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Face à des difficultés financières dues à la guerre et aux dettes chinoises, l’Éthiopie manque de payer ses échéances

PERSONNEL D’ADF

L’Éthiopie, affectée par le coût de la guerre, la pandémie de Covid-19 et ses emprunts chinois à hauteur de plusieurs milliards de dollars, a récemment manqué un paiement de remboursement d’un prêt. Elle a ainsi rejoint le Ghana et la Zambie sur la liste des pays africains incapables de rembourser leurs dettes.

Les prêts chinois représentent environ la moitié des 28 milliards de dollars de dette à l’étranger que l’Éthiopie a amassés au cours des 25 dernières années. Depuis 2000, l’Éthiopie a emprunté 13,7 milliards auprès de la Chine pour la construction de routes, chemins de fer, systèmes d’approvisionnement en eau et infrastructure de télécommunication, entre autres.

La plupart de ces prêts chinois ont été accordés par la Banque d’exportation et d’importation de Chine ou la Banque de développement de Chine et ont des taux d’intérêt plus élevés que les prêts des bailleurs tels que la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international. Les conditions sont aussi confidentielles, ce qui permet difficilement aux experts financiers et aux bailleurs internationaux de connaître le statut des prêts ou les conditions de non-paiement.

Selon les analystes, l’Éthiopie doit environ 7,7 milliards aux gouvernements étrangers, principalement à la Chine. Elle doit aussi 5,2 milliards aux créanciers privés, notamment 3,2 milliards aux banques commerciales.

L’Éthiopie a demandé au G-20, dont la Chine fait partie, de restructurer une portion de son endettement en vertu du Cadre commun du G-20, qui coordonne les allégements de dette avec les prêteurs publics et privés. Le Ghana et la Zambie l’ont utilisé pour alléger leurs propres pressions d’endettement, avec des résultat mitigés.

Selon le cadre commun, l’Éthiopie a signalé en août 2023 que la Chine lui permettrait de suspendre les paiements de dette qui seraient payables au cours des douze prochains mois. Étant donné que les prêts chinois accordés à l’Éthiopie ne sont pas transparents, le montant de ces paiements et les conditions dans lesquelles la suspension prendra fin en juillet 2024 demeurent incertains.

La guerre de l’Éthiopie au Tigré, qui a duré deux ans et s’est produite immédiatement à la suite de la pandémie de Covid-19, a épuisé les réserves de devises étrangères du pays, selon les analystes. La guerre a aussi fait augmenter l’inflation à mesure que l’économie s’affaiblissait.

Malgré la fin du conflit au Tigré, l’Éthiopie est toujours en proie à d’autres conflits dans les régions d’Amhara et d’Oromia. Ces conflits sapent la capacité financière du pays, selon les experts.

Ahmed Shide, ministre des Finances de l’Éthiopie, a déclaré que le pays avait évité d’obtenir des prêts commerciaux, le type de prêt utilisé par la Banque d’exportation et d’importation de Chine ou la Banque de développement de Chine, au cours des cinq dernières années. En général, ces prêts ne sont pas accordés avec une option d’annulation et peuvent nécessiter de longues renégociations pour prolonger la période de remboursement.

Selon M. Shide, l’Éthiopie s’est plutôt concentrée sur les prêts concessionnels, qui sont accompagnés de taux d’intérêt plus faibles que les prêts commerciaux et offrent des sursis pendant lesquels l’emprunteur peut suspendre ses paiements.

Le non-paiement de l’Éthiopie à l’échéance d’une euro-obligation de 33 millions de dollars provoquera la suspension de tout emprunt additionnel pour le moment, déclare l’économiste kényan Aly Khan Satchu sur Channels TV.

« Cela signifie essentiellement qu’aucun montant d’argent ne sera mis à leur disposition tant qu’une résolution n’est pas conclue. » Il ajoute que le non-paiement de l’euro-obligation est une façon pour l’Éthiopie de demander un allégement auprès de ses créanciers.

« Ils essaient de forcer tout le monde à s’asseoir à la table de négociation. »

Fitch Ratings a déclassé l’endettement de l’Éthiopie au statut des titres à haut risque, en déclarant que les plans de restructuration des dettes du pays au premier trimestre 2024 « pourraient toujours être optimistes ».

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