Les avances en Somalie et au Mozambique permettent de cibler le financement de l’IS-CAP
PERSONNEL D’ADF
Depuis sept ans, l’État islamique en Afrique centrale (IS-CAP) compte sur un réseau de groupes affiliés à Daech pour financer en grande mesure sa campagne de terreur dans l’Est de la République démocratique du Congo et en Ouganda. Toutefois, certains événements récents suggèrent que ce réseau pourrait être aujourd’hui moins fiable qu’il ne l’était auparavant.
Deux événements semblent avoir fragilisé les finances de l’IS-CAP : l’effondrement récent des opérations de Daech au Mozambique et les pertes continuelles des chebabs en Somalie. L’IS-CAP, comme d’autres groupes de ce type, pratique aussi l’extorsion des résidents locaux des provinces congolaises du Nord-Kivu et de l’Ituri, où il est l’une de plusieurs dizaines d’organisations cherchant à dominer.
Bien que les finances de l’IS-CAP soient gérées par un bureau de Daech en Somalie, les bureaux affiliés d’Égypte, de Libye et du Soudan ont fermé leurs portes au cours des dernières années, ce qui a réduit les contributions provenant de ces régions.
Avant la déclaration par les Forces démocratiques alliées ougandaises de leur loyauté à Daech en 2017, Daech avait financé ses affiliés directement à partir de ses opérations en Irak et en Syrie. Ces circonstances ont complètement changé au moment où les Forces démocratiques alliées, financièrement asphyxiées, se sont rebaptisées IS-CAP et ont rejoint Daech.
En date de 2017, Daech avait perdu ses vastes territoires d’Irak et de Syrie et ne pouvait plus servir de source unique d’argent. Au lieu de cela, il encouragea IS-CAP à rechercher un financement auprès d’autres affiliés de Daech en Afrique, notamment les chebabs somaliens et les réseaux criminels sud-africains.
« Une grande quantité d’argent obtenue par IS-CAP a été envoyée en Ouganda, où les réseaux d’IS-CAP ont reçu ces fonds pour les utiliser localement ou les passer en contrebande au Congo », ont écrit les enquêteurs de la Bridgeway Foundation dans une analyse récente du financement d’IS-CAP.
Ce système a permis à IS-CAP d’enregistrer une forte croissance dans la province congolaise du Nord-Kivu, où le groupe est devenu notoire pour ses attentats suicides et ses assassinats visant les civils qui coopèrent avec les gardiens de la paix ou les soldats du gouvernement.
Le réseau de financement dépend des transferts d’argent pour le bénéfice d’IS-CAP grâce à un hawala, système de transfert qui permet les dépôts d’un côté de la filière financière et les retraits de l’autre. En Ouganda, les destinataires fournissent une pièce d’identité avec photo pour recevoir l’argent. Ailleurs, ils pourraient confirmer la réception de l’argent par téléphone. Ces deux types de transactions laissent une piste électronique qui pourrait révéler quels sont les acteurs qui y participent, selon des interviews conduites par la Bridgeway Foundation avec d’anciens membres d’IS-CAP.
Depuis 2021, la RDC et l’Ouganda ont œuvré ensemble dans le cadre de l’opération Shuja pour confronter l’IS-CAP dans une série de bombardements et d’assauts terrestres. Cette opération inclut un engagement de partage des renseignements concernant IS-CAP.
Étant donné que la MONUSCO, mission de maintien de la paix des Nations unies en RDC, prendra fin en décembre prochain, les observateurs s’attendent à ce que les activités d’IS-CAP s’accélèrent au cours des douze prochains mois. Selon les analystes de la Bridgeway Foundation, la coopération régionale en Afrique de l’Est et Afrique australe sera cruciale pour perturber le financement de l’IS-CAP et, finalement, pour le démanteler.
« Une telle coopération régionale devrait prioriser le suivi et la clôture des flux financiers de l’IS-CAP, ainsi que la perturbation des cellules de recrutement », a récemment écrit Caleb Weiss, analyste de la Bridgeway Foundation, pour la Hoover Institution.
Le développement économique dans les communautés sujettes au recrutement par l’IS-CAP sera aussi crucial pour saper sa capacité de provoquer le chaos.
« En même temps, il est crucial d’offrir un soutien à ceux qui se rendent, en particulier ceux qui ont été dupés ou forcés à rejoindre l’IS-CAP, afin de réduire ses effectifs », écrit Caleb Weiss.
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