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Le Ghana fait face au fléau de l’extraction illégale de l’or par les Chinois

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PERSONNEL D’ADF

Avant de devenir indépendant en 1957, le Ghana était une colonie britannique appelée Côte-de-l’Or. Selon un vieil adage populaire, les gens disaient : « Il n’existe pas de terre au Ghana qui ne contienne pas d’or, même dans sa couche arable. Le Ghana est l’or. »

Aujourd’hui, le Ghana est le plus grand producteur d’or du continent et le sixième du monde, mais il a des difficultés pour affronter l’extraction illégale et généralisée de l’or. Les habitants locaux l’appellent « galamsey » ; ils disent qu’elle pollue le pays et menace l’économie.

Les mineurs ghanéens étaient habitués à miner l’or à faible profondeur en utilisant des pelles, des pioches, des batées et leurs mains. Maintenant, les « galamseyers » [orpailleurs] utilisent souvent des excavatrices et des bulldozers fournis par la Chine pour prospecter dans les lits de rivière et les fermes.

« Les entrepreneurs chinois sont à l’origine d’une grande partie de la hausse récente en s’associant avec les chefs locaux et, dans certains cas, en fournissant des machines d’excavation sophistiquées », écrit le journaliste Alexis Akwagyiram dans un reportage pour le site d’actualité Semafor.

Propulsé par une hausse historique des cours internationaux de l’or, le « galamsey » a constaté la montée de sa popularité alors que le pays riche en ressource a des difficultés pour maîtriser l’inflation et le chômage. Beaucoup de gens ont recours aux syndicats d’extraction illégale de l’or qui offrent jusqu’à 2.000 cedis (125 dollars) par semaine.

Selon l’agence régulatrice ghanéenne du secteur aurifère, les opérations de petite échelle ont produit 34 tonnes d’or au cours des sept premiers mois de 2024, soit plus que le total pour l’année 2023. Mais la majorité des profits du « galamsey » sont exportés en contrebande hors du pays et ne sont pas pris en compte pour calculer les revenus à l’exportation.

Des centaines de personnes ont manifestées à Accra en septembre et octobre 2024 pour avertir des impacts dévastateurs du « galamsey » sur l’environnement.

WaterAid, organisme caritatif international avec au moins dix projets au Ghana et des bureaux à Accra, exhorte le gouvernement à prendre « des mesures immédiates pour faire cesser “l’écocide” » alors que la société nationale des eaux avertit que le Ghana risque de devoir importer de l’eau à partir de 2030 si l’extraction illégale n’est pas réprimée.

Le Dr George Manful, ex-responsable de haut rang de l’agence ghanéenne de protection de l’environnement, avertit que les opérations minières contrôlées par la Chine emploient typiquement des produits chimiques tels que le mercure, le cyanure et l’acide nitrique pour séparer les particules d’or des sédiments avant de jeter les déchets dans les rivières. Ces produits chimiques sont nocifs pour la totalité de la chaîne alimentaire, selon lui, car ils s’accumulent dans les poissons et les récoltes irriguées par l’eau contaminée.

Il déclare à la station de radio ghanéenne Joy FM : « Le mercure peut rester dans l’eau pendant un millénaire. L’eau de ces rivières est si turbide qu’elle n’est pas potable. Nous nous empoisonnons peu à peu. »

En septembre, les professionnels de la santé ont exhorté l’État à interdire le « galamsey ».

Ils ont écrit : « L’augmentation des cas de maladie respiratoire, infection de la peau et maladie d’origine hydrique telle que le choléra et la diarrhée dans ces communautés est une conséquence directe des activités minières non contrôlées. Nous assistons à une catastrophe écologique avec des conséquences directes pour la santé des êtres humains, et cela doit être résolu de toute urgence. »

L’économiste et chercheur Enoch Randy Aikins recommande aussi une interdiction de toutes les activités minières, en particulier autour des plans d’eau et des réserves forestières.

Il écrit dans un article de septembre pour l’Institut d’études de sécurité basé en Afrique du Sud : « L’engagement du gouvernement est vital. Une commission indépendante et non partisane est nécessaire pour examiner les concessions, les permis et les activités de toutes les sociétés minières afin d’assurer que leurs opérations sont légales. Les transgresseurs doivent être rapidement traduits en justice pour démontrer l’intention du gouvernement. »

L’extraction illégale a affecté 7 des 16 régions et 34 des 288 réserves forestières du Ghana, selon John Allotey, chef de la Commission ghanéenne des forêts.

Il a déclaré le 13 août 2024 dans une conférence de presse à Accra : « Nous voulons intensifier la surveillance, employer les forces armées pour conduire des opérations dans les zones sensibles et obtenir un financement additionnel. »

Avec l’opération Halt, l’opération Vanguard et l’opération Flush Out, le gouvernement a déployé les Forces armées du Ghana pour contrôler le « galamsey », mais les mineurs retournent toujours rapidement aux sites démantelés, parfois dans un délai de quelques heures.

Le gouvernement a aussi réprimé les immigrants chinois. Le procureur général et ministre de la Justice Godfred Yeboah Dame a déclaré en septembre 2024 que 76 personnes, dont 18 ressortissants étrangers, avaient été reconnues coupables d’extraction illégale depuis août 2021, et que des poursuites étaient intentées contre 850 autres personnes.

L’ambassadeur de Chine Tong Defa a demandé le 12 septembre 2024 aux immigrants chinois de ne pas pratiquer l’extraction illégale, et au gouvernement ghanéen de poursuivre en justice ceux qui le font.

Mais les facteurs et les causes profondes du « galamsey » existent toujours.

La chercheuse Heidi Hausermann a écrit dans un rapport de 2020 pour le journal Human Geography : « Entre 2008 et 2016, plus de 50.000 ressortissants chinois se sont relocalisés au Ghana pour extraire l’or dans des concessions à petite échelle. Ceci est particulièrement surprenant étant donné que l’extraction à petite échelle est une activité réservée aux citoyens ghanéens. »

Kwame Amoah, mineur de Wasa dans la région Occidentale, déclare qu’il se sent frustré par les lois du Ghana concernant l’extraction à petite échelle, qui a été légalisée en 1989 tout en interdisant explicitement aux étrangers de la pratiquer.

Il a dit en octobre 2024, selon GhanaWeb : « J’implore le gouvernement. Une personne venant de Chine ne devrait pas bénéficier plus facilement alors qu’un Ghanéen est arrêté pour faire la même chose. »

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