Africa Defense Forum

Commémoration des « fantômes » des bataillons Kagnew d’Éthiopie

PERSONNEL D’ADF

Lorsque les Nations unies demandent aux pays membres d’intervenir dans la guerre de Corée en 1950, plus de vingt nations envoient leurs soldats au combat. Deux pays africains se portent volontaires pour envoyer des troupes : l’Afrique du Sud et l’Éthiopie.

Pour l’empereur éthiopien Haïlé Sélassié, les combats sont cruciaux à cause de l’histoire de son pays. Lorsque l’Italie avait envahi son pays en 1935, l’empereur avait demandé à la Société des Nations d’assister l’Éthiopie mais il ne reçut aucun soutien. Donc, lorsque l’ONU demande de l’aide en Corée, il est désireux de démontrer son engagement envers les forces régionales. Ses soldats des bataillons Kagnew portent le nom du cheval de guerre du père de l’empereur et ils combattent comme nul autre.

Les bataillons Kagnew ont leur code unique pour faire la guerre. Ils ne laissent jamais de soldat sur le terrain, blessé ou mort. Aucun soldat éthiopien n’a jamais été capturé par les Nord-Coréens ou les Chinois. Ces derniers, qui n’avaient jamais vu de soldats noirs auparavant, les appellent des « fantômes ». Un académicien remarqua plus tard que les Kagnew « avait une capacité spéciale pour se déplacer et combattre dans l’obscurité ».

À l’époque, les Forces armées de l’Éthiopie sont constituées de la division des gardes du corps impériaux, trois divisions de l’armée de terre, une petite armée de l’air avec quelques bombardiers légers suédois et une armée provinciale de réserve. La division des gardes du corps impériaux, ou Kebur Zabagna, est l’unité d’élite et les bataillons destinés à la Corée proviennent principalement de ses échelons.

Avant de se rendre en Corée, les soldats s’entraînent pendant huit mois, sous des conditions intenses dans les montagnes d’Éthiopie, dont le terrain est similaire à celui de la péninsule coréenne. Le premier bataillon Kagnew de 1.122 soldats part en bateau de Djibouti et continue à s’entraîner à bord pendant le voyage de trois semaines. Ils arrivent en Corée en mai 1951 et sont désignés EEFK (acronyme de la Force expéditionnaire éthiopienne – Corée).

L’Armée de terre des États-Unis comprend rapidement que les Éthiopiens ne nécessitent pas de formation additionnelle. Elle les affecte à la 7ème division d’infanterie américaine.

Les conditions ne sont pas toujours idéales. Beaucoup de soldats éthiopiens n’ont jamais vu de neige et ne sont pas habitués aux hivers coréens rigoureux. Les Éthiopiens ne peuvent pas parler l’anglais et, bien qu’ils aient reçu une formation militaire, elle est différente des tactiques américaines. Mais en première ligne, leur férocité gagne l’admiration de leurs compagnons, qui démontrent leur respects en les appelant Kagnew plutôt que l’EEFK. En moins d’un an, ils dirigent leurs propres opérations. Alors que la guerre se poursuit, l’Éthiopie envoie des femmes en Corée pour travailler comme infirmières.

Les batailles les plus fameuses de la guerre sont peut-être les deux batailles de Pork Chop Hill en 1953, au moment où la Chine et la Corée du Nord essaient de négocier un accord de cessez-le feu avec les forces de l’ONU. À un point, comme l’a noté l’historien des combats S.L.A. Marshall, « huit Éthiopiens ont traversé le no man’s land sur 800 m et ont gravi le flanc de la colline T-Bone pour pénétrer dans les tranchées ennemies » alors que les forces ennemies les observaient. « Lorsqu’on a regardé ensuite, les huit étaient devenus dix. La patrouille ramenait deux prisonniers chinois qu’elle avait saisis des mains du bataillon communiste. »

Pendant la guerre, 3.158 Éthiopiens participent. Ils subissent 121 tués et 536 blessés. Les bataillons Kagnew participent à 238 combats et reçoivent un grand nombre de citations d’unité et individuelles pour bravoure.

Lorsque les combats cessent, les Éthiopiens n’ont pas de soldats à recueillir lors de l’échange de prisonniers parce qu’aucun soldat Kagnew ne s’était rendu.

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