L’armée soudanaise souhaite regagner du terrain et le soutien du public contre les RSF
PERSONNEL D’ADF
Après avoir perdu du terrain pendant des mois, les Forces armées soudanaises ont lancé de nouvelles offensives contre les Forces de soutien rapide, un groupe paramilitaire d’opposition, en récupérant des territoires à Omdourman et d’autres lieux. Le succès futur de cette nouvelle offensive demeure incertain.
Les observateurs ont remarqué que les Forces de soutien rapide (RSF) sont « agiles, capables et autofinancées » depuis le début du conflit en avril 2003, selon l’opinion de l’analyste Michael Horton, à cause des vastes opérations de contrebande d’or de leur chef, le général Mohamed Hamdan Dogolo alias « Hemeti ».
Avant la rupture entre Hemeti et le général Abdel Fattah al-Burhan, chef des Forces armées soudanaises (SAF), les RSF hautement mobiles étaient employées comme une sorte d’infanterie pour les SAF, lesquelles s’appuyaient surtout sur les armes lourdes et les aéronefs.
Bien que les deux forces aient des effectifs équivalents, les RSF ont employé leur mobilité et leurs combattants aguerris pour saisir le contrôle de vastes régions dans l’Ouest et le Sud du Soudan. Les SAF contrôlent le couloir du Nil et les provinces de l’Est, en plus de quelques enclaves dans le territoire des RSF.
À la fin janvier, le général Burhan, basé à Port-Soudan, a annoncé un changement de stratégie conçu pour porter le combat chez les RSF.
« Nous ne serons plus sur la défensive, a-t-il dit à des soldats dans l’État de Kassala. Nous avancerons et attaquerons avec les forces des mouvements dans toutes les directions, depuis le Darfour et les états de l’Est, les états du centre et les états du Nord, en nous appuyant sur la volonté et la détermination du peuple soudanais qui reste uni avec nos forces armées contre les rebelles. »
Cette annonce signale une transition officielle entre la posture défensive et la stratégie offensive contre les RSF, près de neuf mois après le début du conflit, selon le Sudan Tribune.
Dans le cadre de sa nouvelle campagne anti-RSF, le général Burhan a utilisé ses pouvoirs en tant que président de facto du Soudan pour refuser une aide humanitaire aux régions sous le contrôle des RSF.
Après le début des combats entre les RSF et les SAF, le général avait lancé un programme de recrutement en enrôlant des milices existantes à ses côtés, en entraînant ses soldats dans les tactiques de guérilla et en armant les SAF pour la guerre de guérilla. Les SAF ont aussi ouvert des camps d’entraînement pour les femmes et les jeunes filles.
Le général Burhan a aussi restauré les relations avec l’Iran, qui a commencé à livrer aux SAF des aéronefs drones offrant de nouvelles capacités de reconnaissance et d’attaque de précision. Le Sudan War Monitor a signalé la présence d’avions cargos appartenant au corps des gardiens de la révolution islamique dans des aérodromes contrôlés par les SAF.
« L’une des raisons principales considérées comme ayant incité l’armée soudanaise à restaurer les relations avec l’Iran est son intention d’acquérir une assistance militaire à un moment où ses forces ont enregistré des revers majeurs contre les RSF », a récemment écrit l’analyste Marc Español pour The New Arab.
Au cours des dernières semaines, les SAF ont lancé des attaques dans les zones d’Omdourman contrôlées par les RSF pour lever le siège du corps du génie qui y est situé. Les SAF ont aussi lancé des attaques contre les combattants RSF près des avant-postes militaires au Sud et à l’Ouest de Khartoum.
« Pour la première fois depuis le début de la guerre, elles [les SAF] ont effectué des avancées lentes mais importantes », écrit-il.
Au début février, le général Burhan s’est rendu à Omdourman pour visiter les premières lignes.
Alors même qu’elles enregistrent des victoires sur le champ de bataille, les SAF doivent toujours rebâtir le soutien du public, en particulier dans les régions qu’elles ont cédées aux RSF. Après la chute de Wad Madani en décembre, le général Burhan avait affronté des demandes pour sa démission en tant que chef des SAF, émises par des civils soudanais. Entre-temps, dans les endroits tels que l’État du Nil, des milliers de civils prennent les armes pour se défendre contre la possibilité d’une incursion par les RSF.
Suleiman al-Sadig, avocat d’Atbara (ville de l’État du Nil), a récemment déclaré à Al Jazeera : « Les gens pensent surtout que l’armée ne peut plus les protéger ».
Comments are closed.