La Marine nigériane se munit de drones pour conduire des patrouilles anti-piraterie dans le golfe de Guinée

PERSONNEL D’ADF

L’enlèvement des membres d’équipage d’un pétrolier entre la Côte d’Ivoire et le Cameroun le 1er janvier 2024 fait brutalement rappeler que la piraterie reste préoccupante dans le golfe de Guinée. En réponse, la Marine nigériane a accru son arsenal de drones maritimes pour aider à surveiller les eaux côtières.

« Dans une époque où la nature de la guerre évolue rapidement, l’adoption de technologies de pointe devient impérative pour améliorer notre sécurité nationale », a déclaré le vice-amiral Emmanuel Ogalla, chef d’état-major de la Marine (CNS), lors d’une cérémonie récente pour inaugurer douze véhicules aériens sans humain à bord Ovation, fabriqués au Royaume-Uni par Comstrac Systems.

L’amiral Ogalla a dit que les drones amélioreraient la capacité de la Marine pour soutenir les bâtiments de surface et surveiller les activités en mer.

Dans le cadre de son projet anti-piraterie Deep Blue, la Marine nigériane a ajouté d’autres drones au cours des dernières années. Ces drones assurent la surveillance, recueillent les renseignements, relaient les communications et peuvent effectuer des frappes de précision contre des cibles désignées.

Après un déclin important entre 2020 et 2022, la piraterie commence à augmenter à nouveau le long des côtes d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. De l’Angola au Sénégal, les sociétés internationales de transports maritimes signalent un augmentation des attaques. Les Nations unies estiment que la piraterie dans le golfe de Guinée coûte près de 2 millions de dollars par an.

Le Bureau maritime international (BMI) de la Chambre internationale de commerce signale 21 incidents liés à la piraterie dans le golfe de Guinée au cours des neuf premiers mois de 2023, comparé à 14 incidents pendant la même période en 2022. Lors de ces attaques, 54 membres d’équipage ont été pris en otage, 14 ont été enlevés et 2 ont été blessés.

Certains attaquants, comme ceux au large des côtes de l’Angola le 3 janvier 2024, abordent le navire pour le piller. Mais le plus souvent, le but est d’enlever les membres d’équipage pour toucher des rançons. C’était le cas le Nouvel An lorsque les pirates ont attaqué un pétrolier au large des côtes de la Guinée équatoriale et enlevé neuf membres d’équipage, y compris le commandant.

Cette hause a incité le BMI à avertir les sociétés de transport maritime en 2023 de prendre davantage de précautions lors de la traversée du golfe de Guinée, où ont lieu 95 % de tous les enlèvements en mer.

Michael Howlett, directeur du BMI, a déclaré en octobre 2023 : « Le golfe de Guinée est une région préoccupante avec une hausse des incidents signalés, contrairement à la tendance à la baisse que nous avons constatée au cours des deux dernières années. Le BMI considère que la responsabilisation régionale est cruciale pour protéger les transports et le commerce et pour riposter à ces crimes. »

Le Nigeria, qui a l’une des flottes en haute mer les plus importantes d’Afrique, a assumé le leadership de la confrontation de la piraterie dans le golfe de Guinée, voie de transports maritimes affairée.

Chaque jour, environ 1.500 navires traversent ce golfe de 11.000 kilomètres carrés. Les attaques récentes contre les transports maritimes en mer Rouge ont forcé encore plus de navires à entrer dans le golfe alors qu’ils contournent l’Afrique plutôt que d’utiliser le canal de Suez. Bien que les attaques se produisent surtout entre la Côte d’Ivoire et la République du Congo, beaucoup de pirates sont basés dans les îles et les chenaux de marée du delta du Niger au Nigeria.

Les agences internationales déclarent qu’il est crucial pour les pays du golfe de Guinée de confronter la piraterie s’ils souhaitent développer leur économie, réprimer la pêche illégale et concentrer leurs forces armées sur la sécurité nationale.

« La fréquence et la violence de ces attaques préoccupent les marines qui pourraient s’attaquer à d’autres menaces pesant sur la sécurité maritime », ont écrit les chercheurs de Stable Seas, organisme de recherche sur la sécurité maritime transnationale, dans un rapport de 2021 sur le coût de la piraterie dans le golfe de Guinée.

À mesure que la piraterie augmente dans le golfe de Guinée, les pirates avancent en haute mer, ce qui les rend plus difficiles à confronter. Pour la Marine nigériane, le nouveau système de drones fournit la technologie nécessaire pour attaquer les pirates.

« Ces UAV avec leurs capacités de pointe et leur polyvalence amélioreront sans aucun doute notre surveillance navale pour développer nos aptitudes stratégiques, déclare l’amiral Ogalla. Je ne doute pas que cela réorientera la Marine nigériane vers une meilleure livraison des services dans le domaine maritime de notre cher pays. »