Le Liberia et la Côte d’Ivoire ont lancé conjointement des patrouilles sur le fleuve Cavally, qui forme une portion de leur frontière, dans le cadre d’une stratégie plus vaste visant à combiner les forces engagées contre la piraterie et la pêche illégale dans l’Ouest du golfe de Guinée.
La relation est importante pour le Liberia, car il s’appuie sur ses voisins pour l’aider à défendre son littoral, selon l’intervention du major-général Davidson Forleh, chef d’état-major des Forces armées du Liberia, lors de la récente conférence des chefs africains de la défense à Nairobi (Kenya).
« Il est important d’avoir des relations avec les pays qui ont des frontières communes, a-t-il dit. Lorsque les relations bilatérales sont alignées avec les objectifs régionaux, elles ne sont pas seulement nécessaires ; elles sont essentielles. »
Les opérations maritimes conjointes avec la Côte d’Ivoire font partie des efforts bilatéraux et multilatéraux plus vaste dans la région d’Afrique de l’Ouest, a déclaré le général.
Le Liberia connaît bien les avantages de la coopération régionale. Les collaborations régionales ont aidé à mettre fin à la guerre civile du Liberia et à restructurer son armée. Le Liberia compte sur ses voisins de la Côte d’Ivoire et la Sierra Leone pour entraîner ses jeunes soldats, a ajouté le général Forleh.
Aujourd’hui, la coopération bilatérale aide à sécuriser les pêches du fleuve Cavally, près du lieu où il se jette dans le golfe de Guinée. L’abondance des nutriments du fleuve soutient une zone de pêche extrêmement productive qui attire depuis longtemps la pêche légale et illégale. L’un des poissons les plus abondants a donné son nom au fleuve.
En 2017 et 2018, les autorités du Liberia ont capturé plus de douze vaisseaux de pêche qui traversaient les eaux du pays depuis la Côte d’Ivoire et pêchaient dans des zones réservées aux pêcheurs artisanaux. Deux vaisseaux de haut profil, le FV Hispasen-7 et le Bonheur, ont été capturés tous les deux près de la frontière ivoirienne par la Garde côtière du Liberia.
La répression a l’embouchure du fleuve Cavally a réduit la pêche illégale dans cette région et a permis aux stocks de poissons d’être restaurés. Toutefois, les experts ont reconnu à l’époque qu’il était probable que ce succès ne serait que provisoire.
Depuis, le Liberia et la Côte d’Ivoire ont renforcé leur coopération maritime. En 2022, les deux pays ont conclu un accord pour renforcer leur gestion coopérative des pêches et définir le rôle de chaque pays dans la lutte contre la pêche illégale.
En septembre 2024, les deux pays ont conduit un exercice conjoint, conçu pour prendre pour cible les pirates, les trafiquants de drogue et la pêche illégale dans leurs eaux littorales.
Molly Passawe, directrice du port franc de Monrovia, a décrit l’exercice comme étant le commencement d’une « initiative annuelle robuste ».
« C’est seulement le commencement et j’espère que cet effort continuera à croître dans nos deux pays. Ce partenariat est crucial pour réprimer les pirates, en particulier dans nos eaux. »
Le Liberia et la Côte d’Ivoire sont signataires de la Déclaration de Monrovia. Cet accord, finalisé en janvier, inclut le Bénin, le Ghana, le Nigeria et le Togo ; il recommande de fermer les zones de pêche pendant certaines périodes de l’année, conduire des patrouilles conjointes et créer un registre commun des vaisseaux autorisés à pêcher dans les eaux territoriales de chaque pays.
Dans ses commentaires à Nairobi, le général Forleh a mis l’accent sur les bonnes relations entre les chefs militaires, qui ont aidé à créer les liens coopératifs entre le Liberia et la Côte d’Ivoire. Des relations similaires ont aidé à bâtir des liens entre le Liberia et la Sierra Leone, son voisin du Nord-Ouest de l’autre côté du fleuve Mano. La Guinée est le quatrième membre de l’Union du fleuve Mano, créée il y a 52 ans.
En juin, les pays du fleuve Mano se sont réunis à Monrovia (Liberia) pour discuter de la création d’une commission pour résoudre les anciennes questions frontalières et renforcer la surveillance maritime.
Le général de brigade sierraléonais Alimamy Osman Kamara a loué l’Union du fleuve Mano comme exemple supplémentaire d’un accord régional qui œuvre pour protéger cette région d’Afrique de l’Ouest contre le crime transnational.
« Je veux affirmer qu’elle fonctionne », a déclaré le général Kamara à la conférence de Nairobi.