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Maintenant que le barrage est rempli, l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan considèrent la reprise des pourparlers

PERSONNEL D’ADF

L’Éthiopie a récemment achevé le quatrième et dernier remplissage de son gigantesque Grand Barrage de la renaissance éthiopienne (GERD). Toutefois, les disputes avec l’Égypte et le Soudan créées par le barrage n’ont pas été résolues.

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé le 10 septembre la fin de cet effort, qui a duré plusieurs années, pour remplir l’énorme réservoir du barrage.

Sa déclaration a provoqué une réponse irritée de la part de l’Égypte, qui s’oppose au barrage sur le Nil Bleu depuis le début de sa construction en 2011.

« Les mesures unilatérales de l’Éthiopie apparaissent ignorer les intérêts et les droits des pays en aval et de la sécurité de leurs eaux, comme le garantissent les principes du droits international », a déclaré le ministère égyptien des Affaires étrangères après l’annonce de M. Ahmed.

L’Égypte et le Soudan ont des barrages sur le Nil pour fournir de l’eau aux fins d’irrigation et pour contrôler les inondations. Le haut barrage d’Assouan en Égypte est en service depuis 1970, le barrage soudanais de Merowe depuis 2009 et celui de Jebel Aulia depuis 1937. Ce dernier est situé sur le Nil Blanc en amont de Khartoum.

Au cours des 50 dernières années, 25 barrages hydroélectriques ont été construits sur le Nil et ses deux principaux affluents ; d’autres sont en cours de planification ou de construction.

Malgré la persistance des tensions liées au barrage éthiopien, l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan ont récemment repris les pourparlers en juillet pour élaborer un plan final avant la fin de l’année dans le but de gérer le projet de façon à protéger les intérêts des trois pays.

Le retour à la table des négociations a mis fin à une impasse de deux ans pendant laquelle l’Éthiopie avait continué les remplissages programmés. Des pourparlers trilatéraux au Caire au mois d’août ont pris fin sans résolution, et une deuxième série de négociations à Addis-Abeba en septembre a abouti à des promesses pour continuer de parler.

« L’Éthiopie s’est engagée à atteindre une solution négociée à l’amiable par l’intermédiaire du processus trilatéral en cours », écrit le ministère des Affaires étrangères d’Éthiopie sur X (anciennement Twitter).

L’Éthiopie considère que ce barrage hydroélectrique géant sur le Nil Bleu est vital pour son avenir économique. Le barrage sera une source d’électricité pour des millions d’Éthiopiens qui n’en ont pas pour le moment. Le pays pourra revendre son excès de capacité dû au barrage à ses voisins pour produire des revenus. Le Soudan a déjà convenu d’acheter jusqu’à 1.000 mégawatts d’électricité produits par le GERD.

L’Éthiopie affirme que l’eau traverse le barrage pour faire tourner les turbines électriques et donc que le projet ne menace aucunement les pays en aval. La production d’électricité a commencé en 2022.

Les experts conviennent que le barrage pourrait être bénéfique pour le Soudan, par exemple en empêchant les inondations saisonnières de Khartoum, la capitale située au point de convergence du Nil Blanc et du Nil Bleu. Il pourrait aussi aider l’Égypte et le Soudan en stockant de l’eau pour protéger contre la sécheresse provoquée par les changements climatiques.

Le Nil Bleu représente environ 85 % du débit total du Nil.

C’est pour cela que les responsables égyptiens déclarent que le barrage donne à l’Éthiopie la capacité de stopper l’écoulement du Nil en cas de conflit régional. L’Égypte obtient du Nil 97 % de sa consommation d’eau douce, et plus de 80 % est utilisé pour l’irrigation des cultures clés telles que le coton et les céréales. Alors que sa population continue à croître, l’Égypte a commencé à moderniser ses méthodes agricoles pour utiliser l’eau de façon plus efficace.

L’Égypte souhaite un accord contraignant pour contrôler la façon dont l’Éthiopie gère le GERD, exigence à laquelle l’Éthiopie s’oppose. Un tel accord, accompagné d’une supervision régionale, pourrait éviter les conflits futurs liés au GERD, selon Sophie de Bruin, chercheuse spécialiste du changement climatique à Vrije Universiteit Amsterdam.

« Les traités concernant l’eau et les organisations fortes des bassins fluviaux augmentent la probabilité d’une coopération stable et à long terme entre les états », a-t-elle écrit récemment pour The Conversation.

Lors d’une réunion de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre, le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Shoukry a offert une note d’espoir concernant le barrage et les plus récentes négociations.

« Nous continuons à anticiper que notre bonne volonté sera récompensée par un engagement de la part de l’Éthiopie pour conclure un accord qui protégera les intérêts de l’Égypte, du Soudan et de l’Éthiopie », a-t-il dit.

Mais il a aussi ajouté : « Ce serait une erreur de supposer que nous pourrions accepter un fait accompli affectant l’existence de 100 millions de citoyens égyptiens. »

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