Africa Defense Forum

Mo Ibrahim exhorte l’Afrique à combattre l’autoritarisme de « l’homme fort »

PERSONNEL D’ADF

L’Afrique est moins sécurisée et moins démocratique qu’il y a dix ans, mais l’espoir est toujours présent.

La Fondation Mo Ibrahim a publié les résultats frappants du tout récent index Ibrahim de la gouvernance africaine le 25 janvier 2023. Mais ces résultats n’ont pas diminué la foi du milliardaire soudanais qui a créé la fondation.

« Observez ces jeunes au Soudan, déclare-t-il à Reuters. Depuis trois ans maintenant, ils sont dans les rues. Ils veulent la démocratie, la liberté, les choses qu’ils n’ont jamais connues dans la vie. »

« Lorsque je vois ces garçons, j’ai de l’espoir. »

Cet index, publié annuellement depuis 2007, évalue la qualité de gouvernance des 54 pays africains dans la plus récente décennie disponible. Les dernières données concernent la période 2012 à 2021.

Pendant cette période, déclare M. Ibrahim, de grands progrès ont été faits, suivis par une enjambée en arrière au cours des dernières années.

« Nous reculons dans le domaine de la participation, des droits, de la sécurité et la sûreté des personnes, dit-il. La gouvernance africaine est au point mort depuis 2019. »

Au cours des dix dernières années, près de 70 % des gens vivaient dans des pays sujets à une situation sécuritaire qui se détériorait : l’index montre que plus de 30 pays ont baissé dans cette catégorie.

Ces dernières années ont enregistré une hausse des conflits armés sur le continent, ainsi que la violence contre les civils. Les insurrections se sont aggravées au Sahel, dans la Corne de l’Afrique et au Mozambique.

Dans certaines régions, les campagnes soutenues de violence peuvent être directement liées à des leaders élus qui ont été renversés.

Ibrahim avertit que les coups d’état, qui étaient fréquents en Afrique dans les années 80, sont devenus encore plus fréquents. Les juntes militaires qui saisissent le pouvoir dans certains des pays les moins stables d’Afrique de l’Ouest présentent une préoccupation particulière.

Au cours des dix dernières années, il y a eu 23 tentatives de coup d’état, y compris huit qui ont réussi entre avril 2019 et septembre 2022.

« Nous avons commencé à voir des coups d’état, ce qui était selon nous quelque chose du passé, déclare-t-il à Reuters. Nous avons commencé à voir ce phénomène de l’homme fort. C’est quelque chose contre quoi il faut riposter. »

Le rapport note aussi ce que M. Ibrahim appelle un double coup dur : la pandémie de Covid-19 et la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Ces facteurs ont servi de couverture pour que certains hommes autoritaires resserrent les brides.

Dans l’ensemble, les autocrates ont récemment gagné du terrain alors que les démocrates ont été affaiblis, selon l’index de la démocratie de 2021 publié en 2022 par l’Economist Intelligence Unit, filiale du journal The Economist.

Cet index montre que 16 des 44 pays d’Afrique subsaharienne ont enregistré une baisse de leur score démocratique par rapport à 2020, alors que 14 ont été classés comme des « régimes hybrides » et les autres 14 comme complètement autoritaires.

« La propagation des groupes djihadistes en Afrique de l’Ouest, à laquelle s’ajoute l’incapacité croissante du Nigeria pour agir comme marchand de pouvoir au niveau régional, a conduit à une hausse des tensions entre les gouvernements et les forces armées, ce qui crée des conditions encourageant un accroissement de la division en factions des élites en compétition et une augmentation du nombre de coups d’état », selon le rapport.

L’index Ibrahim 2022 comporte quelques points positifs, notamment une plus grande égalité des sexes, une amélioration des communications numériques dans tous les pays, des progrès majeurs d’infrastructure sur tout le continent et des avancées dans les secteurs de la santé, l’éducation et la durabilité écologique.

« Le résultat principal est vraiment le fait que la gouvernance s’est améliorée au cours de la dernière décennie, déclare M. Ibrahim, mais cette amélioration s’est presque arrêtée au cours des trois ou quatre dernières années dans les domaines de la sécurité, de l’état de droit, des droits de l’homme, de la participation et de l’inclusion. »

« Tout cela s’est détérioré. »

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