Le maintien de la sécurité au Mozambique est un travail difficile
PERSONNEL D’ADF
Avec les nombreux défis pour éliminer les extrémistes islamistes des forêts denses du Nord-Est du Mozambique, un autre problème existe : le maintien de l’effort militaire conjoint.
En plus de la Force de défense armée du Mozambique (FADM), les forces militaires de la région et celles du Rwanda ont été déployées en 2021 dans la province rétive du Cabo Delgado où les insurgés extrémistes terrorisent les civils depuis plusieurs années.
Depuis 2017, au moins 3.600 personnes ont été tuées par les terroristes dans la province et plus de 820.000 se sont enfuies de chez elles.
Des progrès ont été enregistrés sur le terrain contre Ansar al-Sunna, qui est appelé localement al-Shebab sans être lié au groupe terroriste du même non basé en Somalie.
L’experte sud-africaine en sécurité Liesl Louw-Vaudran a déclaré au journal The Irish Times : « Après avoir subi des défaites au Cabo Delgado l’an dernier, al-Shebab a retiré quelques combattants de la région. Ils sont réapparus à Niassa, province à l’Est du Cabo Delgado en bordure du Malawi, où ils ont récemment attaqué et pillé des villages. »
Le Dr Louw-Vaudran, chercheuse principale à l’Institute for Security Studies (Institut pour les études de sécurité), a averti que le nombre de soldats et l’équipement logistique étaient inférieurs aux niveaux nécessaires, et que les communications et la collaboration entre les trois forces faisaient défaut.
Le 12 janvier, la Communauté de développement de l’Afrique australe (CDAA) a renouvelé le mandat de sa mission militaire au Mozambique (SAMIM) une deuxième fois. Le block régional a accordé 29,5 millions de dollars pour les trois premiers mois de cette extension d’un semestre.
Lorsque la SAMIM a été déployée en juillet 2021, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a déclaré que son pays inclurait dans son budget près d’un milliards de rands (plus de 64 millions de dollars) pour sa contribution aux trois premiers mois de déploiement.
Les forces de la SAMIM possèdent environ le tiers des effectifs de 2.916 soldats que la mission avait initialement prévus, et des rapports indiquent qu’elle dispose seulement de deux hélicoptères de transport pour amener les troupes sur le terrain des combats et les en retirer.
Au lieu des près de 1.500 personnes promises, l’Afrique du Sud a déployé seulement 300 soldats des forces spéciales.
Bien que l’on anticipe que des fantassins renforcent la SAMIM au cours des prochains mois, les experts sud-africains avertissent que de tels déploiements ne sont pas garantis, à cause des contraintes financières et logistiques.
Jusqu’à présent, la SAMIM a été financée par les états membres de la CDAA, mais on signale que le block régional s’est adressé aux organismes internationaux pour un soutien financier.
Le Rwanda a aussi joué un rôle majeur et a sollicité un financement auprès de l’Union européenne pour soutenir ses efforts. Des rapports provenant du Cabo Delgado indiquent que 2.000 à 3.000 soldats rwandais se concentrent sur la côte et assurent tout spécialement la sécurité des réserves de gaz naturel du Mozambique près de la municipalité de Palma.
Selon le rapport du 17 au 23 janvier de Cabo Ligado, observatoire des conflits, « au moment où les insurgés refusent effectivement d’engager les forces rwandaises le long de ce corridor, le conflit devient de plus en plus une lutte tripartite, avec les insurgés d’un côté et les forces mozambicaines et celles de la SAMIM de l’autre ».
Du fait de la nature fracturée de l’approche actuelle au Mozambique et du besoin manifeste d’un financement international, les observateurs se demandent si la CDAA pourra maintenir son déploiement de soldats à long terme.
Selon les Nations unies, 97 de ses 393 activités humanitaires dans le pays sont entreprises au Cabo Delgado. De 1995 à 2015, l’ONU avait créé un partenariat avec l’Union africaine pour réduire le pourcentage de Mozambicains sujets à l’insécurité alimentaire, de 61 à 24 %.
Avec des antécédents d’opérations conjointes de maintien de la paix sur le continent, l’ONU et l’UA pourraient-elles jouer un rôle pour appuyer les opérations dans le Nord du Mozambique ?
Le Dr Louw-Vaudran écrit sur le site web de son organisation : « La Force africaine en attente (FAA) de l’UA est coordonnée à partir d’Addis-Abeba [Éthiopie] et, logiquement, les forces régionales en attente devraient compter sur le soutien et le pouvoir de mobilisation de la Commission de l’UA. Toutefois, des questions se posent depuis quelque temps sur le rôle de la FAA pour gérer des situations complexes qui changent rapidement. »
« Les responsables de l’UA font de plus en plus appel à une assistance ponctuelle des pays africains pour résoudre les crises du continent, en particulier l’extrémisme violent, comme c’est le cas au Mozambique. »
Bien que le format futur d’une mission régionale soit incertain, la volonté politique pour une telle mission reste en place, comme le démontre les remarques récentes du président Lazarus Chakwera du Malawi, qui préside aussi à la CDAA.
« Ce qu’il nous reste à faire maintenant, c’est de maintenir le cap et rester unis », a-t-il déclaré lors de l’ouverture de la conférence au sommet de la CDAA le 12 janvier. « Nous ne pouvons pas renoncer. Nous ne pouvons pas reculer. Nous ne pouvons pas battre en retraite. »
« Notre approche face à cette mission doit continuer à être multidimensionnelle et globale. Elle doit non seulement se focaliser sur la neutralisation de la menace, mais aussi sur des plans de reconstruction post-conflit. »
Comments are closed.