Africa Defense Forum

Le nombre d’enlèvements commis par les combattants rebelles de l’ALO augmente dans la région éthiopienne d’Oromia

PERSONNEL D’ADF

L’homme d’affaires éthiopien Tola Tesfaye retournait à Addis-Abeba lorsque des hommes armés ont arrêté son véhicule et l’ont enlevé, exigeant une rançon de 1,3 million de birr (23.000 dollars).

L’expérience de M. Tesfaye est devenue courante dans l’État d’Oromia, en Éthiopie centrale, à cause de l’Armée de libération oromo (ALO). Le groupe rebelle combat le gouvernement éthiopien depuis 2018, date à laquelle il s’est séparé de sa branche politique, appelée Front de libération oromo (FLO), qui avait signé un accord de paix avec le gouvernement national.

Depuis 2018, le conflit existant entre l’ALO et le gouvernement fédéral accroît l’insécurité dans le centre du pays. L’ALO est aussi responsable pour la mort de centaines de civils, en plus des enlèvements. Le gouvernement fédéral la caractérise d’organisation terroriste.

« Du moment que les ravisseurs présumés sont des membres de l’ALO, nous avons habituellement recours à la proclamation d’antiterrorisme pour les poursuivre en justice, même en cas de procès par contumace », a déclaré un procureur de haut rang du Bureau de justice de l’état régional d’Oromia à l’Institut d’études de sécurité (ISS), en demandant l’anonymat.

Jusqu’à une date récente, les ravisseurs de l’ALO étaient actifs surtout en Oromia occidentale et étaient motivés par la politique plus que par l’argent. Ces enlèvements prenaient pour cible les policiers, les responsables gouvernementaux et leur famille. Ceci commence à changer.

Les experts disent que l’ALO a eu recours aux enlèvements pour gagner des revenus, en plus du soutien à ses exigences politiques. Les ravisseurs ont enlevé des chercheurs de terrain, des ouvriers de centrale électrique, des passagers d’autobus, des participants aux festivals et même des responsables politiques tels que Bekele Kacha, gouverneur du district de Seden Sodo dans la zone Sud-Ouest Shewa de la région d’Oromia. M. Kacha avait été enlevé en juin 2023 et son cadavre avait été retrouvé quelques jours plus tard alors que sa famille était engagée à recueillir sa rançon de 177.000 dollars.

L’enlèvement des employés d’une usine de ciment dans la zone Nord Shewa de l’Oromia en octobre 2023 s’est produit lorsque le groupe essaya de prendre le contrôle de Fitche, la capitale de la zone. La tentative a pris fin après des combats acharnés avec les forces gouvernementales.

« Même si vous payez simplement vos impôts, les combattants vous attaqueront. Il est très rare de trouver une famille dans notre région qui n’a pas été affectée par les enlèvements », a déclaré Alemetu, une victime récente d’enlèvement, au Guardian.

Alemetu, épouse d’un employé du gouvernement, avait été enlevée de chez elle alors qu’elle était enceinte. Elle avait été attachée à un arbre et battue avec une cravache alors que ses ravisseurs demandaient à sa famille de payer une rançon. En même temps, sa famille essayait de libérer son oncle, qui avait été lui aussi enlevé contre rançon. Les deux rançons ont laissé la famille démunie.

Selon le Conseil éthiopien des droits de l’homme, les victimes d’enlèvement subissent souvent des tortures et un traitement inhumain dans des conditions épouvantables.

Les ravisseurs ont concentré leur attention en grande partie sur la route qui relie Addis-Abeba à Djibouti. Ce dernier est le port principal de l’Éthiopie, pays sans littoral. Environ 95 % des importations éthiopiennes traversent ce couloir, ce qui fait des enlèvements d’Oromia une menace pour l’économie nationale, selon les experts.

On soupçonne que les paiements contre rançon financent les conflits et aident le trafic d’armes transnational et les crimes financiers, selon un article récent de Tadesse Simie Metekia et Messay Asgedom Gobena pour l’ISS.

Ces auteurs demandent aux autorités fédérales égyptiennes d’intensifier leurs investigations des activités de l’ALO, en particulier en rapport avec les enlèvements contre rançon. « Que ces enlèvements soient ou non des actes de banditisme, de terrorisme ou de crime organisé, l’Éthiopie doit conduire des investigations approfondies basées sur les renseignements et formuler une stratégie focalisée pour faire face à ces crimes. »

Comments are closed.