Africa Defense Forum

Le Mozambique souhaite échapper à la violence extrémiste

PERSONNEL D’ADF

Les résidents terrifiés de Mocímboa da Praia, petite ville de la province de Cabo Delgado au Mozambique, se sont enfuis à la fin juin pendant les affrontements constants entre les militants et les Forces de défense et de sécurité (FDS) du pays.

Après la fin de la violence, beaucoup de personnes sont portées disparues et on craint que plusieurs aient trouvé la mort. Bien que les FDS aient repris le contrôle de la ville, les attaquants sont toujours aux alentours.

« C’est vers 17 heures que les attaquants sont arrivés et ont commencé à brûler les maisons. J’ai couru avec ma femme et ils ont tiré sur elle ; ils l’ont tuée devant moi », a déclaré Jaime Momade, villageois déplacé, à Al-Jazeera. « J’ai réussi à m’échapper. Ils sont venus avec leurs fusils et leurs machettes, et ils ont commencé à mettre le feu aux maisons. »

La violence extrémiste augmente dans la province, qui possède d’importants gisements sous-marins de gaz naturel. Depuis 2017, les groupes extrémistes ont massacré plus de 1.100 personnes, y compris 700 civils, et plus de 200.000 ont été déplacées. Les extrémistes appartenant à plusieurs groupes ont attaqué les forces de sécurité, détruit l’infrastructure et volé des armes et des véhicules.

L’attaque de juin a laissé Mocímboa da Praia sans électricité, sans eau et sans service téléphonique. Il est probable que la ville a été choisie parce qu’elle possède un port, un aérodrome et une route principale qui la relie à la capitale provinciale, ce qui facilite le transport des armes et l’exportation des biens illicites des insurgés.

« La situation est sérieuse ; il y a beaucoup de destruction et il est difficile de savoir ce qui n’a pas été affecté », a déclaré un gérant d’hôtel à l’agence de presse Lusa.

Bien que l’État islamique ait revendiqué la responsabilité des attaques de Mocímboa da Praia en mars, l’identité du groupe extrémiste responsable pour la plus récente violence est incertaine. Le groupe extrémiste al-Shebab, les insurgés du Kenya et de la Tanzanie, ainsi que le groupe local appelé Ahlu Sunnah wa-Jama, ont tous pris d’assaut la région. Les liens entre ces groupes sont incertains, mais leur vocation sanguinaire ne fait pas de doute : ils sont bien connus pour enlever leurs victimes et les décapiter.

Les liens entre Ahlu Sunnah wa-Jama et l’État islamique pourraient se renforcer, selon un rapport publié le 6 juillet 2020 par Babel Street, société d’analyse de données.

Un reportage de Defense One indique que les tactiques récentes du groupe terroriste suggèrent une relation croissante avec l’État islamique et d’autres extrémistes. Le rapport de Babel Street précise que ces tactiques incluent « le lancement de petits drones aux fins de reconnaissance des positions, l’exhibition de drapeaux de l’État islamique pendant les attaques, la décapitation des victimes et l’enlèvement des jeunes filles, en suivant l’exemple de Boko Haram au Nigeria ».

L’attaque récente la plus meurtrière s’est produite dans le village de Xitaxi : 52 jeunes gens ont été massacrés parce qu’ils refusaient de se joindre à un groupe d’insurgés qui avait attaqué des cibles civiles et militaires. Le porte-parole des FDS Orlando Mudumane a déclaré que ces jeunes gens ont été tués « cruellement et diaboliquement ».

« Les FDS ont intensifié leurs opérations contre les insurgés, dans le but de les neutraliser et de les tenir responsables pour les actes criminels odieux qu’ils ont commis dans cette région du pays », a déclaré M. Mudumane dans un article de clubofmozambique.com. Le groupe auquel ces insurgés appartiennent demeure incertain.

Puisque le Mozambique a des frontières communes avec six autres pays (l’Afrique du Sud, l’Eswatini, le Malawi, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe), on craint que la violence ne se propage dans toute la région. La Communauté de développement d’Afrique australe (CDAA) a été sollicitée pour agir contre le terrorisme, sans résultat. L’objectif de la CDAA consiste à développer la coopération socioéconomique, politique et sécuritaire entre ses 16 pays membres.

Le président Filipe Jacinto Nyusi du Mozambique a demandé une assistance auprès de ses homologues africains, mais ses appels suscitent en général le silence. Seule la Tanzanie a répondu à la demande d’aide du président Nyusi et a envoyé des soldats à la frontière commune entre les deux pays pour renforcer la sécurité.

Certains déclarent que les leaders régionaux pourraient se tourner vers l’Afrique de l’Ouest pour des conseils sur la formulation d’une réponse aux terroristes. Dans la région du Sahel, les forces militaires du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad ont fait front commun, avec plus de 5.000 soldats français, sous un commandement unique pour combattre le terrorisme et le crime organisé.

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