Le départ progressif de la MONUSCO est dangereux pour les civils congolais et les forces sur place
PERSONNEL D’ADF
La localité de Lubero est haut perchée dans les montagnes des Virunga. C’est là que les Casques bleus des Nations unies ont abaissé cérémonieusement leur drapeau et déployé l’étendard de la République démocratique du Congo (RDC). Le 26 décembre 2023, la mission onusienne appelée MONUSCO a cédé le contrôle d’une base qu’elle occupait depuis 21 ans.
Un résident se souvient de l’arrivée des gardiens de la paix et leurs efforts pour sécuriser les routes des environs.
« À l’époque, pour aller de Goma à Beni, il fallait prendre l’avion, dit-il à un représentant de l’ONU. Aucun commerçant n’osait voyager par la route à cause de la présence des groupes armés. »
Les Casques bleus de la MONUSCO ont commencé à se retirer progressivement de la RDC à la mi-décembre. La réduction des forces souligne l’importance de protéger les soldats qui restent.
Avec sa capacité limitée de protéger les civils contre les groupes armés dans l’Est du pays, l’armée congolaise (FARDC) essaiera de maintenir la paix. Son plus récent partenaire est une force régionale appelée SAMIDRC, composée de soldats de la Communauté de développement d’Afrique australe (CDAA).
Les contingents d’Afrique du Sud, du Malawi et de Tanzanie ont commencé à arriver le 15 décembre et la SAMIDRC a déclaré le 4 janvier qu’elle œuvrerait avec les FARDC en tant que « force régionale pour affronter la situation sécuritaire instable et détériorée qui prédomine dans l’Est de la RDC ».
Le gouvernement de la RDC, frustré par le manque d’engagement militaire, a demandé le retrait de la MONUSCO et d’une autre force régionale provenant de la Communauté d’Afrique de l’Est.
Thomas Mandrup, expert en gouvernance de sécurité africaine et professeur à l’université Stellenbosch d’Afrique du Sud, déclare que le focus consistera à stabiliser la région du Nord-Kivu et de confronter le groupe rebelle M23 qui est soutenu par le Rwanda.
« On compte sur la force de la CDAA pour essayer, avec la collaboration des forces de sécurité locales, de neutraliser les groupes principaux de rebelles actifs dans l’Est de la RDC, dit-il à The Conversation Africa. C’est quelque chose que la MONUSCO et la Force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est n’ont pas pu faire depuis ces vingt dernières années. »
« La nouvelle force d’intervention doit avoir une taille suffisante et posséder une couverture aérienne adéquate ainsi que des éléments de transport et aériens. Elle nécessitera aussi des renseignements tactiques et opérationnels et une puissance de tir suffisante. »
La SAMIDRC avance quelque peu dans un vide sécuritaire, alors que la MONUSCO réduit ses effectifs, qui s’élevaient à environ 13.800 soldats et policiers au moment de son plein déploiement.
La première phase du retrait des Casques bleus a commencé en décembre 2023 dans la province du Sud-Kivu et on s’attend à ce qu’elle s’achève à la fin avril 2024.
En mai 2024, la MONUSCO sera présente uniquement au Nord-Kivu et dans l’Ituri ; le nombre total de ses soldats en RDC sera réduit d’environ 2.350 en date du 1er juillet 2024. Les retraits additionnels seront déterminés après un rapport d’évaluation de la première phase, que le Conseil de sécurité de l’ONU pense publier à la fin juin 2024.
« L’année 2024 sera consacrée à la mise en œuvre de ce plan, qui recommande un retrait graduel, responsable et soutenable de la MONUSCO », déclare Bintou Keita, chef de mission, dans un discours enregistré et diffusé le 31 décembre 2023.
« Pendant cette phase de mise en œuvre, il est impératif de maintenir l’élan et l’esprit qui ont rendu possible le plan de désengagement, avec l’objectif de faire de ce retrait un modèle pour l’ONU et la population congolaise. »
Des préoccupations existent déjà alors que le départ de la MONUSCO crée des opportunités pour les groupes armés de se précipiter pour prendre la relève.
Lorsque le personnel de l’ONU est parti de la commune de Mushaki, à peine à 36 km au Nord-Ouest de Goma, capitale du Nord-Kivu, les responsables militaires congolais et les résidents ont déclaré à l’Associated Press (AP) que les rebelles du M23 ont occupé des avant-postes militaires et engagé les FARDC dans des combats intenses.
Le lieutenant-colonel Njike Kaiko Guillaume, porte-parole de l’armée, a déclaré que les frappes aériennes des FARDC ont délogé les rebelles avant que les soldats ne puissent reprendre Mushaki.
« Nous sommes en train de les contenir dans les collines, a-t-il dit à l’AP. Les stratégies mises en place sont conçues pour éviter les dommages collatéraux de notre population. »
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