commencé le 28 février et projetait de continuer à employer des forces aériennes et terrestres pour éliminer les militants d’EI-Somalie qui battent en retraite et se cachent dans les zones montagneuses distantes.
« Ils pensaient que c’était un lieu où ils ne pouvaient pas être vus, un lieu stratégiquement difficile qui leur donne accès à l’océan Indien, au golfe d’Aden et au golfe arabique », a déclaré M. Dani le 27 février, selon Voice of America.
Il a aussi annoncé une période d’amnistie d’une semaine pour les individus, y compris les femmes et les enfants, qui avaient combattu précédemment aux côtés d’EI-Somalie ou qui l’avaient soutenu. Ceux qui se rendent auront l’opportunité d’être réintégrés dans la société.
Les PDF, à travers des vallées, des grottes et des villages dans les montagnes accidentées de la chaîne Cal Miskaad, ont chassé l’EI-Somalie de la vallée stratégique de Togjaceel, de 40 km de long, entre la localité de Turmasaale et le village de Dhasaan.
EI-Somalie, renforcé par un afflux de combattants provenant de l’Éthiopie, du Soudan, de la Syrie, du Maroc, de la Tanzanie et du Yémen, avait un nombre de combattants estimé à 1.600, selon des officiels somaliens et occidentaux du contre-terrorisme. Mais Samira Gaid, experte de la sécurité dans la Corne de l’Afrique, déclare que les effectifs croissants d’EI-Somalie et le terrain accidenté des montagnes du Pount auraient pu susciter un excès de confiance.
« À cause de leur folie, ils semblent avoir commis une erreur de calcul en affrontant les forces du Pount », dit-elle à VOA, en affirmant qu’environ 500 combattants de Daech ont été tués dans l’offensive des PDF.
« Leurs forces spéciales mobiles ont été leur fer de lance », selon elle. EI-Somalie a subi « des pertes sérieuses et il est probable qu’il ne se rétablira pas à court ou moyen terme. »
Plutôt que de se maintenir en position, les combattants d’EI-Somalie se sont divisés en trois groupes et ont fui dans des directions différentes, déclare les responsables somaliens à VOA. Environ 100 combattants d’EI-Somalie et certains membres de leur famille ont essayé de fuir à Karinka Qandala, autre région montagneuse au Nord de l’ancien bastion du groupe dans la vallée de Togjaceel. Deux groupes plus nombreux se sont enfuis vers Tog Miraale et Tog Curaar, respectivement au Nord-Ouest et à l’Ouest. Les PDF ont conduit des frappes aériennes contre le groupe qui a fui vers le Nord-Ouest près du village de Miraale, selon les responsables.
« L’évaluation des renseignements indique qu’il est très probable qu’ils essaieront d’établir de nouveaux refuges après avoir battu en retraite », selon le général de brigade Ahmed Abdullahi Sheikh, ancien commandant des forces spéciales Danab de Somalie. Il suit les informations concernant l’opération Hilaac des PDF depuis sa région natale.
Il déclare à VOA : « Bien que l’offensive semble conventionnelle, elle a employé continuellement des tactiques de guérilla. Il est probable que la défaite de Daech dans la vallée de Togjaceel le conduira à intensifier sa guerre asymétrique, avec une tentative de campagne irrégulière contre le Pount. »
Toutefois, le général Sheikh déclare qu’il pense que la force de contre-terrorisme des PDF possède les effectifs et les ressources nécessaires pour s’engager dans un conflit prolongé contre l’EI-Somalie. En outre, l’administration régionale du Pount soutient directement des forces de milices locales, appelées Ma’awisley, qui se sont mobilisées pour défendre les zones récemment reconquises contre les militants de l’EI-Somalie dans les montagnes de Cal Miskaad.
Ces milices, constituées principalement de pastoraux locaux, souffrent depuis longtemps aux mains des combattants de l’EI-Somalie, selon le général de brigade Mohamoud Mohamed Ahmed, porte-parole des PDF.
« L’administration du Pount a promis de soutenir ces forces locales pour sécuriser leurs zones et les protéger contre les menaces terroristes », a-t-il dit, selon le site web d’actualité Hiiraan Online.
Que ce soit avec les PDF ou les Ma’awisley, Mme Gaid déclare qu’il est crucial de maintenir une présence dans la région montagneuse.
« Pour le moment, il semble que les forces du Pount sont engagées et dotées de ressources abondantes. Toutefois, beaucoup dépendra de la sécurisation et du pourvoi en personnel des territoires que les forces du Pount libéreront, pour s’assurer que le groupe ne puisse pas revenir. »
En battant en retraite, EI-Somalie aurait pu gagner du temps pour cacher certains de ses chefs les plus proéminents et importants. En fait, les PDF n’ont trouvé aucune trace d’Abdulqadir Mumin, chef d’EI-Somalie qui est censé diriger le groupe mondial de Daech. Le commandant opérationnel Abdirahman Fahiye Isse et le directeur financier Abdiweli Mohamed Yusuf d’EI-Somalie se cachent aussi.
« Essayer de se dissimuler dans la population est la démarche naturelle, quoique difficile, lorsqu’on affronte une force supérieure », déclare Mme Gaid.